L'Agence de la biomédecine (ABM) a publié son rapport d'activité pour l'année 2007.
En ce qui concerne l'activité des transplantations d'organes :
Nombre de malades en attente de greffe en 2007 (total) : 13.081
Malades greffés en 2007 : 4.666
Malades décédés en attente de greffe en 2007 : 360.
==> Bilan ABM 2007 (PDF, 4 Mo) : télécharger.
Source :
http://www.genethique.org/revues/revues/2008/aout/Bilan_général_Agence_bio_2007.pdf
Merci de ne PAS poster de messages concernant la vente d'un organe et comportant des coordonnées téléphoniques, e-mail, etc. La loi française interdit la vente d'organes.
"Notre défi : faire pousser des organes dans le corps"
La société européenne pour les organes artificiels tient son congrès annuel la semaine prochaine à Genève. Comment demain le corps sera-t-il réparé ?
Le cœur. "La solution d’avenir se trouve dans le bioartificiel, l’ingénierie en biologie médicale"
"Les besoins sont énormes. L'offre est limitée et nettement insuffisante. Il ne s'agit pas de pétrole, mais d'organes. Des reins, coeurs, pancréas, poumons, foies, des vaisseaux en tout genre, de la peau. Les accidents de la vie les endommagent, la médecine essaie de les remplacer. Tant bien que mal. Si aucune solution satisfaisante n'existe encore aujourd'hui - transplantation ou organes artificiels externes -, la recherche est en marche. La semaine prochaine, plus de 600 experts mondiaux se réuniront à Genève pour le 35è Congrès annuel de la Société européenne des organes artificiels."
"'Au départ il s'agit d'un support mécanique qui remplace l'organe ne pouvant plus remplir sa fonction. Ce peut être la prothèse de hanche ou un pacemaker qui donne des impulsions au coeur défaillant. Typiquement, c'est la dialyse, une machine qui fait le travail des reins', explique le président de la Société européenne d'organes artificiels, Beat Walpoth, médecin adjoint agrégé au service de chirurgie cardiovasculaire des Hôpitaux universitaires de Genève. 'A l'heure actuelle, ces machines ont une fonction temporaire, dans de rares cas permanente, assurant la survie du patient dans l'attente d'une transplantation', précise le médecin.
Le mot est lâché. Transplantation. Aujourd'hui elle constitue la meilleure option, bien que non dénuée de contraintes, pour remplacer un organe malade. 'Le problème c'est que pour les 50 000 organes transplantés par an dans le monde, les besoins sont dix fois supérieurs', déplore Beat Walpoth.
La médecine cherche donc autre chose, moins encombrante et temporaire que la béquille et plus disponible que le résultat d'un don. 'La solution d'avenir se trouve dans le bioartificiel ou l'ingénierie en biologie médicale', assure le praticien.
Concrètement, il s'agit de fabriquer une matrice - qui a la forme d'un coeur par exemple - dans un matériau biodégradable, de le remplir de cellules souches ou spécifiques et enfin de les nourrir avec des facteurs de croissance, c'est-à-dire des stimulants pour que les cellules puissent se développer dans le sens que l'on souhaite. Reste à implanter le tout dans le corps du patient, qui jouera un rôle idéal de bio réacteur pour l'obtention d'un organe régénéré.
Médecine régénérative
Cela paraît très simple sur le papier. Le problème fondamental est que l'humain, d'autant plus à l'âge adulte, n'est pas un être qui se régénère facilement. Le foie est un des rares organes qui peut le faire partiellement, par exemple. 'Les obstacles sont encore nombreux, admet le scientifique, mais nous travaillons dans cette direction et nous avons déjà obtenu des résultats intéressants.' Ainsi, à Genève, nous sommes capables de remplacer de cette manière l'artère aorte chez l'animal. 'Un an après, on ne voit plus trace du matériel synthétique et l'artère fonctionne parfaitement.'
'Aujourd'hui, plus d'un million de patients dans le monde ont déjà reçu un organe bioartificiel', ajoute Beat Walpoth. Il s'agit essentiellement de peau, un domaine où le CHUV est à la pointe, qui donne pour l'heure les meilleurs résultats.
Reste à savoir dans combien de temps ces technologies seront applicables et surtout pour qui ? Même sans chercher à combattre le vieillissement, mais dans une Europe vieillissante, cette médecine visant la survie et l'amélioration de la qualité de vie, a son prix. Les perspectives du marché des organes bioartificiels sont évaluées à 500 milliards de francs."
Source :
http://www.tdg.ch
Sommet mondial d'éthique à Paris, les 1er et 02/09/08
"L'éthique, outil d'une belle mondialisation: En 1996, le premier sommet mondial de San Francisco réunissait les commissions nationales de bioéthique. Après Tokyo, Londres, Brasilia, Canberra et Pékin, c'est au tour de Paris de rassembler les représentants des comités nationaux d'éthique, les 1er et 2 septembre. Pour Alain Grimfeld, président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), l'éthique peut être un moyen d'arriver à une 'belle' mondialisation.
Source :
http://www.quotimed.com
The Global Summit of National Bioethics Advisory Bodies
The Ethics and Health Team at WHO provides the permanent secretariat for the Global Summit. Any government or national commission wishing to attend the next Global Summit, or to be added to the list of organizations maintained by the secretariat, should please contact WHO/IER/ETH at ethics@who.int
The seventh meeting of the Global Summit of National Bioethics Advisory Bodies is scheduled to take place in the French capital, Paris, on 1-2 September 2008. The Global Summit will be held back to back with the Ninth World Congress of Bioethics (Croatia, 3-8 September 2008). For more information regarding the next Global Summit meeting, please contact the local organizing committee: French National Ethics Advisory Committee for the Life Sciences and Health - 7, rue Saint-Georges - 75009 Paris - France - Phone : 33 01 53 86 11 49/52 - Fax : 33 01 53 86 11 40http://www.comite-ethique.fr/contact.php
Source:
http://www.ccne-ethique.fr
"Les freins à l'utilisation des cellules souches disparaissent peu à peu"
"L'été 2008 aura été marqué par une série de publications scientifiques, souvent spectaculaires, soulignant une maîtrise croissante dans l'obtention et la culture des cellules souches humaines. Est-ce à dire que le moment est proche où ces cellules régénératrices permettront de soigner des maladies aujourd'hui incurables ?"
"'On oublie souvent que les cellules souches adultes sont déjà utilisées en pratique depuis trente ans avec les greffes de moelle, dans le domaine des leucémies et des aplasies', rappelle Hervé Chneiweiss, directeur du laboratoire Plasticité gliale (Inserm-hôpitaux Sainte-Anne et Broca, Paris) et rédacteur en chef de Médecine/Sciences. 'Aujourd'hui, les essais cliniques menés avec des cellules souches adultes progénitrices musculaires commencent à donner des résultats prometteurs dans le traitement de l'incontinence urinaire et de l'insuffisance cardiaque. Mais nous sommes confrontés aux problèmes de l'accessibilité aux autres cellules souches adultes et à la difficulté de les amplifier, ce qui limite les perspectives de leur utilisation.'
D'où l'idée de se tourner vers les cellules souches embryonnaires. Dans leur cas, un premier obstacle a été franchi : on sait désormais les cultiver sans avoir recours à des cellules ou à des sérums d'origine animale, éléments qui interdisaient de pouvoir les utiliser chez l'homme. 'Nous sommes pour l'heure confrontés à deux types de difficultés', résume Hervé Chneiweiss. 'La première est celle de la tolérance immunitaire de ces cellules par l'organisme receveur. La seconde est la maîtrise de la différenciation de ces cellules vers un type de cellules spécialisées et la stabilité in vivo des caractéristiques obtenues. Il ne faut pas que ces cellules meurent, se transforment ou provoquent une tumeur. Nous en sommes au stade de savoir quels seront les meilleurs modèles animaux sur lesquels tester ces critères en dehors de la boîte de culture. La question est aussi posée, pour différentes raisons méthodologiques, d'un passage direct à des essais chez l'homme.'
MODÈLES IN VITRO
Il faut aussi compter depuis peu avec les vertus des cellules souches dites 'pluripodentes induites' (iPS) qui sont obtenues à partir de simples cellules de peau reprogrammées avec plusieurs gènes étrangers. 'C'est la mise au point de cette technique qui explique la toute récente multiplication des publications dans ce domaine', observe Marc Peschanski (Istem, Généthon), qui dirige une des plus importantes équipes françaises investies dans ce domaine. 'Tous les laboratoires spécialisés ont choisi de développer cette technique récemment mise au point par Shinya Yamanaka (université de Kyoto). Ce procédé, qui est breveté, est étonnamment simple à mettre en oeuvre.'
On estimait généralement que ces cellules souches induites étaient incompatibles avec un usage thérapeutique, du fait notamment des risques cancérigènes liés aux gènes utilisés pour les créer. Or, pour Marc Peschanski, tout laisse aujourd'hui penser que cet obstacle pourrait être bientôt dépassé. 'De très nombreuses recherches sont en cours, visant notamment à remplacer ces gènes par les protéines auxquelles ils correspondent, et qui permettraient de produire les mêmes effets sans en présenter les inconvénients, explique-t-il. En toute hypothèse, la production de cellules iPS permet déjà d'envisager de multiples applications très concrètes.'
