"Malgré les progrès considérables accomplis par le passé, de nombreuses avancées sont encore nécessaires pour améliorer le prélèvement d'organes et garantir le succès de la transplantation à long terme. Comment résoudre le problème de la pénurie de donneurs ? Comment optimiser les traitements immunosuppresseurs lourds et peu spécifiques ? Existe-t-il une possibilité de diminuer ou d'éviter les multiples complications post-transplantation ?"
"En 2007, plus de 275 000 européens vivaient avec un organe greffé et des milliers étaient en attente d'un greffon.
En France, le nombre de greffes a augmenté de 44 pour cent depuis l'année 2000.
En 2008, près de 13 800 personnes nécessitaient une greffe d'organe et 222 patients sont décédés faute d'être greffés à temps. Chaque année, le nombre de personnes inscrites en liste d'attente progresse de 4 pour cent environ."
[Ce chiffre est en fait à préciser, car il faut inclure à la fois les "anciens" patients, qui reviennent sur la liste d'attente car leur greffe n'a pas fonctionné, et les "nouveaux" patients en attente de greffe. Il y a donc une véritable explosion du nombre de patients en attente de greffe, et non une augmentation de 4 pour cent, auquel cas il n'y aurait pas de problème de pénurie d'organes à greffer. Plus de 70 pour cent des patients en attente de greffe ont besoin d'un rein, qui n'est pas un organe vital. Ndlr]"La transplantation a fait l'objet d'avancées majeures en chirurgie, médecine et recherche au cours des vingt dernières années. Malgré un succès indéniable à court terme, les patients greffés doivent faire face au risque de rejet chronique et à des complications sur le long terme.
Avec l'augmentation des maladies chroniques et le vieillissement de la population, les greffes deviennent de plus en plus fréquentes et entraînent une pénurie de greffons. Cette situation justifie de dresser la liste des acquis et de définir des axes de recherche à promouvoir.
À la demande de l'Agence de la biomédecine, l'Inserm a réuni un groupe d'experts spécialistes de différents domaines de la transplantation afin de réaliser, selon la procédure d'expertise collective, un bilan des connaissances scientifiques et médicales sur la transplantation d'organes solides (rein, foie, coeur, poumon).
Cette expertise analyse des domaines de recherche prioritaires pour améliorer les résultats quantitatifs et qualitatifs de la greffe.
Les conditions du prélèvement de l'organe, de sa conservation et de son implantation chez le receveur jouent un rôle clé pour la réussite de la greffe.Le groupe d`experts recommande donc de :
Définir les possibilités d'élargissement du profil des donneurs tels que les donneurs décédés après arrêt cardiaque ; donneurs vivants ; établir des scores de risques pour le receveur,
Acquérir une meilleure connaissance des lésions du greffon liées au prélèvement et à son implantation chez le receveur ; développer de nouvelles générations de solutions de conservation des greffons plus protectrices,
Mieux comprendre les mécanismes de tolérance, de rejet aigu et chronique avec le développement de nouveaux marqueurs de surveillance du statut immunitaire de la greffe,
Développer de nouvelles stratégies immunosuppressives prenant en compte la variabilité génétique de la réponse au traitement immunosuppresseur ; soutenir le développement de nouveaux immunosuppresseurs sans effet toxique sur le rein, ne favorisant pas la survenue de cancer et susceptibles d'induire une tolérance ;
Améliorer la maîtrise des complications avec une évaluation du risque infectieux, métabolique et de cancer ; promouvoir l'éducation des patients et la formation des équipes de transplantation aux complications.
Les experts soulignent la dimension particulièrement multidisciplinaire de la recherche en transplantation et insistent sur le développement d'un programme structuré de recherche dans le cadre d'une organisation en réseau des différents centres de transplantation et des laboratoires de recherche."
Synthèse de l'expertise disponible sur le site de l'InsermGroupe d'experts
Monique BERNARD, Centre de résonance magnétique biologique et médicale (CRMBM), CNRS UMR 6612, Université de la Méditerranée, Marseille
Lucienne CHATENOUD, Service Immunologie biologique, GHU-Ouest Necker-Enfants malades ; Inserm U 580, Université Paris Descartes-Paris 5, Paris
Philippe COMPAGNON, Service de chirurgie hépato-biliaire et digestive, CHU de Rennes ; Inserm U 522, Université de Rennes 1, Rennes
Maria Cristina CUTURI, Institut de transplantation et de recherche en transplantation (ITERT), Inserm UMR-S 643, Université de Nantes, Nantes
François DURAND, Service d'hépatologie et Unité de réanimation hépatodigestive, GHU-Nord Beaujon ; Inserm U 773, Université Paris Diderot-Paris 7, Paris
Antoine DURRBACH, Service de néphrologie, GHU-Sud Bicêtre ; Inserm U 542, Université Paris-Sud 11, Villejuif
Philippe GRIMBERT, Service néphrologie et transplantation, GHU-Sud Henri Mondor ; Inserm U 955, Université Paris 12 Val de Marne, Créteil
Thierry HAUET, Service de biochimie, CHU de Poitiers ; Inserm U 927, Université de Poitiers, Poitiers ; Plateforme IBiSA, Surgères
Philippe LANG, Service néphrologie et transplantation, GHU-Sud Henri Mondor ; Inserm U 955, Université Paris 12 Val de Marne, Créteil
Christophe LEGENDRE, Service de transplantation rénale adulte, GHU-Ouest Necker-Enfants malades ; Inserm U 580, Université Paris Descartes-Paris 5, Paris
Emmanuel MORELON, Service de néphrologie, médecine de transplantation et immunologie clinique, CHU de Lyon ; Inserm U 851, Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon
Didier SAMUEL, Centre hépato-biliaire, GHU-Sud Paul Brousse ; Inserm UMR-S 785, Université Paris-Sud 11, Villejuif
Laurent SEBBAG, Pôle médico-chirurgical de transplantation cardiaque, CHU de Lyon ; Inserm U 886, Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon
Gabriel THABUT, Service de pneumologie B et transplantation pulmonaire, GHU-Nord Bichat - Claude Bernard ; Inserm U 738, Université Paris Diderot-Paris 7, Paris
Notes de lecture
Bernard CHARPENTIER, Service de néphrologie, dialyses, transplantation, GHU-Sud Bicêtre ; Inserm UMR-S 542, Université Paris-Sud 11, Paris
Yvon LEBRANCHU, Service de néphrologie et immunologie clinique, CHU de Tours ; EA 4245, Université François Rabelais, Tours
Jean-Paul SOULILLOU, Institut de transplantation et de recherche en transplantation (ITERT), Inserm UMR-S 643, Université de Nantes, Nantes
Intervenants
Dominique DEBRAY, Service d'hépatologie pédiatrique, GHU-Sud Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre
Patrick NIAUDET et Rémi SALOMON, Service de néphrologie pédiatrique, GHU-Ouest Necker-Enfants malades, Paris
Source :http://www.viefemme.com