DON DE MOELLE
"Le spectre de grosse aiguille que l'on plante dans les os du bassin a fait long feu. Aujourd'hui, il est possible de faire un don de manière beaucoup moins lourde. Explications et témoignage."
"Cette année en Valais, cinq à dix personnes développeront une leucémie (cancer du sang). Pour certains malades, seule une greffe de cellules souches du sang, présentes dans la moelle osseuse, leur permettra de vaincre leur mal. Un quart d'entre eux auront la chance de trouver un donneur auprès de leurs frères et soeurs. Pour les autres, la procédure ne sera possible que dans la mesure où une personne possédant une compatibilité des caractéristiques HLA (carte d'identité de toutes les cellules d'un être vivant) se sera enregistrée comme donneur de moelle non apparenté. Soixante-cinq registres, tous en réseau, existent aujourd'hui dans le monde, laissant pour l'heure une chance sur deux à un malade de bénéficier d'une transplantation de moelle. Si le nombre de donneurs augmente régulièrement en Suisse - ils sont actuellement près de 21000 - notre pays, comme pour le don d'organes, se situe parmi les cancres de la statistique internationale avec seulement 2,8 donneurs pour mille habitants. Depuis cinq ans, la pratique générale consiste pourtant à effectuer le prélèvement dans le sang du donneur à l'aide d'un cathéter veineux. Une procédure indolore qui, loin de l'anesthésie générale et de la ponction, exige du donneur d'offrir surtout de son temps... en plus de ses cellules souches. Explications du Docteur Pierre-Yves Lovey, vice-président de l'association Don de moelle et médecin adjoint au Service régional valaisan de transfusion sanguine CRS.
Docteur Lovey, à quoi sert une transplantation de moelle ?
'Elle permet de remplacer par des cellules saines les cellules malades de la moelle d'un patient. Moelle que l'on aura au préalable détruite par une chimiothérapie très intensive. Elle possède également un effet immunologique, dans la mesure où les cellules du donneur vont réagir contre les cellules leucémiques.'
Qui peut être donneur de moelle ?
'On peut être donneur de moelle non apparenté entre 18 et 55 ans et il est possible de se faire enregistrer jusqu'à l'âge de 45 ans. Il suffit pour cela de jouir d'une bonne santé et d'être apte au don du sang. Une prise de sang permet de déterminer dans un premier temps les antigènes HLA présents à la surface des globules blancs puisque c'est d'eux que dépendent la compatibilité entre le donneur et le receveur et par là, le succès de la transplantation. Ce sont ces identités HLA qui sont ensuite transmises au registre de la Fondation suisse pour les cellules souches du sang.'
Et si le donneur est appelé ?
'Une nouvelle prise de sang est alors effectuée et envoyée au centre qui va greffer le patient afin que les analyses soient affinées. Si la compatibilité est vérifiée, le donneur va subir un bilan de santé complet afin que nous soyons certains que le prélèvement ne représente aucun risque pour lui, mais aussi qu'il n'a pas une maladie qui contre-indiquerait le don de cellules souches.'
Quelle est la manière de procéder pour récolter ces cellules ?
'La moelle où se trouvent les cellules souches est présente dans les os. C'est elle qui permet la fabrication du sang. Il ne faut d'ailleurs pas la confondre avec la moelle épinière, prolongation du système nerveux central dans la colonne vertébrale. L'ancienne méthode consistait à ponctionner de la moelle dans l'os du bassin. Cette opération, pratiquée sous anesthésie générale, durait une heure et demie environ et entraînait, les jours suivants, quelques douleurs semblables à des contusions. Il nous est possible depuis une dizaine d'années de procéder par aphérèse. Un cathéter inséré dans le pli du coude est branché à une sorte de centrifugeuse qui va sélectionner les cellules souches, alors que le sang restant est réinjecté directement dans l'autre bras par un deuxième cathéter. Cette procédure, qui dure environ quatre heures, et peut être répétée une deuxième fois le lendemain, est beaucoup moins lourde. Elle nécessite cependant de faire passer les cellules souches de la moelle dans le sang pendant les cinq jours qui précèdent le prélèvement. Cela se produit par l'injection sous-cutanée d'un facteur de stimulation des globules blancs deux fois dans la journée. Ce traitement est effectué depuis longtemps et nous possédons des certitudes quant à sa sécurité. Les donneurs sont en effet suivis pendant dix ans après le don.'
Que va-t-il alors se passer chez le malade ?
'La transplantation chez le malade a lieu par une simple transfusion des cellules souches, après le traitement de chimiothérapie. C’est un peu un miracle : les cellules saines vont se réinstaller là où il le faut et redonner des globules rouges, des globules blancs, et des plaquettes au patient. Selon les pathologies, la greffe permet une amélioration considérable des chances de guérison. Ce don est souvent la seule chance qu’il reste aux malades.'"
Source :
Article d'Emmanuelle Es-Borrat
http://www.lenouvelliste.ch
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