Il s'agira, notamment, de mettre au point, in vitro, des modèles cellulaires et tissulaires, normaux ou pathologiques, offrant de nouvelles possibilités de recherche médicale et pharmacologique. Ces cellules iPS pourront aussi aider à bâtir des protocoles d'évaluation du risque toxicologique de médicaments comme de produits cosmétiques.
A terme, la question se posera de l'usage qui pourra en être fait dans le cadre de la médecine régénératrice et donc de savoir si les iPS présentent ou non plus d'avantages que les cellules embryonnaires humaines."
Source :
Le Monde
Article de Jean-Yves Nau
"'On oublie souvent que les cellules souches adultes sont déjà utilisées en pratique depuis trente ans avec les greffes de moelle, dans le domaine des leucémies et des aplasies', rappelle Hervé Chneiweiss, directeur du laboratoire Plasticité gliale (Inserm-hôpitaux Sainte-Anne et Broca, Paris) et rédacteur en chef de Médecine/Sciences. 'Aujourd'hui, les essais cliniques menés avec des cellules souches adultes progénitrices musculaires commencent à donner des résultats prometteurs dans le traitement de l'incontinence urinaire et de l'insuffisance cardiaque. Mais nous sommes confrontés aux problèmes de l'accessibilité aux autres cellules souches adultes et à la difficulté de les amplifier, ce qui limite les perspectives de leur utilisation.'
D'où l'idée de se tourner vers les cellules souches embryonnaires. Dans leur cas, un premier obstacle a été franchi : on sait désormais les cultiver sans avoir recours à des cellules ou à des sérums d'origine animale, éléments qui interdisaient de pouvoir les utiliser chez l'homme. 'Nous sommes pour l'heure confrontés à deux types de difficultés', résume Hervé Chneiweiss. 'La première est celle de la tolérance immunitaire de ces cellules par l'organisme receveur. La seconde est la maîtrise de la différenciation de ces cellules vers un type de cellules spécialisées et la stabilité in vivo des caractéristiques obtenues. Il ne faut pas que ces cellules meurent, se transforment ou provoquent une tumeur. Nous en sommes au stade de savoir quels seront les meilleurs modèles animaux sur lesquels tester ces critères en dehors de la boîte de culture. La question est aussi posée, pour différentes raisons méthodologiques, d'un passage direct à des essais chez l'homme.'
MODÈLES IN VITRO
Il faut aussi compter depuis peu avec les vertus des cellules souches dites 'pluripodentes induites' (iPS) qui sont obtenues à partir de simples cellules de peau reprogrammées avec plusieurs gènes étrangers. 'C'est la mise au point de cette technique qui explique la toute récente multiplication des publications dans ce domaine', observe Marc Peschanski (Istem, Généthon), qui dirige une des plus importantes équipes françaises investies dans ce domaine. 'Tous les laboratoires spécialisés ont choisi de développer cette technique récemment mise au point par Shinya Yamanaka (université de Kyoto). Ce procédé, qui est breveté, est étonnamment simple à mettre en oeuvre.'
On estimait généralement que ces cellules souches induites étaient incompatibles avec un usage thérapeutique, du fait notamment des risques cancérigènes liés aux gènes utilisés pour les créer. Or, pour Marc Peschanski, tout laisse aujourd'hui penser que cet obstacle pourrait être bientôt dépassé. 'De très nombreuses recherches sont en cours, visant notamment à remplacer ces gènes par les protéines auxquelles ils correspondent, et qui permettraient de produire les mêmes effets sans en présenter les inconvénients, explique-t-il. En toute hypothèse, la production de cellules iPS permet déjà d'envisager de multiples applications très concrètes.'
Il s'agira, notamment, de mettre au point, in vitro, des modèles cellulaires et tissulaires, normaux ou pathologiques, offrant de nouvelles possibilités de recherche médicale et pharmacologique. Ces cellules iPS pourront aussi aider à bâtir des protocoles d'évaluation du risque toxicologique de médicaments comme de produits cosmétiques.
A terme, la question se posera de l'usage qui pourra en être fait dans le cadre de la médecine régénératrice et donc de savoir si les iPS présentent ou non plus d'avantages que les cellules embryonnaires humaines."
Source :
Le Monde
Article de Jean-Yves Nau
N° AZUR national FIN DE VIE
0 811 020 300
Ce numéro d'appel gratuit a été mis en place suite à la loi Léonetti d'avril 2005, qui est une loi sur les droits des malades en fin de vie. Ce numéro azur offre à des personnes confrontées à des problématiques de fin de vie écoute, conseils et expertise : des experts ont en effet été formés à prendre les appels arrivant sur ce numéro.
"Des cellules souches superstars"
"A la une du Quotidien du Médecin du 28/08/2008 : "Des cellules souches superstars": Moins d'un an après l'obtention de la première lignée humaine de cellules souches pluripotentes induites (SPi), les publications pleuvent. Ont été obtenues 21 lignées associées à 11 maladies humaines : SLA, diabète de type 1, Parkinson, Huntington, trisomie 21, immunodéficience combinée sévère, syndrome de Lesch-Nylhan, maladie de Gaucher, syndrome de Shwachman-Bodian-Diamond, dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker. Une équipe d'Harvard, qui a obtenu à elle seule 20 de ces lignées (10 maladies), constitue une banque d'accès libre et gratuite."
Déjà 21 lignées associées à des maladies humaines
"Harvard place ses cellules souches pluripotentes induites en banque"
"La méthode aura émergé à une vitesse fulgurante : moins d'un an après l'obtention de la première lignée humaine de cellules souches pluripotentes induites, ces cellules semblables aux cellules embryonnaires, les publications pleuvent et il faut déjà songer à leur créer une banque de stockage spécifique."
[NB : les cellules souches pluripotentes induites sont des cellules souches obtenues à partir de cellules adultes, et non à partir de cellules de l'embryon, ce qui peut poser des problèmes d'éthique. Les cellules souches adultes ne posent, quant à elles, pas de problèmes d'éthique, tout en ayant les mêmes propriétés que les cellules souches embryonnaires, ndlr.].
"James Thomson a dirigé l'équipe qui a délivré la première lignée de cellules SE humaines, et l'une des deux premières lignées de cellules SPi humaines (UW Madison university communications).(...)
Aujourd'hui, l'institut de recherche sur les cellules souches de l'université d'Harvard vient d'annoncer la création d'un nouveau laboratoire qui leur sera dédié : en l'espace de quelques mois, les cellules souches pluripotentes induites sont devenues les nouvelles stars de la recherche biomédicale.
Tout a démarré en 2006 lorsque Yamanaka a découvert qu'il suffisait d'introduire quatre gènes dans des cellules cutanées de souris pour obtenir leur 'reprogrammation' en cellules semblables à des cellules souches embryonnaires (SE). Les cellules souches pluripotentes induites (SPi, ou iPS pour 'induced pluripotent stem cells') sont en effet capables de se multiplier à l'infini et se différencier en n'importe quel type de cellules de l'organisme, comme les cellules souches de l'embryon. Elles présentent en outre un gros intérêt : alors que la production des cellules SE nécessite un embryon, une simple biopsie cutanée suffit à celle des cellules SPi.
Dès lors, nul n'a besoin d'être expert pour entrevoir les immenses possibilités offertes par ces nouvelles cellules pluripotentes, tant du point de vue du chercheur qui s'intéresse au développement normal et pathologique, que de celui du laboratoire pharmaceutique en quête de modèles cellulaires facilitant le criblage des chimiothèques, ou encore de celui du patient atteint d'une maladie dégénérative.
Mais pour que le développement de toutes ses applications devienne envisageable, la fabuleuse découverte du chercheur japonais devait d'abord être adaptée aux cellules humaines. Sachant que 17 années de labeur se sont écoulées entre l'obtention de la première lignée de cellules SE murines et celle de la première lignée de leur équivalent humain, le défi n'était pas gagné d'avance.
Pourtant, il aura fallu seulement quinze mois pour adapter la méthode et obtenir les deux premières lignées de cellules SPi humaines (voir chronologie).
Les deux protocoles publiés fin novembre 2007 par les équipes de Yamanaka et de Thomson sont robustes et ont pu être reproduits par de nombreuses équipes indépendantes. Ils présentent toutefois des particularités qui rendent les cellules iPS actuelles totalement inutilisables en clinique (voir encadré). Ils permettent cependant déjà de produire des lignées extrêmement utiles à la recherche, en particulier à l'étude des maladies génétiques.
L'étude des maladies génétiques.
Car si les scientifiques impliqués dans ce nouveau champ de recherche se sont tout d'abord cantonnés à générer des lignées de cellules saines, les premières cellules SPi associées à des pathologies humaines ont été produites pendant l'été : la toute première de ces lignées a été dérivée par Eggan et ses collaborateurs des universités d'Harvard et de Columbia*. Les chercheurs ont utilisé des fibroblastes cutanés prélevés sur une femme de 82 ans, atteinte d'une forme familiale de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Des fibroblastes de la patiente ont été reprogrammés en cellules SPi, qui ont elles-mêmes été différenciées en motoneurones. Il résulte de cette expérience une lignée de motoneurones qui possède a priori toutes les caractéristiques génétiques de ceux dégénérant dans l'organisme de la patiente de départ. L'étude de ces cellules devrait permettre d'acquérir de nouvelles connaissances sur la pathogenèse de la SLA et, pourquoi pas, faciliter la mise au point de traitements pharmacologiques visant à prévenir ou à guérir la maladie.
