"Alors que la mission Léonetti, chargée d'évaluer la loi sur la fin de vie depuis le mois d'avril 2008, prévoit de rendre ses conclusions en décembre, le journal La Croix revient sur cette question à l'occasion de la fête de la Toussaint.
Dominique Quinio pose la question d'un 'véritable choix de société : veut-on une société individualiste où chacun disposerait d'un droit à tout maîtriser de la vie, de la naissance à la mort et où le devoir de la collectivité serait de leur permettre d'exercer cette succession de droits ? Ou bien veut-on une société solidaire où la communauté humaine se donne pour mission d'accompagner, de soutenir de soigner les plus faibles, avec le souci de leur dignité et de leur bien-être, sans croire, ou surtout laisser croire, que la seule solution serait la mort ? La réponse, d'ailleurs, ne vaut pas seulement pour la fin de vie.'
A l'occasion du 2 novembre, jour où l'on honore la mémoire des défunts, l'Association pour le droit à mourir dans la dignité, qui milite pour la légalisation de l'euthanasie en France, organise la 1ere Journée pour mourir dans la dignité. Au cours de cette journée, des personnalités françaises comme Laurent Fabius, François de Closets, Noëlle Châtelet, le Dr Chaussoy et des parlementaires étrangers exposeront leur vision de la fin de vie.
La Croix a recueilli les propos de Jean Léonetti, en charge de la mission d'évaluation, sur ce sujet. Celui-ci juge cette revendication inutile et dangereuse : 'il serait plus juste de parler de journée des partisans de l'euthanasie car la dignité appartient à tout homme et ne peut être confisquée par personne.' Il dénonce le fait que l'on présente les demandes d'euthanasie comme un 'acte de courage et de liberté'. 'Ceux qui demandent à mourir le font parce qu'ils souffrent énormément ou se sentent abandonnés'. Pour lui, il ne s'agit que d'un 'choix' entre 'une impasse de vie et une fuite de la mort. (...)' 'On se trouve face à un leurre'.
Jean Léonetti distingue deux cas de figures dans les demandes d'euthanasie. Un premier cas concerne les demandes de morts, en phase terminale d'une maladie et en cas de maladie grave et incurable sans que la mort soit imminente ; un second cas lorsque la mort n'est pas imminente. Dans le 1er cas, la loi Léonetti permet de répondre à quasiment toutes les situations : 'si la personne souffre, on peut augmenter les doses de médicaments, même si cela a pour effet secondaire d'abréger sa vie. On peut aussi l'endormir à l'aide de sédatifs ou arrêter un traitement maintenant artificiellement sa vie s'il le demande. (...) la qualité de la vie prime sur sa durée'. Dans le 2nd cas, lorsque la mort n'est pas imminente, la personne revendique le droit à mourir, c'est-à-dire, le droit de se suicider. Citant l'exemple de Chantal Sébire (cf. synthèse de presse du 28 mars 2008) qui s'est suicidée au mois de mars dernier, Jean Léonetti commente : 'c'était son choix personnel respectable, mais la société n'avait pas à l'ériger en loi'.
Il souligne que le texte de loi de 2005 est 'mal connu et mal appliqué' et qu'il est besoin de préciser certains points comme 'ce qu'est un traitement d'accompagnement, une sédation' ou encore que 'l'arrêt de traitement n'est en aucune cas l'arrêt de soins'.
Pour lui, 'vouloir contrôler la vie et la mort est une erreur, largement développée dans l'opinion'. Reprenant l'affaire Sébire, il dénonce la manipulation de l'opinion publique par 'l'image et la douleur' et l''image est plus forte que la pensée'. (...) 'La véritable modernité du message est dans le développement des soins palliatifs et le prendre soin.'
Dans ce même dossier, le journal La Croix publie l'appel de six médecins pour développer en France les soins palliatifs : Régis Aubry, médecin de soins palliatifs (CHU de Bensançon), Louis Puybasset, anesthésiste-réanimateur (Pitié-Salpêtrière), Sadek Beloucif, anesthésiste-réanimateur (Avicenne), François Goldwasser, cancérologue (Cochin), Robert Zittoun, hématologue et Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d'éthique.
Ceux-ci contestent la légitimité d'un débat sur la légalisation ou non de l'euthanasie : 'Cette analyse restrictive est plus politique et partisane qu'elle ne correspond à la réalité vécue par les patients en fin de vie, leur entourage et les soignants qui s'en occupent'. Ils demandent 'la formation des professionnels' et la 'diffusion de la culture des soins palliatifs' notamment par la recherche . 'La reconnaissance universitaire de la médecine palliative que nous appelons de nos vœux est nécessaire pour répondre aux défis d'une approche éthique des soins et redonner à la médecine sa pleine compétence, au-delà de la sphère purement technique et scientifique'."
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La Croix (Dominique Quinio, Marine Lamoureux, Marie Boëton) 30/10/08 - Le Quotidien du Médecin 30/10/08 - La Vie 30/10/08
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