La société européenne pour les organes artificiels tient son congrès annuel la semaine prochaine à Genève. Comment demain le corps sera-t-il réparé ?
Le cœur. "La solution d’avenir se trouve dans le bioartificiel, l’ingénierie en biologie médicale"
"Les besoins sont énormes. L'offre est limitée et nettement insuffisante. Il ne s'agit pas de pétrole, mais d'organes. Des reins, coeurs, pancréas, poumons, foies, des vaisseaux en tout genre, de la peau. Les accidents de la vie les endommagent, la médecine essaie de les remplacer. Tant bien que mal. Si aucune solution satisfaisante n'existe encore aujourd'hui - transplantation ou organes artificiels externes -, la recherche est en marche. La semaine prochaine, plus de 600 experts mondiaux se réuniront à Genève pour le 35è Congrès annuel de la Société européenne des organes artificiels."
"'Au départ il s'agit d'un support mécanique qui remplace l'organe ne pouvant plus remplir sa fonction. Ce peut être la prothèse de hanche ou un pacemaker qui donne des impulsions au coeur défaillant. Typiquement, c'est la dialyse, une machine qui fait le travail des reins', explique le président de la Société européenne d'organes artificiels, Beat Walpoth, médecin adjoint agrégé au service de chirurgie cardiovasculaire des Hôpitaux universitaires de Genève. 'A l'heure actuelle, ces machines ont une fonction temporaire, dans de rares cas permanente, assurant la survie du patient dans l'attente d'une transplantation', précise le médecin.
Le mot est lâché. Transplantation. Aujourd'hui elle constitue la meilleure option, bien que non dénuée de contraintes, pour remplacer un organe malade. 'Le problème c'est que pour les 50 000 organes transplantés par an dans le monde, les besoins sont dix fois supérieurs', déplore Beat Walpoth.
La médecine cherche donc autre chose, moins encombrante et temporaire que la béquille et plus disponible que le résultat d'un don. 'La solution d'avenir se trouve dans le bioartificiel ou l'ingénierie en biologie médicale', assure le praticien.
Concrètement, il s'agit de fabriquer une matrice - qui a la forme d'un coeur par exemple - dans un matériau biodégradable, de le remplir de cellules souches ou spécifiques et enfin de les nourrir avec des facteurs de croissance, c'est-à-dire des stimulants pour que les cellules puissent se développer dans le sens que l'on souhaite. Reste à implanter le tout dans le corps du patient, qui jouera un rôle idéal de bio réacteur pour l'obtention d'un organe régénéré.
Médecine régénérative
Cela paraît très simple sur le papier. Le problème fondamental est que l'humain, d'autant plus à l'âge adulte, n'est pas un être qui se régénère facilement. Le foie est un des rares organes qui peut le faire partiellement, par exemple. 'Les obstacles sont encore nombreux, admet le scientifique, mais nous travaillons dans cette direction et nous avons déjà obtenu des résultats intéressants.' Ainsi, à Genève, nous sommes capables de remplacer de cette manière l'artère aorte chez l'animal. 'Un an après, on ne voit plus trace du matériel synthétique et l'artère fonctionne parfaitement.'
'Aujourd'hui, plus d'un million de patients dans le monde ont déjà reçu un organe bioartificiel', ajoute Beat Walpoth. Il s'agit essentiellement de peau, un domaine où le CHUV est à la pointe, qui donne pour l'heure les meilleurs résultats.
Reste à savoir dans combien de temps ces technologies seront applicables et surtout pour qui ? Même sans chercher à combattre le vieillissement, mais dans une Europe vieillissante, cette médecine visant la survie et l'amélioration de la qualité de vie, a son prix. Les perspectives du marché des organes bioartificiels sont évaluées à 500 milliards de francs."
Source :
http://www.tdg.ch
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