Une semaine plus tard, c'était au tour d'une autre équipe d'Harvard, dirigée par Daley, d'annoncer l'obtention de vingt nouvelles lignées de cellules SPi, associée à dix pathologies humaines (maladie de Parkinson, diabète de type 1, maladie de Huntington, trisomie 21, immunodéficience sévère combinée, syndrome de Lesch-Nylan, maladie de Gaucher, syndrome de Shwachman-Bodian-Diamond, dystrophie musculaire de Duchenne et de Becker)**.
Cette rafale de publications est sans aucun doute à l'origine de la création du 'iPS Core' de l'institut de recherche sur les cellules souches d'Harvard. Le laboratoire sera non seulement un lieu de stockage des lignées produites par les chercheurs 'maison', mais il sera aussi un laboratoire capable de produire des lignées spécifiques pour les scientifiques du monde entier.
Accès libre et gratuit.
Les chercheurs d'Havard sont en effet tombés d'accord sur le principe de laisser un accès libre et gratuit à leur banque de cellules SPi.
'Notre travail n'est que le début d'une entreprise qui permettra d'étudier des milliers de maladies dans des boîtes de Petri. Nous souhaitons produire un grand nombre de lignées modélisant des maladies humaines pour nous, nos collaborateurs et le reste de la communauté scientifique afin d'accélérer les recherches', a déclaré Daley lors de l'annonce de la création de l'iPS Core. Une bonne nouvelle pour tous les scientifiques empêtrés dans les difficultés engendrées par les brevets et les réglementations encadrant les cellules SE."
Article d'ELODIE BIET
* Dimos et coll. 'Science', édition en ligne avancée du 31 juillet 2008.
** Park et coll., 'Cell', édition en ligne avancée du 6 août 2008.
Chronologie
"10 août 2006 : obtention de la première lignée de cellules SPi de souris par insertion de 4 gènes, dont l'oncogène c-Myc (équipe de Yamanaka).
20 novembre 2007 : obtention de la première lignée de cellules SPi humaines par insertion de 4 gènes, dont l'oncogène c-Myc (équipes de Thomson et de Yamanaka).
30 novembre 2007 : obtention de la première lignée de cellules SPi humaines par insertion de 3 gènes, sans l'oncogène c-Myc (équipe de Yamanaka).
6 décembre 2007 : des souris atteintes de drépanocytose sont traitées avec succès par une greffe de cellules SPi différenciées en cellules hématopoïétiques (équipe de Jaenisch).
7 avril 2008 : des souris modélisant la maladie de Parkinson voient leur état s'améliorer à la suite d'une greffe de cellules SPi différenciées en neurones à dopamine (équipe de Jaenisch).
29 juin 2008 : obtention de cellules SPi de souris à partir de cellules souches adultes neurales reprogrammées en introduisant seulement 2 gènes (équipe de Schöler).
31 juillet 2008 : obtention de la première lignée de cellules SPi humaines dérivées à partir de cellules de malade (une patiente atteinte de SLA), obtention de motoneurones à partir de cette lignée (équipe d'Eggan).
6 août 2008 : obtention de vingt lignées de cellules SPi humaines associées à dix maladies différentes (équipe de Daley).
22 août 2008 : obtention d'une lignée de cellules SPi humaines à partir d'une dent de sagesse extraite à une fillette de 10 ans (équipe d'Ogushi).
Vers une reprogrammation 'propre'
'Prometteuses' est l'adjectif consacré. Les cellules souches pluripotentes induites (SPi) ont un grand nombre de qualités qui pourraient faire d'elles des cellules idéales pour la médecine régénérative. Contrairement aux cellules souches embryonnaires (SE), elles semblent relativement faciles à obtenir, leur production ne nécessite pas l'utilisation d'ovocytes ou la destruction d'embryons, et elles peuvent être dérivées à partir des cellules du patient afin d'éviter tout risque de rejet. Un gros défaut s'oppose cependant encore à leur utilisation en clinique.
Les protocoles actuels de reprogrammation de cellules somatiques différenciées en cellules SPi se fondent sur l'introduction de copies supplémentaires de gènes fortement exprimés dans les cellules SE. L'introduction de ces gènes est réalisée à l'aide de vecteurs rétroviraux qui s'insèrent au hasard dans le génome.
Il est bien évidemment hors de question de traiter des patients avec des cellules ainsi bricolées. L'idéal serait de parvenir à induire la reprogrammation sans modifier le génome des cellules, en obtenant une surexpression transitoire des gènes nécessaires, cela à l'aide de peptides ou de molécules chimiques.
La communauté scientifique est plutôt optimiste quant à la résolution de ce problème. En l'espace de quelques mois, le nombre de gènes à introduire dans les cellules à reprogrammer est en effet passé de quatre à trois, voire à deux, si on utilise des cellules souches adultes neurales à la place des fibroblastes cutanés.
Une fois cette limite technique dépassée, il faudra encore s'assurer de la stabilité génétique des lignées produites et de l'absence de risque de formation de tératomes ou de tératocarcinomes lorsqu'elles sont réinjectées, après différenciation, dans l'organisme d'un patient."
Source :
Le Quotidien du Médecin du : 28/08/2008
"New practices in organ donation inspire debate"
"New practices in organ donation inspire debate: Harvesting begins just minutes after heart stops beating", Rob Stein, Washington Post and San Francisco Chronicle.
[NB: Cet article a été publié le 19/03/2007 dans les deux journaux américains cités. Voir sur le même sujet un article du "New England Journal of Medicine" (NEJM) du 14/08/2008 : lire.]
"The number of kidneys, livers and other body parts surgeons are harvesting through a controversial approach to organ donation has started to rise rapidly, a trend that is saving the lives of more waiting patients but, some say, risks sacrificing the interests of the donors."
"Under the procedure, surgeons remove organs within minutes after the heart stops beating and doctors declare a patient dead. Since the 1970s, most organs have been removed only after doctors declared a patient brain dead.
Federal health officials, transplant surgeons and organ banks are promoting the alternative as a way to meet the increasing demand for organs and to give more dying patients and their families the solace of helping others.
Some doctors and bioethicists, however, say the practice raises the disturbing specter of transplant surgeons preying on dying patients for their organs, possibly pressuring doctors and families to end treatment, harming donors' care in their final days and even hastening their deaths.
Nevertheless, the number of these donations is increasing. It more than doubled from 268 in 2003 to at least 605 in 2006, enabling surgeons to transplant more than 1,200 additional kidneys, livers, lungs, hearts and other organs.
'It's starting to go up exponentially,' said James Burdick, who leads organ-donor efforts at the federal Department of Health and Human Services.
The trend is expected to accelerate this year. For the first time, the United Network for Organ Sharing, which oversees organ procurement, and the Joint Commission on Accreditation of Health Care Organizations, which accredits hospitals, are requiring all hospitals to decide whether to allow the practice. In response, medical centers are scrambling to develop policies, sometimes sparking intense debate, especially at children's hospitals.
'It's an example of pushing the envelope to get more organs,' said Stuart Youngner, a bioethicist at Case Western Reserve University. 'Whenever we do that, we tend to step on various traditional social taboos.'
The approach, known as 'donation after cardiac death,' usually involves patients who have suffered brain damage, such as from a car accident or a stroke. After family members have made the difficult decision to discontinue a ventilator or other life-sustaining treatment, organ-bank representatives talk to them about donation.
Sometimes, the donor is suffering from an incurable disorder such as Lou Gehrig's disease and wants to donate his or her organs after deciding to forgo further care.
Once the decision has been made, a transplant team waits nearby so surgeons can begin removing organs soon after the heart stops. Because the heart can sometimes restart spontaneously, doctors wait a few minutes after pronouncing death before allowing the surgeons to begin. If the heart does not stop quickly, usually within an hour, the procedure is aborted and the patient is taken back to his or her room until death comes.
The practice was the norm before brain death became the standard for pronouncing death in the early 1970s and surgeons began keeping the donor's body functioning with life-support machinery until transplantation could begin. When surgeons resurrected what was then called 'non-beating heart' donation in the 1990s, critics called it ghoulish and said it raised a host of ethical questions. Some called it tantamount to murder.
The National Academy of Sciences' Institute of Medicine examined the practice, however, and concluded that it is ethical as long as strict guidelines are followed, including making sure that the decision to withdraw care is independent of the decision to donate organs and that surgeons wait at least five minutes after the heart stops.
'People are dying on the waiting list,' said Francis Delmonico, a transplant surgeon at Harvard Medical School, speaking on behalf of the United Network for Organ Sharing. More than 95,000 Americans are waiting for organs. 'This is vital as an untapped source of organ donors.'
While some doctors and ethicists who initially questioned the practice have become more comfortable with the procedure, others remain troubled.
'The image this creates is people hovering over the body trying to get organs any way they can,' said Michael Grodin, who directs Boston University's Bioethics and Human Rights Program. 'There's a kind of macabre flavor to it.'
Many experts remain concerned and worry that the practice blurs the definition of death.
'The person is not dead yet,' said Jerry Menikoff, an associate professor of law, ethics and medicine at the University of Kansas. 'They are going to be dead, but we should be honest and say that we're starting to remove the organs a few minutes before they meet the legal definition of death.'
