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"Ce bras miraculeux qui obéit au doigt et à l'oeil"

"Exploit. Dirigées par la pensée, les mains artificielles peuvent désormais presque tout faire."

"L'humour britannique, on adore ! En décembre 2008, Kira Mason, 51 ans, qui a perdu son bras gauche lors de l'attentat de Londres de juillet 2005, est interviewée par CBS. Elle parle de la facilité avec laquelle elle fixe son tout nouveau bras bionique sur son moignon : 'Pour la nuit, il est aussi facile à enlever et à remettre qu'un dentier ; mais, au moins, je n'ai pas à l'immerger dans un verre d'eau.' 'Mamie Cyborg' - comme l'appelle son petit-fils - est la première à bénéficier d'un membre bionique directement rattaché au squelette. Plus besoin de consacrer un temps interminable à ficeler le bras artificiel sur le moignon et à souffrir de démangeaisons. La prothèse Itap (intraosseous transcutaneous amputation prosthesis) s'emboîte d'un clic sur une tige en titane scellée dans l'humérus. Ses inventeurs, l'équipe médicale de l'University College London, ont copié la fixation des bois du cerf pour créer un dispositif traversant la peau sans provoquer d'infection.

Mais ce que Mamie Cyborg apprécie par-dessus tout, c'est la dextérité de sa nouvelle main. Impensable voilà encore quelques années. Elle saisit d'un geste délicat une délicieuse tranche de gâteau grâce à des doigts animés d'un mouvement indépendant. C'est en contractant les différents muscles de son moignon qu'elle contrôle sa main. Chaque contraction déclenche des impulsions myoélectriques captées par des électrodes fixées sur la peau. Ces signaux parviennent au micro-ordinateur de la prothèse, qui les interprète pour actionner les moteurs des doigts.

Phillip Griffiths, 47 ans, est lui aussi grand-père, mais s'il a voulu un main bionique, ce n'est pas pour pouponner ses petits-enfants. Ce qu'il désire, c'est à nouveau défoncer des portes, plaquer un suspect contre un mur ou encore porter un bouclier antiémeute. C'est que Griffiths est policier dans une équipe d'intervention. Ayant perdu son bras par la faute d'un cancer, il a convaincu la police de Londres de payer les 30 000 euros de la dernière version de la i-LIMB. Devant les caméras, Griffiths fait pivoter son pouce, bouge ses autres doigts l'un après l'autre. Les gangsters peuvent trembler : Robocop est de retour. La i-hand -ou i-LIMB - est la création de la société écossaise Touch Bionics, fondée en 1988, qui a tiré profit des recherches menées par l'hôpital d'Edimbourg pour appareiller les enfants victimes de la thalidomide. Le mois dernier, Time Magazine plaçait la i-hand au quatorzième rang des 50 inventions de 2008.

Quoique spectaculaires, les performances de la main bionique ne rivalisent pas avec celles d'une main faite de chair et de sang. Il est impossible avec cette main de jouer du piano, fût-ce 'Au clair de la lune'. 'Mais dans dix ans cela sera sans doute possible ! s'exclame Marc Maïer, patron de l'équipe sensorialité et motricité du laboratoire LNRS-CNRS. Aucun obstacle infranchissable ne s'y oppose. Les travaux sur le singe du Brésilien Miguel Nicolelis, de l'université médicale Duke, ont permis de décrypter le langage du cerveau lorsqu'il ordonne un mouvement à la main.' En 2003, Nicolelis présentait au monde une expérience incroyable ; un numéro de cirque digne du 'Plus grand cabaret du monde' de Patrick Sébastien : un singe jouant à un jeu vidéo rien que par la pensée. L'animal parvenait à contrôler le déplacement d'un point sur l'écran sans bouger un seul membre. Il se bornait à donner des ordres mentaux recueillis par des électrodes placées sur sa tête. Avant de parvenir à cet exploit, le chercheur avait entraîné son cobaye à manipuler un joystick pour faire bouger le point sur un écran. Quand le singe parvenait à le faire toucher un cercle, il recevait une récompense. Simultanément, les signaux électriques de son cerveau étaient enregistrés puis étudiés par Nicolelis, qui parvint à les utiliser pour commander un bras robotique. C'est ainsi qu'il put concevoir son incroyable numéro : le joystick fut fixé à un bras robotisé relié aux électrodes posées sur la tête de l'animal. Peu à peu, en regardant l'écran, le singe comprit que c'est lui qui faisait bouger le point lumineux. Pour la première fois, la barrière du cerveau était vaincue. Il devenait possible de prendre ses ordres sans passer par le corps. Pour cet exploit, en 2004, Time Magazine inscrivit Nicolelis dans sa liste des scientifiques les plus influents de l'année.

C'est sans doute cela qui décida, cette même année, le Pentagone à lancer un appel d'offres pour un bras bionique pleinement articulé depuis l'épaule jusqu'au poignet, doté d'une main au pouce opposable aux doigts, eux-mêmes mobiles. De plus, il exigeait que la prothèse soit légère et mobile. L'idée était de pouvoir offrir à ces malheureux militaires revenant manchots d'Irak un bras parfaitement opérationnel. En tout cas, suffisamment pour leur permettre de rempiler s'ils le désiraient. Le Pentagone donna quatre ans aux industriels pour fournir le bras miraculeux. Nous y sommes. L'Institut de réhabilitation de Chicago (RIC) et un groupe d'entreprises proposent aujourd'hui un bras bionique stupéfiant, qui bouge presque aussi vite que la pensée. Grâce aux travaux de Nicolelis, mais aussi du docteur Todd Kuiken, du RIC. Ce dernier a produit plusieurs prototypes qui ont été testés par Jesse Sullivan, un électricien de 55 ans qui a perdu ses deux bras jusqu'aux épaules après une électrocution. Avec la dernière version, il peut enfiler ses chaussettes, nouer une cravate, se raser, se peigner, manger, sortir les ordures ménagères, passer l'aspirateur, pêcher, tailler une haie...

La grande innovation du docteur Kuiken, c'est de capter les ordres du cerveau sur les nerfs qui commandaient autrefois le bras et la main. C'est ainsi qu'il a opéré Sullivan pour greffer les nerfs sectionnés sur ses muscles pectoraux. Ainsi, quand l'électricien pense à un geste, les muscles innervés produisent des impulsions myoélectriques récupérables par des électrodes posées sur la peau. Ces signaux sont envoyés à l'ordinateur de la prothèse, qui les traduit immédiatement en mouvements. Contrairement à Mamie Cyborg, Sullivan n'a pas eu de long apprentissage à faire. Comme avant son accident, sa main bionique obéit au doigt et à l'oeil. Le seul problème restant à résoudre, c'est celui du ressenti de la main. Cela ne peut se faire qu'au moyen de capteurs disposés sur la prothèse. Récemment, Claudia Mitchell a reçu de Kuiken un bras qui lui permet de ressentir le chaud et le froid. Mais déjà le chercheur promet un membre artificiel doté de 80 capteurs et pouvant bouger avec la rapidité et la dextérité d'une vraie main."

Source :
http://www.lepoint.fr
Article de Frédéric Lewino

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