Ionut Teianu a suivi pendant un an le quotidien de huit patients, de générations différentes, en attente de greffe. Il nous fait prendre conscience que la vie ne tient qu’à un fil.
"FRANCE SOIR. Comment avez-vous choisi les huit familles que vous avez suivies pendant un an ?
IONUT TEIANU. J’ai voulu trouver des familles assez solides pour se regarder à la télévision après le tournage. Et puis je me suis rendu compte qu’en fonction de l’âge les problématiques étaient différentes. La maladie n’est pas appréhendée non plus de la même façon par une femme de 37 ans qui espère pouvoir fonder une famille, un homme de 42 ans ou un étudiant de 23..."
"Où ces personnes trouvent-elles leur force ?
Dans le désir de vivre plus longtemps mais aussi dans la volonté de mener à terme leurs projets. Certaines de ces personnes veulent construire une famille, d’autres veulent simplement grandir...
Comment s’est déroulé le tournage ? Ne vous-êtes vous pas laissé gagner par le voyeurisme ?
Ça dépend de ce que l’on entend par 'voyeurisme'. Le but était de montrer le quotidien de ces familles pendant la période d’attente de leur greffe, période longue et douloureuse, et de montrer comment elles réapprennent ensuite à vivre. Je les ai suivies dans des moments très intimes de leur vie.
Les malades se confient-ils facilement ?
Oui. En fait, ils ont tous accepté de participer à l’émission pour une seule et même raison : parler du don d’organes et décider les gens à en parler. Aujourd’hui les médecins se retrouvent avec plein de donneurs potentiels, mais sans consentement de la part des familles on ne peut rien faire...
Parlent-ils souvent de leur maladie au quotidien avec leur entourage ?
C’est un sujet de discussion comme un autre. Lorsqu’ils ont la chance d’avoir une famille, ils savent qu’ils peuvent s’appuyer sur elle. Mais la maladie isole beaucoup et les patients passent la plupart de leur temps à l’hôpital... Certains arrivent à faire d’autres choses à côté. Un des malades de 23 ans continue ses études puisqu’il est en école d’ingénieur.
Comment appréhendent-ils la maladie ?
Ils l’acceptent car ils n’ont pas le choix. Les enfants m’impressionnent beaucoup, ils ont énormément de courage.
Qu’avez-vous appris à leur contact ?
Ça donne un éclairage sur la vie. Toutes ces familles se sont accrochées à l’espoir qu’un jour ça ira mieux. La période de l’attente de greffe est vraiment quelque chose de terrible, c’est comme au loto, le numéro sort ou ne sort pas...
L’issue est-elle toujours heureuse ?
La vie n’est pas toujours heureuse... Sur les huit personnes, cinq ont été greffées, deux attendent toujours et une personne est décédée. Aujourd’hui encore, je reste en contact régulier avec ces familles. Je les vois très souvent. D’ailleurs, une des personnes qui étaient toujours en attente de greffe après le tournage a été opérée dimanche dernier."
Source :
Edition France Soir du mercredi 23 janvier 2008 n°19702 page 18
Propos recueillis par Ingrid Bernard
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