In response to such concerns, most doctors wait five minutes after the heart stops before pronouncing patients dead. But doctors at some hospitals wait three minutes, others two. In Denver, surgeons at Children's Hospital wait 75 seconds before starting to remove hearts from infants, to maximize the chances that the organs will be usable."
Source:
http://www.sfgate.com
Nancy Reyes is the pen name of a retired physician living in the rural Philippines. On March 20, 2007, she wrote in reaction to this article:
How dead is dead?
"In the 'good old days', your heart stopped, and you were declared dead.
Then came machines to keep the lungs breathing, so the heart went on and on and on…but no one wanted to turn off the machine, so doctors devised a new criteria: Brain death. In Brain Death, you turn off the machine, and there is nothing moving, and so the heart quickly stops.
Brain death allowed doctors to take organs out of people while their hearts were still beating.
But then came a huge increase in the demand for organs.
So doctors tried to figure out how to get more organs to save these patients (and like most docs, I’ve had patients who were alive and well due to transplants, so support organ donation).
The latest 'twist' to get more organs is to take organs from those whose heart has stopped. Big deal, you say. Ah, but that’s the problem... it can be.
LINK
Well, the heart stops and you’re dead, right? But you might not be brain dead. Or you might be handicapped, and decide to remove unwanted treatment instead of burdening your family.
'After family members have made the difficult decision to discontinue a ventilator or other life-sustaining treatment, organ-bank representatives talk to them about donation.'
Other life sustaining treatment? Like a feeding tube? a cardiac pacemaker? IV feeding?
And are the family aware that often sedatives are given to a person needing a ventillator? The reason is so they don’t 'fight' the ventilator. And some people need pain medicine for other injuries. So if the family is told it is hopeless, and see an unconscious patient on a machine, are they making a flawed decision? And if the person is removed from the breathing machine, does the medicine contribute to his not breathing enough to keep his heart going?
Sometimes, the donor is suffering from an incurable disorder such as Lou Gehrig’s disease and wants to donate his or her organs after deciding to forgo further care.
Yes, let all these paralzed people know they can 'help' others by stopping all that care that costs a lot of money and burdens their family.
In the USA, a lot of the elderly are supposed to be independent, and would be ashamed to ask for help. Many of the 'assisted suicides' are requrested for this shame, not because the person is in pain.
And a person with Lou Gehrig’s disease is alert. So if you stop the breathing machine, either you allow them to suffocate –a horrible death– or give them a sedative so they aren’t aware of the fact. But again the sedative will cut any ability to breath. (breathing is not 'all or nothing'….that’s why the article mentions that if a person doesn’t die as expected within an hour, they are taken back to their room…
Once the decision has been made, a transplant team waits nearby so surgeons can begin removing organs soon after the heart stops. Because the heart can sometimes restart spontaneously, doctors wait a few minutes after pronouncing death before allowing the surgeons to begin. If the heart does not stop quickly, usually within an hour, the procedure is aborted and the patient is taken back to his or her room until death comes.
So how long do the docs wait?
most doctors wait five minutes after the heart stops before pronouncing patients dead. But doctors at some hospitals wait three minutes, others two. In Denver, surgeons at Children’s Hospital wait 75 seconds before starting to remove hearts from infants, to maximize the chances that the organs will be usable.
The series Law and Order is on our Asian cable, and they had a case where a surgeon 'hurried up' such a death... nah, it’s fiction... right?
Ah, but check this (...) article by medical ethicists Arthur Caplan and Michael Devita, discussing a case where a transplant surgeon was accused of prescribing drugs to haten the death so his organs could be tansplanted more quickly.
Caplan and Devita point out that most people support organ donation, but that a climate where jokes about taking your organs are heard on the radio, and where Law and Order has TV shows about similar cases, the fact that the story of a real live case could be devestating to the public’s trust of the organ donor system.
To make it worse, as these ethicists point out, the California Legislature is considering a law saying that the organ donor permission should outrank a person’s living will.
Why is this important? Well, some people want everything done for them, but don’t object to their organs being donated if they are truly dead. (Some Ethnic groups are especially paranoid about doing everything possible... with good reason. But that’s another story).
Now, how do you treat a dying patient? By the Hippocratic oath, doctors treat the patient in front of them to the best of their ability. Most doctors will do ordinary treatment, but when even the Pope acknowledges that some extraordinary treatments are optional, then what this means is that everyone –family, doctor, ethics committes, knowledgable neighbors, and patient’s previous wishes– try to find the best treatment that the patient would wish. And the 'living will' or other guidelines are usually what we follow.
But the California law mandates that the caretaking doctor take the state law on organ donation into account when treating a patient.
Usually there is a strict line between the caretaking doctors and the decision on how much to treat a person. Once the family decides to let the inevitable death happen, then you call in the transplant person to discuss it with the family. Without this strict division of labour, there is danger of a conflict of interest by the one helping make the decision (which is why paying families for their loved one’s organs would be a similar conflict of interest).
The ethicists ask the same thing:
'People have clear opinions on their end-of-life care, including preferences for advanced life support and palliative medications, but also, organ donation. When making organ donation consent at a motor vehicles licensing office in San Jose, Los Gatos or Hollister, people are not asked whether the organ donation should nullify their living will. To assume otherwise makes no sense.(...)
It is essential that the line between caring for the dying and obtaining organs for those in need remain sharp and bright. One of the biggest barriers to obtaining consent for organ donation in California and around the nation is the fear that the consent will lead doctors to make end-of-life decisions based on what is best for organs rather than patients'."
Source:
http://www.bloggernews.net/15382
La controverse des greffes à cœur arrêté
"Le 14 août dernier, dans le New England Journal of Medicine, l'équipe du Pr Mark Boucek (hôpital pour enfants de Denver, Colorado) a annoncé avoir pratiqué, entre mai 2004 et mai 2007, trois transplantations cardiaques sur des nouveaux nés à partir d'organes prélevés sur des nourrissons atteints de lésions cérébrales. Cet article a créé 'une vive émotion' dans la communauté des spécialistes, les greffes ayant été pratiquées 'dans des conditions qui ne respectent pas pleinement la définition de la mort'."
"Le diagnostic de la mort des enfants prélevés (âgés en moyenne de 3,7 jours) a été établi sur des critères d'arrêt de la circulation et des battements cardiaques et, alors que les recommandations officielles disent que ce diagnostic doit être posé au bout d'environ cinq minutes d'arrêt cardiaque, les chirurgiens ont réduit ce délai à 75 secondes. Par ailleurs, dans le but d'améliorer les chances de survie du greffon, les médecins ont injecté dans les veines du prélevé un cocktail d'anticoagulants et de médicaments vasodilatateurs, autant d'interventions qui ne lui bénéficient pas. Les chirurgiens avaient donc, au préalable, décidé d'interrompre les soins les plus lourds prodigués aux nourrissons prélevés, tout en programment le prélèvement du cœur.
Bien que le taux de survie à six mois soit de 100 pour cent (contre 84 pour cent avec la technique classique par mort cérébrale), ce bilan suscite de nombreuses interrogations. Le New England Journal of Medicine a choisi d'accompagner cette publication de trois analyses de spécialistes. Ainsi, le neurologue James Bernat (Darmouth Medical School, New Hampshire) se demande si le fait de pouvoir redémarrer un greffon cardiaque chez le receveur ne prouve pas que l'arrêt chez le donneur n'était pas irréversible. Pour l'éthicien Robert Veach (Georgetown University, Washington DC), 'il est acquis qu'en agissant de la sorte on interrompt une vie par prélèvement d'organe'.
Certains hôpitaux américains usent d'une autre méthode largement controversée selon laquelle, immédiatement après le diagnostic d'arrêt cardiaque, une machine miniaturisée de circulation extracorporelle est branchée sur des veines et artères du donneur, pompant et oxygénant ainsi le sang à la place du cœur et des poumons, ce qui permet de 'sauver' le futur greffon. Mais, cette nouvelle technique a pour corollaire de retarder la destruction du cerveau, critère pourtant impératif de la mort.
Pour le Dr Luc Noël, coordinateur de l'unité 'Procédures cliniques' à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 'il s'agit d'une affaire très importante' : 'modifier de la sorte les critères qui étaient jusqu'ici en vigueur pour autoriser des prélèvements d'organe peut avoir de graves conséquences dans l'opinion'... De nombreuses voix s'élèvent donc pour demander aux autorités de préciser où sont les frontières de l'acceptable en ce domaine.
Rappelons qu'en France, bien que la loi n'autorise en principe que les prélèvements sur des personnes en état de mort cérébrale, l'Agence de la biomédecine a lancé, en mars 2007, un programme de prélèvements 'à cœur arrêté' (cf. Synthèse de presse du 16/04/08). Mené sur dix sites, ce programme ne concerne pour le moment que les dons de reins."
[Pediatric heart transplantation after declaration of cardiocirculatory death - Boucek MM, Mashburn C, Dunn SM, Frizell R, Edwards L, Pietra B, Campbell D; Denver Children's Pediatric Heart Transplant Team]
Copyright genethique.org
"Chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse des articles de bioéthique parus dans la presse (...). Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction."
