Du cortex cérébral a été fabriqué in vitro à partir de cellules souches.
"Les investissements effectués dans la recherche sur les cellules souches se traduisent en résultats de plus en plus spectaculaires, à un rythme toujours plus rapide. Quelques jours après la création in vitro de neurones moteurs issus de cellules de peau de personnes souffrant d'une maladie neurodégénérative et la constitution de lignées de cellules souches porteuses des stigmates d'une dizaine d'affections de diverses origines (Le Monde des 2 et 10 août), une nouvelle étape vient d'être franchie : des chercheurs sont parvenus à fabriquer in vitro du cortex cérébral, à partir de cellules souches embryonnaires de souris."
"L'équipe de biologistes dirigée par Pierre Vanderhaeghen et Nicolas Gaspard (Université libre de Bruxelles), travaillant en collaboration avec le docteur Afsaneh Gaillard (université de Poitiers, CNRS), présente ces résultats, dimanche 17 août, sur le site de la revue Nature. Mieux encore, les cellules nerveuses corticales ainsi créées ont ensuite été greffées chez des souriceaux et se sont connectées de façon appropriée avec le système nerveux central du receveur. Les auteurs de cette première estiment qu'elle ouvre de nouvelles perspectives dans la recherche sur les affections neurologiques qui trouvent leur origine dans différents dysfonctionnements du cortex cérébral humain.
Le cortex est la structure la plus complexe du cerveau des mammifères. Chez l'homme, les cellules qui constituent ce tissu cérébral sont impliquées dans les plus fréquentes des maladies neurologiques, neurodégénératives, neurovasculaires et psychiatriques. Les auteurs de la publication de Nature ont mis au point une technique novatrice. Ils ont, dans un premier temps, démontré que des cellules souches multipotentes prélevées à un stade précoce du développement embryonnaire pouvaient être aisément transformées in vitro dans les différentes catégories de cellules qui constituent le cortex cérébral. 'Nous sommes parvenus à ce résultat au moyen d'un procédé ridiculement simple en n'agissant pratiquement pas, et ce de manière quelque peu paradoxale, sur le milieu de culture des cellules embryonnaires', explique Pierre Vanderhaeghen.
Bien que créées en dehors du cerveau, ces cellules apparaissent alors fonctionnelles et ressembler en tout point aux neurones du cortex. Cette observation a été expérimentalement confirmée : la greffe de ces neurones dans des cerveaux de jeunes souris a bien pris. 'Une telle corticogenèse in vitro constitue un outil novateur pour la recherche pharmaceutique et médicale, souligne Pierre Vanderhaeghen. Pour la première fois, nous avons accès à une source illimitée et hautement fiable de neurones spécifiques du cortex, qui peuvent être utilisés pour modéliser les maladies neurologiques et tester de nouveaux médicaments.'
Les auteurs de cette publication ajoutent que leur méthode pourra par ailleurs constituer une alternative à certaines expérimentations animales ou humaines. A plus long terme, ce travail ouvre la perspective de greffes intracérébrales visant à lutter contre les différentes affections ayant pour siège le cortex.
'Cette publication est très intéressante à bien des égards, estime le docteur Hervé Chneiweiss, directeur du laboratoire plasticité gliale du Centre Paul-Broca (Paris). Il importe toutefois de préciser que le milieu de culture qui a été utilisé n'a rien de ridiculement simple. C'est un milieu désormais considéré comme classique et dénommé N2, mis au point par Gordon Sato en 1979. Il visait déjà à faire pousser des neurones foetaux de souris.'
Pour le docteur Chneiweiss, ce milieu de culture diffère des milieux de prolifération de cellules souches in vitro, qui contiennent généralement du sérum de veau foetal ou des facteurs moléculaires de croissance. A ce titre, il pourrait à terme faciliter le passage à des essais cliniques expérimentaux chez l'homme. 'Ce qui me surprend en fait le plus dans ce travail, confie le docteur Chneiweiss, ce sont les expériences de greffe. Voir, comme le montre cette publication, des axones pousser sur de telles distances et sur une période de quatre semaines seulement ne peut pas ne pas étonner.' 'Mais attention, prévient-il, l'expérience porte sur la souris et, pour diverses raisons techniques, ces résultats ne peuvent être immédiatement transposables à l'homme.'"
Source :
Article de Jean-Yves Nau
LE MONDE
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