Ahmad, un enfant de 12 ans, a été tué par des soldats israéliens. Son père a décidé de faire don de ses organes. Jérusalem.
" 'J'ESSAIE DE RESTER un être humain'. C'est par cette phrase touchante de simplicité qu'Ismaïl al-Khatib justifie la décision la plus douloureuse de sa vie. Ce père palestinien a accepté de faire don des organes de son fils de 12 ans, Ahmad, tué la semaine dernière par des tirs de soldats israéliens à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Malgré ce tragique coup du sort, il s'est refusé à succomber à la haine et à la vengeance. Il a au contraire permis de sauver les vies de ceux qui sont censés être des 'ennemis'."
"Six Israéliens, cinq enfants et une femme, ont reçu le cœur, le foi, les poumons, les reins de celui dont le seul crime était d'avoir joué dans la rue avec un fusil en plastique, comme de nombreux autres garçons, le premier jour de la fête de l'Aïd al-Fitr marquant la fin du mois de Ramadan. Le prenant pour un 'terroriste', des soldats ont tiré sur lui, le blessant grièvement à la tête et à l'abdomen. Un porte-parole militaire a exprimé ses 'regrets'. Selon lui, les soldats ont cru avoir affaire à un 'terroriste' armé, car l'enfant se trouvait à plus de 'cent mètres' d'eux, dans un secteur où une patrouille à la poursuite d'islamistes venait d'essuyer des tirs.
Transporté à l'hôpital Rambam de Haïfa, dans le nord d'Israël, Ahmad est mort le week-end dernier. Les médecins ont demandé aux parents l'autorisation de procéder à un prélèvements d'organes. 'Je me suis rappelé à ce moment là que mon frère, qui souffrait des reins, est mort parce que nous n'avions pas trouvé de donneur à temps', explique le père. 'Peu m'importe que ses organes soient greffés sur des Israéliens ou des Palestiniens. Dans notre religion, Dieu autorise ce genre d'opération pour sauver des vies, quelles qu'elles soient', ajoute le père, qui a consulté au préalable les autres membres de sa famille ainsi que le mufti de Jénine.
Pour lui et pour son épouse Ablah, cette décision a également une valeur symbolique. 'C'est aussi un message de paix. Que les organes de mon fils aient été greffés sur des Juifs, des Druzes ou des Musulmans n'a pas d'importance. L'essentiel est de faire comprendre au monde qu'il faut arrêter de tuer des enfants', a ajouté ce père en deuil.
Effectivement, en Israël, l'espoir renait pour Samah, une filette de douze ans d'origine druze, qui a reçu le cœur d'Ahmad après cinq années d'attente et d'angoisse. 'C'est un vrai geste d'amour. J'aimerais que désormais la famille qui a accepté de faire ce don considère ma fille comme la sienne', a proclamé son père Riad Gadban, originaire de Galilée. Le foie a été greffé sur un bébé de six mois et une femme de 56 ans. Deux petits garçons de cinq ans et une fillette de quatre ans ont reçu les reins et les poumons.
Cette affaire a suscité beaucoup d'émotion en Israël. Ariel Sharon a fait parvenir ses condoléances à la famille al-Khatib. Le vice-premier ministre Ehud Olmert a téléphoné au père. 'Le geste auquel vous avez consenti va contribuer à créer une atmosphère plus propice à la compréhension et à la bonne volonté entre les deux peuples', lui a expliqué Ehud Olmert.
Malgré tout, Ismaïl al-Khatib refuse de céder à toute forme d'angélisme. 'Toutes ces félicitations ne doivent pas faire oublier l'acte criminel à l'origine de la mort de mon fils', dit-il. Avant d'ajouter: 'J'espère et j'exige que le gouvernement israélien va mener une enquête jusqu'au bout afin de déterminer les responsabilités et de traduire les coupables en justice'."
Source :
Article de Marc Henry
LeFigaro.fr (Etranger)
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