Le Monde (Jean-Yves Nau) 16/08/08 - Le Figaro (Jean-Michel Bader) 14/08/08 - MedHyg.ch (Jean-Yves Nau) 22/08/08 - Bio Edge 20/08/08
"Le diagnostic de la mort des enfants prélevés (âgés en moyenne de 3,7 jours) a été établi sur des critères d'arrêt de la circulation et des battements cardiaques et, alors que les recommandations officielles disent que ce diagnostic doit être posé au bout d'environ cinq minutes d'arrêt cardiaque, les chirurgiens ont réduit ce délai à 75 secondes. Par ailleurs, dans le but d'améliorer les chances de survie du greffon, les médecins ont injecté dans les veines du prélevé un cocktail d'anticoagulants et de médicaments vasodilatateurs, autant d'interventions qui ne lui bénéficient pas. Les chirurgiens avaient donc, au préalable, décidé d'interrompre les soins les plus lourds prodigués aux nourrissons prélevés, tout en programment le prélèvement du cœur.
Bien que le taux de survie à six mois soit de 100 pour cent (contre 84 pour cent avec la technique classique par mort cérébrale), ce bilan suscite de nombreuses interrogations. Le New England Journal of Medicine a choisi d'accompagner cette publication de trois analyses de spécialistes. Ainsi, le neurologue James Bernat (Darmouth Medical School, New Hampshire) se demande si le fait de pouvoir redémarrer un greffon cardiaque chez le receveur ne prouve pas que l'arrêt chez le donneur n'était pas irréversible. Pour l'éthicien Robert Veach (Georgetown University, Washington DC), 'il est acquis qu'en agissant de la sorte on interrompt une vie par prélèvement d'organe'.
Certains hôpitaux américains usent d'une autre méthode largement controversée selon laquelle, immédiatement après le diagnostic d'arrêt cardiaque, une machine miniaturisée de circulation extracorporelle est branchée sur des veines et artères du donneur, pompant et oxygénant ainsi le sang à la place du cœur et des poumons, ce qui permet de 'sauver' le futur greffon. Mais, cette nouvelle technique a pour corollaire de retarder la destruction du cerveau, critère pourtant impératif de la mort.
Pour le Dr Luc Noël, coordinateur de l'unité 'Procédures cliniques' à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 'il s'agit d'une affaire très importante' : 'modifier de la sorte les critères qui étaient jusqu'ici en vigueur pour autoriser des prélèvements d'organe peut avoir de graves conséquences dans l'opinion'... De nombreuses voix s'élèvent donc pour demander aux autorités de préciser où sont les frontières de l'acceptable en ce domaine.
Rappelons qu'en France, bien que la loi n'autorise en principe que les prélèvements sur des personnes en état de mort cérébrale, l'Agence de la biomédecine a lancé, en mars 2007, un programme de prélèvements 'à cœur arrêté' (cf. Synthèse de presse du 16/04/08). Mené sur dix sites, ce programme ne concerne pour le moment que les dons de reins."
[Pediatric heart transplantation after declaration of cardiocirculatory death - Boucek MM, Mashburn C, Dunn SM, Frizell R, Edwards L, Pietra B, Campbell D; Denver Children's Pediatric Heart Transplant Team]
Copyright genethique.org
"Chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse des articles de bioéthique parus dans la presse (...). Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction."
Le Monde (Jean-Yves Nau) 16/08/08 - Le Figaro (Jean-Michel Bader) 14/08/08 - MedHyg.ch (Jean-Yves Nau) 22/08/08 - Bio Edge 20/08/08
Première mondiale: une équipe belge crée des neurones en laboratoire
"Une première mondiale. Un laboratoire de l'Université libre de Bruxelles a transformé des cellules souches de souris en cortex cérébral. L'équipe de chercheurs menée par Pierre Verhaegen a, en effet, découvert comment transformer in vitro des cellules souches embryonnaires de souris en neurones spécifiques du cortex cérébral.
Cette innovation, publiée dimanche dans la revue 'Nature', présente un réel espoir pour le traitement de maladies du cerveau comme l'Alzheimer ou l'épilepsie. En effet, le cortex cérébral est la structure la plus complexe de notre cerveau et les neurones qui le constituent sont la cible des maladies neurologiques et psychiatrique comme les épilepsies, les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d'Alzheimer ou la schizophrénie.
Savoir comment fonctionne la machine cortex et comment elle se construit et pourrait se réparer constitue la clef du développement de techniques avancées de soin de ces maladies. Une information des nos confrères du quotidien Le Soir et de la RTBF."
==> Vidéo
Source :
http://www.rtlinfo.be
Cette innovation, publiée dimanche dans la revue 'Nature', présente un réel espoir pour le traitement de maladies du cerveau comme l'Alzheimer ou l'épilepsie. En effet, le cortex cérébral est la structure la plus complexe de notre cerveau et les neurones qui le constituent sont la cible des maladies neurologiques et psychiatrique comme les épilepsies, les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d'Alzheimer ou la schizophrénie.
Savoir comment fonctionne la machine cortex et comment elle se construit et pourrait se réparer constitue la clef du développement de techniques avancées de soin de ces maladies. Une information des nos confrères du quotidien Le Soir et de la RTBF."
==> Vidéo
Source :
http://www.rtlinfo.be
"The Boundaries of Organ Donation after Circulatory Death"
The Boundaries of Organ Donation after Circulatory Death, New England Journal of Medicine (NEJM), article by James L. Bernat, M.D.
Organ Donation after Cardiac Death
"In this issue of the Journal, Boucek et al. (pages 709–714) report on three cases of heart transplantation from infants who were pronounced dead on the basis of cardiac criteria. The three Perspective articles and a video roundtable discussion at www.nejm.org address key ethical aspects of organ donation after cardiac death. Bernat and Veatch comment on the cases described by Boucek et al.; Truog and Miller raise a fundamental question about the dead donor rule. In a related Perspective roundtable, moderator Atul Gawande, of Harvard Medical School, is joined by George Annas, of the Boston University School of Public Health; Arthur Caplan, of the University of Pennsylvania; and Robert Truog."
==> Watch the roundtable online at www.nejm.org.
==> Download full PDF article: click here.
(http://content.nejm.org/cgi/reprint/359/7/669.pdf)
Source:
http://content.nejm.org/cgi/content/full/359/7/669/DC1
Organ Donation after Cardiac Death
"In this issue of the Journal, Boucek et al. (pages 709–714) report on three cases of heart transplantation from infants who were pronounced dead on the basis of cardiac criteria. The three Perspective articles and a video roundtable discussion at www.nejm.org address key ethical aspects of organ donation after cardiac death. Bernat and Veatch comment on the cases described by Boucek et al.; Truog and Miller raise a fundamental question about the dead donor rule. In a related Perspective roundtable, moderator Atul Gawande, of Harvard Medical School, is joined by George Annas, of the Boston University School of Public Health; Arthur Caplan, of the University of Pennsylvania; and Robert Truog."
==> Watch the roundtable online at www.nejm.org.
==> Download full PDF article: click here.
(http://content.nejm.org/cgi/reprint/359/7/669.pdf)
Source:
http://content.nejm.org/cgi/content/full/359/7/669/DC1
"Les règles du prélèvement d'organes bousculées aux Etats-Unis"
"Peut-on laisser les seuls chirurgiens décider qu'une personne est bel et bien décédée et qu'elle peut être considérée comme un donneur d'organes ? Telle est la question que soulève un article publié, jeudi 14 août, par le New England Journal of Medicine. Ce travail a été mené sous la direction de Marc Boucek (Children's Hospital de Denver, Colorado). Il concerne trois transplantations cardiaques effectuées sur des nouveau-nés, dans des conditions qui ne respectent pas pleinement la définition de la mort.
Ces opérations ont été effectuées, avec l'accord écrit des parents des donneurs et des receveurs, entre mai 2004 et mai 2007. Les donneurs ont été prélevés à un âge moyen de 3,7 jours et les receveurs, qui souffraient de graves pathologies malformatives cardiaques, étaient inscrits sur une liste d'attente et âgés de 2 à 3 mois. Au vu des différentes pathologies dont souffraient les nouveau-nés considérés comme des donneurs potentiels, la décision a été prise d'interrompre au plus vite les soins les plus lourds tout en programmant le prélèvement du coeur."
"L'équipe chirurgicale a ensuite choisi d'établir, selon de nouveaux critères, le diagnostic de décès des futurs donneurs. Alors que les recommandations officielles disent que ce diagnostic doit être posé au bout d'environ cinq minutes d'arrêt cardiaque, les chirurgiens ont estimé qu'ils pouvaient réduire ce délai à 75 secondes. Ils expliquent, pour justifier leur initiative, que toutes les données disponibles laissent penser que, passé une minute, il n'existe pratiquement plus aucune chance de reprise d'activité cardiaque et donc plus d'espoir de ressuscitation. Ils font aussi valoir, en substance, que plus le greffon cardiaque est de qualité, plus grandes sont les chances de succès de la greffe. Dans les trois cas, les enfants greffés sont vivants alors que le taux de survie n'est que de 84 pour cent dans un groupe de 17 enfants greffés selon les recommandations en vigueur.
Cette publication a aussitôt soulevé une vive émotion dans la communauté des spécialistes de la transplantation d'organes. Pour sa part, le New England Journal of Medicine a choisi de publier dans le même numéro trois analyses exposant les interrogations que suscite cette initiative. Le neurologue James Bernat (Darmouth Medical School, New Hampshire) observe notamment que le fait d'obtenir une reprise de l'activité cardiaque chez le receveur pose la question de savoir si l'arrêt cardio-vasculaire chez le donneur était ou non irréversible. Pour l'éthicien Robert Veatch (Georgetown University, Washington DC), il est acquis qu'en agissant de la sorte on 'interrompt une vie par prélèvement d'organe'.
'Il s'agit d'une affaire très importante, estime le docteur Luc Noël, coordinateur de l'unité Procédures cliniques à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Modifier de la sorte les critères qui étaient jusqu'ici en vigueur pour autoriser des prélèvements d'organe peut avoir de graves conséquences dans l'opinion.' Une problématique voisine est apparue il y a peu en France dans le cadre du programme de prélèvements dits 'à coeur arrêté' (Le Monde du 11 juin). Plusieurs voix s'élèvent, donc, dans la communauté des réanimateurs, pour réclamer que les autorités sanitaires et les sociétés savantes précisent où sont les frontières de l'acceptable.
Cela semble d'autant plus nécessaire que de nouvelles techniques miniaturisées de circulation sanguine extra-corporelle permettent de faire revenir à la vie des personnes que l'on pouvait tenir hier encore comme des donneurs potentiels."
Source :
LE MONDE
Article de Jean-Yves Nau
Ces opérations ont été effectuées, avec l'accord écrit des parents des donneurs et des receveurs, entre mai 2004 et mai 2007. Les donneurs ont été prélevés à un âge moyen de 3,7 jours et les receveurs, qui souffraient de graves pathologies malformatives cardiaques, étaient inscrits sur une liste d'attente et âgés de 2 à 3 mois. Au vu des différentes pathologies dont souffraient les nouveau-nés considérés comme des donneurs potentiels, la décision a été prise d'interrompre au plus vite les soins les plus lourds tout en programmant le prélèvement du coeur."
LES FRONTIÈRES DE L'ACCEPTABLE
"L'équipe chirurgicale a ensuite choisi d'établir, selon de nouveaux critères, le diagnostic de décès des futurs donneurs. Alors que les recommandations officielles disent que ce diagnostic doit être posé au bout d'environ cinq minutes d'arrêt cardiaque, les chirurgiens ont estimé qu'ils pouvaient réduire ce délai à 75 secondes. Ils expliquent, pour justifier leur initiative, que toutes les données disponibles laissent penser que, passé une minute, il n'existe pratiquement plus aucune chance de reprise d'activité cardiaque et donc plus d'espoir de ressuscitation. Ils font aussi valoir, en substance, que plus le greffon cardiaque est de qualité, plus grandes sont les chances de succès de la greffe. Dans les trois cas, les enfants greffés sont vivants alors que le taux de survie n'est que de 84 pour cent dans un groupe de 17 enfants greffés selon les recommandations en vigueur.
Cette publication a aussitôt soulevé une vive émotion dans la communauté des spécialistes de la transplantation d'organes. Pour sa part, le New England Journal of Medicine a choisi de publier dans le même numéro trois analyses exposant les interrogations que suscite cette initiative. Le neurologue James Bernat (Darmouth Medical School, New Hampshire) observe notamment que le fait d'obtenir une reprise de l'activité cardiaque chez le receveur pose la question de savoir si l'arrêt cardio-vasculaire chez le donneur était ou non irréversible. Pour l'éthicien Robert Veatch (Georgetown University, Washington DC), il est acquis qu'en agissant de la sorte on 'interrompt une vie par prélèvement d'organe'.
'Il s'agit d'une affaire très importante, estime le docteur Luc Noël, coordinateur de l'unité Procédures cliniques à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Modifier de la sorte les critères qui étaient jusqu'ici en vigueur pour autoriser des prélèvements d'organe peut avoir de graves conséquences dans l'opinion.' Une problématique voisine est apparue il y a peu en France dans le cadre du programme de prélèvements dits 'à coeur arrêté' (Le Monde du 11 juin). Plusieurs voix s'élèvent, donc, dans la communauté des réanimateurs, pour réclamer que les autorités sanitaires et les sociétés savantes précisent où sont les frontières de l'acceptable.
Cela semble d'autant plus nécessaire que de nouvelles techniques miniaturisées de circulation sanguine extra-corporelle permettent de faire revenir à la vie des personnes que l'on pouvait tenir hier encore comme des donneurs potentiels."
Source :
LE MONDE
Article de Jean-Yves Nau
Des neurones fabriquées à partir de cellules souches embryonnaires de souris
Du cortex cérébral a été fabriqué in vitro à partir de cellules souches.
"Les investissements effectués dans la recherche sur les cellules souches se traduisent en résultats de plus en plus spectaculaires, à un rythme toujours plus rapide. Quelques jours après la création in vitro de neurones moteurs issus de cellules de peau de personnes souffrant d'une maladie neurodégénérative et la constitution de lignées de cellules souches porteuses des stigmates d'une dizaine d'affections de diverses origines (Le Monde des 2 et 10 août), une nouvelle étape vient d'être franchie : des chercheurs sont parvenus à fabriquer in vitro du cortex cérébral, à partir de cellules souches embryonnaires de souris."
"L'équipe de biologistes dirigée par Pierre Vanderhaeghen et Nicolas Gaspard (Université libre de Bruxelles), travaillant en collaboration avec le docteur Afsaneh Gaillard (université de Poitiers, CNRS), présente ces résultats, dimanche 17 août, sur le site de la revue Nature. Mieux encore, les cellules nerveuses corticales ainsi créées ont ensuite été greffées chez des souriceaux et se sont connectées de façon appropriée avec le système nerveux central du receveur. Les auteurs de cette première estiment qu'elle ouvre de nouvelles perspectives dans la recherche sur les affections neurologiques qui trouvent leur origine dans différents dysfonctionnements du cortex cérébral humain.
Le cortex est la structure la plus complexe du cerveau des mammifères. Chez l'homme, les cellules qui constituent ce tissu cérébral sont impliquées dans les plus fréquentes des maladies neurologiques, neurodégénératives, neurovasculaires et psychiatriques. Les auteurs de la publication de Nature ont mis au point une technique novatrice. Ils ont, dans un premier temps, démontré que des cellules souches multipotentes prélevées à un stade précoce du développement embryonnaire pouvaient être aisément transformées in vitro dans les différentes catégories de cellules qui constituent le cortex cérébral. 'Nous sommes parvenus à ce résultat au moyen d'un procédé ridiculement simple en n'agissant pratiquement pas, et ce de manière quelque peu paradoxale, sur le milieu de culture des cellules embryonnaires', explique Pierre Vanderhaeghen.
Bien que créées en dehors du cerveau, ces cellules apparaissent alors fonctionnelles et ressembler en tout point aux neurones du cortex. Cette observation a été expérimentalement confirmée : la greffe de ces neurones dans des cerveaux de jeunes souris a bien pris. 'Une telle corticogenèse in vitro constitue un outil novateur pour la recherche pharmaceutique et médicale, souligne Pierre Vanderhaeghen. Pour la première fois, nous avons accès à une source illimitée et hautement fiable de neurones spécifiques du cortex, qui peuvent être utilisés pour modéliser les maladies neurologiques et tester de nouveaux médicaments.'
Les auteurs de cette publication ajoutent que leur méthode pourra par ailleurs constituer une alternative à certaines expérimentations animales ou humaines. A plus long terme, ce travail ouvre la perspective de greffes intracérébrales visant à lutter contre les différentes affections ayant pour siège le cortex.
'Cette publication est très intéressante à bien des égards, estime le docteur Hervé Chneiweiss, directeur du laboratoire plasticité gliale du Centre Paul-Broca (Paris). Il importe toutefois de préciser que le milieu de culture qui a été utilisé n'a rien de ridiculement simple. C'est un milieu désormais considéré comme classique et dénommé N2, mis au point par Gordon Sato en 1979. Il visait déjà à faire pousser des neurones foetaux de souris.'
Pour le docteur Chneiweiss, ce milieu de culture diffère des milieux de prolifération de cellules souches in vitro, qui contiennent généralement du sérum de veau foetal ou des facteurs moléculaires de croissance. A ce titre, il pourrait à terme faciliter le passage à des essais cliniques expérimentaux chez l'homme. 'Ce qui me surprend en fait le plus dans ce travail, confie le docteur Chneiweiss, ce sont les expériences de greffe. Voir, comme le montre cette publication, des axones pousser sur de telles distances et sur une période de quatre semaines seulement ne peut pas ne pas étonner.' 'Mais attention, prévient-il, l'expérience porte sur la souris et, pour diverses raisons techniques, ces résultats ne peuvent être immédiatement transposables à l'homme.'"
Source :
Article de Jean-Yves Nau
LE MONDE
"Les investissements effectués dans la recherche sur les cellules souches se traduisent en résultats de plus en plus spectaculaires, à un rythme toujours plus rapide. Quelques jours après la création in vitro de neurones moteurs issus de cellules de peau de personnes souffrant d'une maladie neurodégénérative et la constitution de lignées de cellules souches porteuses des stigmates d'une dizaine d'affections de diverses origines (Le Monde des 2 et 10 août), une nouvelle étape vient d'être franchie : des chercheurs sont parvenus à fabriquer in vitro du cortex cérébral, à partir de cellules souches embryonnaires de souris."
"L'équipe de biologistes dirigée par Pierre Vanderhaeghen et Nicolas Gaspard (Université libre de Bruxelles), travaillant en collaboration avec le docteur Afsaneh Gaillard (université de Poitiers, CNRS), présente ces résultats, dimanche 17 août, sur le site de la revue Nature. Mieux encore, les cellules nerveuses corticales ainsi créées ont ensuite été greffées chez des souriceaux et se sont connectées de façon appropriée avec le système nerveux central du receveur. Les auteurs de cette première estiment qu'elle ouvre de nouvelles perspectives dans la recherche sur les affections neurologiques qui trouvent leur origine dans différents dysfonctionnements du cortex cérébral humain.
Le cortex est la structure la plus complexe du cerveau des mammifères. Chez l'homme, les cellules qui constituent ce tissu cérébral sont impliquées dans les plus fréquentes des maladies neurologiques, neurodégénératives, neurovasculaires et psychiatriques. Les auteurs de la publication de Nature ont mis au point une technique novatrice. Ils ont, dans un premier temps, démontré que des cellules souches multipotentes prélevées à un stade précoce du développement embryonnaire pouvaient être aisément transformées in vitro dans les différentes catégories de cellules qui constituent le cortex cérébral. 'Nous sommes parvenus à ce résultat au moyen d'un procédé ridiculement simple en n'agissant pratiquement pas, et ce de manière quelque peu paradoxale, sur le milieu de culture des cellules embryonnaires', explique Pierre Vanderhaeghen.
Bien que créées en dehors du cerveau, ces cellules apparaissent alors fonctionnelles et ressembler en tout point aux neurones du cortex. Cette observation a été expérimentalement confirmée : la greffe de ces neurones dans des cerveaux de jeunes souris a bien pris. 'Une telle corticogenèse in vitro constitue un outil novateur pour la recherche pharmaceutique et médicale, souligne Pierre Vanderhaeghen. Pour la première fois, nous avons accès à une source illimitée et hautement fiable de neurones spécifiques du cortex, qui peuvent être utilisés pour modéliser les maladies neurologiques et tester de nouveaux médicaments.'
Les auteurs de cette publication ajoutent que leur méthode pourra par ailleurs constituer une alternative à certaines expérimentations animales ou humaines. A plus long terme, ce travail ouvre la perspective de greffes intracérébrales visant à lutter contre les différentes affections ayant pour siège le cortex.
'Cette publication est très intéressante à bien des égards, estime le docteur Hervé Chneiweiss, directeur du laboratoire plasticité gliale du Centre Paul-Broca (Paris). Il importe toutefois de préciser que le milieu de culture qui a été utilisé n'a rien de ridiculement simple. C'est un milieu désormais considéré comme classique et dénommé N2, mis au point par Gordon Sato en 1979. Il visait déjà à faire pousser des neurones foetaux de souris.'
Pour le docteur Chneiweiss, ce milieu de culture diffère des milieux de prolifération de cellules souches in vitro, qui contiennent généralement du sérum de veau foetal ou des facteurs moléculaires de croissance. A ce titre, il pourrait à terme faciliter le passage à des essais cliniques expérimentaux chez l'homme. 'Ce qui me surprend en fait le plus dans ce travail, confie le docteur Chneiweiss, ce sont les expériences de greffe. Voir, comme le montre cette publication, des axones pousser sur de telles distances et sur une période de quatre semaines seulement ne peut pas ne pas étonner.' 'Mais attention, prévient-il, l'expérience porte sur la souris et, pour diverses raisons techniques, ces résultats ne peuvent être immédiatement transposables à l'homme.'"
Source :
Article de Jean-Yves Nau
LE MONDE
USA : trois greffes de cœur très controversées
A Aurora, Colorado, USA, un enfant, Zachary Apmann, a bénéficié en janvier 2007 d'une transplantation cardiaque, 75 secondes après l'arrêt du cœur du donneur.
Des chirurgiens américains ont greffé le cœur de bébés morts d'arrêt cardiaque sur des nouveau-nés.
"L'équipe du Pr Mark Boucek (Centre médical de l'Université du Colorado, Boulder) a annoncé vendredi dans le New England Journal of Medicine avoir pratiqué, entre mai 2004 et mai 2007, des greffes de cœur chez trois nouveau-nés en prélevant les organes sur des bébés atteints de lésions cérébrales irréversibles. Les médecins ont interrompu avec l'accord de la famille les soins lourds (assistance ventilatoire, drogues), 'programmant' la fin de vie inéluctable, pour organiser le don d'organes."
"Le diagnostic de la mort des petits donneurs a été établi sur des critères d'arrêt de la circulation et des battements cardiaques. Mais l'équipe n'a attendu en moyenne que 75 secondes après l'arrêt du cœur pour démarrer la procédure de prélèvement, alors que les recommandations de l'Institute of Medicine et des sociétés savantes suggèrent d'attendre au moins 2 minutes et au plus 5 minutes. Au delà, on n'a jamais observé de 'redémarrage' spontané du cœur.
Mais dans cette course entre le don et la greffe, plus les chirurgiens attendent, plus la période dite d''ischémie chaude' risque d'endommager le cœur. Ce n'est pas tout : pour améliorer encore les chances de survie du greffon, les médecins américains ont injecté dans les veines du bébé donneur mourant un cocktail d'anticoagulants et de médicaments vasodilatateurs. Or ces interventions invasives ne bénéficient pas au donneur, et ne visent qu'à améliorer la survie du greffon et la réussite de la greffe.
Cette publication est accompagnée de trois éditoriaux qui s'interrogent sur les limites acceptables de ces pratiques, et sur le concept même de la 'mort cardiaque'. Les chirurgiens de Denver défendent leur bilan : 100 pour cent de survie à six mois avec cette technique, alors qu'avec le don d'organes 'classique' par mort cérébrale, la survie n'est que de 84 pour cent."
Intégrité morale
"Les greffes du Colorado ont lancé outre-Atlantique un débat éthique serré. 'Le fait de pouvoir redémarrer un cœur greffé chez un receveur prouve-t-il que l'arrêt circulatoire n'était pas irréversible chez le donneur ?' demande James Bernat (Dartmouth Medical School, New Hampshire). Puisque ce cœur peut être relancé, pourquoi ne l'a-t-on pas fait pour réanimer son propriétaire naturel ? La question est pendante, et l'éthicien américain Robert Veatch (Georgetown University Washington DC) va même plus loin dans son éditorial : 'Si un greffon cardiaque peut être redémarré (chez un receveur), la personne chez qui on l'a prélevé ne pouvait donc pas être morte d'un arrêt cardiaque.' Pour lui, on a 'interrompu une vie par prélèvement d'organe'.
Une autre innovation controversée est déjà utilisée par plusieurs hôpitaux américains : immédiatement après le diagnostic d'arrêt cardiaque, une machine miniaturisée de circulation extracorporelle est branchée sur veine et artère du donneur : elle pompe et oxygène le sang à la place du cœur et des poumons ; elle permet donc de 'sauver' le futur greffon cardiaque, mais elle retarde alors la destruction du cerveau, un des critères impératifs de la mort !
De nombreuses voix se manifestent donc dans le monde de la transplantation pour réclamer la création rapide d'une commission d'experts qui puisse aborder et répondre à ces interrogations. L'enjeu est immense : il s'agit de préserver la confiance chancelante du public dans l'intégrité morale de la transplantation d'organes.
En France, contrairement aux États-Unis, où 55 pour cent des organes sont prélevés sur des donneurs décédés après arrêt cardiaque, la loi n'acceptait que les prélèvements effectués sur des sujets en état de mort cérébrale. Avec la pénurie persistante d'organes, l'Agence de biomédecine a présenté en mars 2007 un protocole de prélèvement sur donneur décédé après arrêt cardiaque. Une expérimentation sur dix sites a été lancée, mais elle ne concerne à ce jour que les dons de rein. Il n'est pas question aujourd'hui de prélever des cœurs arrêtés sur des donneurs français."
Source :
Le Figaro.fr Santé
Article de Jean-Michel Bader
Des modèles de maladies incurables créés via des cellules souches humaines
"Des scientifiques américains ont cultivé en laboratoire de nouvelles lignées de cellules souches humaines reproduisant des défauts génétiques responsables de 10 maladies incurables, comme la maladie de Parkinson, selon une étude parue jeudi dernier dans la revue scientifique Cell.
Ces nouvelles lignées de cellules souches ont pu être réalisées grâce à une nouvelle technique : la conversion de cellules ordinaires de la peau et de la moelle osseuse d'individus atteints de ces maladies en cellules souches contenant la même erreur génétique, expliquent les chercheurs.
Cette technique pourrait accélérer les recherches pour mettre au point des traitements, espèrent-ils.
'La médecine cherche depuis longtemps un moyen d'étudier les maladies dans une éprouvette et de développer pour ce faire des cellules pouvant être cultivées et prendre la forme de nombreux tissus atteints, par exemple de différentes maladies du sang, du cerveau et du muscle cardiaque', explique le Dr George Daley du Howard Hughes Medical Institute (Maryland, Est), principal auteur de cette recherche.
'Nous avons désormais le moyen de faire exactement cela, en créant des cellules pluripotentes de malades qui permettent de produire différents tissus et de les faire croître indéfiniment', poursuit-il.
'Nous pouvons ainsi créer des modèles de maladies avec des milliers de variations à l'aide de techniques classiques de culture cellulaire', ajoute le Dr. Daley, qui a travaillé sur ce projet avec des chercheurs de l'université Harvard (Massachusetts, Nord-Est).
Selon lui, ces cultures de cellules souches reproduiront les maladies humaines plus fidèlement les modèles animaux. Malgré la très grande similarité génétique entre les humains et les souris, les différences physiologiques affectent invariablement l'évolution de la maladie chez ces animaux.
Dans certains cas, comme le syndrome de Down ou la trisomie 21, le défaut génétique responsable ne provoque pas les mêmes symptômes chez la souris."
Source :
http://lecourrier.vnagency.com.vn
AFP/VNA/CVN
(11/08/2008)
Ces nouvelles lignées de cellules souches ont pu être réalisées grâce à une nouvelle technique : la conversion de cellules ordinaires de la peau et de la moelle osseuse d'individus atteints de ces maladies en cellules souches contenant la même erreur génétique, expliquent les chercheurs.
Cette technique pourrait accélérer les recherches pour mettre au point des traitements, espèrent-ils.
'La médecine cherche depuis longtemps un moyen d'étudier les maladies dans une éprouvette et de développer pour ce faire des cellules pouvant être cultivées et prendre la forme de nombreux tissus atteints, par exemple de différentes maladies du sang, du cerveau et du muscle cardiaque', explique le Dr George Daley du Howard Hughes Medical Institute (Maryland, Est), principal auteur de cette recherche.
'Nous avons désormais le moyen de faire exactement cela, en créant des cellules pluripotentes de malades qui permettent de produire différents tissus et de les faire croître indéfiniment', poursuit-il.
'Nous pouvons ainsi créer des modèles de maladies avec des milliers de variations à l'aide de techniques classiques de culture cellulaire', ajoute le Dr. Daley, qui a travaillé sur ce projet avec des chercheurs de l'université Harvard (Massachusetts, Nord-Est).
Selon lui, ces cultures de cellules souches reproduiront les maladies humaines plus fidèlement les modèles animaux. Malgré la très grande similarité génétique entre les humains et les souris, les différences physiologiques affectent invariablement l'évolution de la maladie chez ces animaux.
Dans certains cas, comme le syndrome de Down ou la trisomie 21, le défaut génétique responsable ne provoque pas les mêmes symptômes chez la souris."
Source :
http://lecourrier.vnagency.com.vn
AFP/VNA/CVN
(11/08/2008)
«La greffe totale de visage est pour bientôt»
«La greffe totale de visage est pour bientôt»
LAURENT LANTIERI, chef du service de chirurgie plastique et reconstructrice au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne)
Propos recueillis par Timothée Boutry, Le Parisien, 03.08.2008
"Quelle est la portée de la greffe des deux bras réalisée en Allemagne ?"
Laurent Lantieri : "On savait qu’une telle greffe allait être réalisée. Il y avait déjà eu des greffes de mains ou d’avant-bras, mais là, on est allé plus loin. Sur le fond, le principe est le même que pour une main puisqu’il s’agit de rebrancher des vaisseaux, des nerfs, des os… C’est donc une évolution de la technique existante, mais ce cas est particulier puisque la greffe part de l’épaule."
Quelles sont les implications de cette opération ?
"Il va falloir suivre l’évolution de la motricité et de la sensibilité des bras du patient. Dans le cas d’une greffe de la main, la distance est courte entre le moignon et le bout des doigts : le patient retrouve rapidement l’usage et les sensations de son nouveau membre. Là, ce sera beaucoup plus long. Un nerf, c’est comme un fil électrique avec une gaine et des fils à l’intérieur. Or, ces fils poussent à une vitesse de 1 mm/jour. C’est pourquoi il faudra compter deux ans pour que le patient puisse se servir entièrement de ses deux nouveaux bras."
"Quels sont les risques encourus par le patient ?"
"Ils sont maîtrisés. Dans deux semaines environ, le patient va, comme c’est toujours le cas, rejeter le greffon. Mais on dispose désormais des médicaments capables de traiter ce phénomène. Depuis la première greffe de la main, il n’y a jamais eu d’échec. Je ne suis pas inquiet. Concernant les greffes de membres, on n’est plus dans le cadre de l’expérimentation. Les résultats sont supérieurs à tout ce qui était espéré. Ces opérations qui changent la vie des patients doivent donc se développer."
"Quelle peut être la prochaine étape en matière de greffe ?"
"Chaque patient est une première, mais il est vrai que certaines opérations s’apparentent à des bonds en avant. C’était le cas de la première greffe de la main ou de la première greffe partielle du visage. Aujourd’hui, la greffe totale de visage est pour bientôt. Je ne sais pas si je serai le premier à la réaliser, mais ce n’est plus qu’une question de temps. Techniquement, le plus difficile sera de greffer les paupières : ça n’a encore jamais été réalisé."
"Quelles seront les prochaines innovations ?"
"Actuellement, on essaie de recréer des organes à partir de cellules souches. Pour l’heure, on arrive à cultiver de la peau avant de la regreffer sur un patient mais, à l’avenir, on pourrait imaginer cultiver un foie ou un rein. On en est aux préliminaires. Les travaux sont cependant intéressants. Dans un autre domaine, pour les aveugles, on sait relier une caméra au cerveau avec des résultats encourageants. D’une manière générale, la seule limite, c’est l’imagination humaine."
"Selon vous, le principal frein se situerait au niveau des donneurs..."
"Tout à fait, il y en a trop peu. Ce n’est pas normal qu’il n’y ait eu que sept greffes de main et visage en France depuis dix ans. Concernant ces organes-là, il est justifié d’obtenir l’accord des familles car on touche à l’image du corps. Mais il faut les rassurer et préciser que l’intégrité physique des donneurs est respectée. Il faut aussi que les familles comprennent que derrière un prélèvement de cornée, il y a un aveugle et derrière un prélèvement de peau, un grand brûlé qui souffre. C’est une question de solidarité."
Source :
Le Parisien
LAURENT LANTIERI, chef du service de chirurgie plastique et reconstructrice au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne)
Propos recueillis par Timothée Boutry, Le Parisien, 03.08.2008
"Quelle est la portée de la greffe des deux bras réalisée en Allemagne ?"
Laurent Lantieri : "On savait qu’une telle greffe allait être réalisée. Il y avait déjà eu des greffes de mains ou d’avant-bras, mais là, on est allé plus loin. Sur le fond, le principe est le même que pour une main puisqu’il s’agit de rebrancher des vaisseaux, des nerfs, des os… C’est donc une évolution de la technique existante, mais ce cas est particulier puisque la greffe part de l’épaule."
Quelles sont les implications de cette opération ?
"Il va falloir suivre l’évolution de la motricité et de la sensibilité des bras du patient. Dans le cas d’une greffe de la main, la distance est courte entre le moignon et le bout des doigts : le patient retrouve rapidement l’usage et les sensations de son nouveau membre. Là, ce sera beaucoup plus long. Un nerf, c’est comme un fil électrique avec une gaine et des fils à l’intérieur. Or, ces fils poussent à une vitesse de 1 mm/jour. C’est pourquoi il faudra compter deux ans pour que le patient puisse se servir entièrement de ses deux nouveaux bras."
"Quels sont les risques encourus par le patient ?"
"Ils sont maîtrisés. Dans deux semaines environ, le patient va, comme c’est toujours le cas, rejeter le greffon. Mais on dispose désormais des médicaments capables de traiter ce phénomène. Depuis la première greffe de la main, il n’y a jamais eu d’échec. Je ne suis pas inquiet. Concernant les greffes de membres, on n’est plus dans le cadre de l’expérimentation. Les résultats sont supérieurs à tout ce qui était espéré. Ces opérations qui changent la vie des patients doivent donc se développer."
"Quelle peut être la prochaine étape en matière de greffe ?"
"Chaque patient est une première, mais il est vrai que certaines opérations s’apparentent à des bonds en avant. C’était le cas de la première greffe de la main ou de la première greffe partielle du visage. Aujourd’hui, la greffe totale de visage est pour bientôt. Je ne sais pas si je serai le premier à la réaliser, mais ce n’est plus qu’une question de temps. Techniquement, le plus difficile sera de greffer les paupières : ça n’a encore jamais été réalisé."
"Quelles seront les prochaines innovations ?"
"Actuellement, on essaie de recréer des organes à partir de cellules souches. Pour l’heure, on arrive à cultiver de la peau avant de la regreffer sur un patient mais, à l’avenir, on pourrait imaginer cultiver un foie ou un rein. On en est aux préliminaires. Les travaux sont cependant intéressants. Dans un autre domaine, pour les aveugles, on sait relier une caméra au cerveau avec des résultats encourageants. D’une manière générale, la seule limite, c’est l’imagination humaine."
"Selon vous, le principal frein se situerait au niveau des donneurs..."
"Tout à fait, il y en a trop peu. Ce n’est pas normal qu’il n’y ait eu que sept greffes de main et visage en France depuis dix ans. Concernant ces organes-là, il est justifié d’obtenir l’accord des familles car on touche à l’image du corps. Mais il faut les rassurer et préciser que l’intégrité physique des donneurs est respectée. Il faut aussi que les familles comprennent que derrière un prélèvement de cornée, il y a un aveugle et derrière un prélèvement de peau, un grand brûlé qui souffre. C’est une question de solidarité."
Source :
Le Parisien
Inscription à :
Articles (Atom)