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Mieux protéger le don d’organes entre vivants

La loi de bioéthique du 6 août 2004 élargit les donneurs d’organes entre vivants à la famille au sens large. à l’instar du professeur Soubrane, des médecins réclament un meilleur statut pour protéger le donneur.

Olivier Soubrane est professeur de chirurgie digestive et chef de service à l’hôpital Cochin à Paris. Il a publié samedi dernier dans le Monde une tribune sur «Les aléas du don d’organes entre vivants».

La loi relative à la bioéthique du 6 août 2004 autorise désormais le prélèvement et le don d’organes entre vivants aux membres de la famille au second degré. C’est-à-dire, en plus des parents et frères et soeurs, aux cousins, oncles, tantes, grands-parents et aux conjoints ainsi qu’à toute personne faisant la preuve de deux ans de vie commune avec le receveur. Un élargissement que vous souhaitez mieux encadré, pourquoi ?



Olivier Soubrane. Le côté incitatif de la loi, qui autorise à aller plus loin que par le passé, est une bonne chose. Les décrets d’application de cette loi, sortis fin mai, imposent désormais que le donneur rencontre un collège d’experts chargé de rendre un avis. Avec Valérie Gateau, doctorante en philosophie, nous avons effectué une enquête, financée par l’agence de biomédecine, pour évaluer le ressenti des donneurs un an après le prélèvement. Ce que l’on a voulu mettre en lumière, c’est que d’un point de vue médical, nous étions tout à fait d’accord avec cette loi, mais d’un point de vue psychologique, social et professionnel, des progrès restent à faire. Nous nous sommes aperçus, en écoutant les donneurs, que rien n’était prévu sur le plan matériel. Le prélèvement, les déplacements pour le donneur sont entièrement pris en charge pas la Sécurité sociale, mais rien n’est prévu pour les arrêts de travail et des conséquences sur la vie des gens. Et en cas de complication, le donneur n’a aucune possibilité d’assurance ni aucune compensation possible. Il n’est, bien sûr, pas question d’évoquer une quelconque rémunération, mais plutôt de mieux protéger les donneurs. La sécurité médicale est une chose, mais le soutien social et matériel est aussi important.

Vous estimez que le prélèvement d’un organe sur une personne bien portante pour, parfois, sauver un de ses proches, n’est pas un acte anodin. Expliquez-vous...

Olivier Soubrane. Il est bien difficile de comprendre tous les mécanismes qui régissent une famille, les éventuels conflits, les relations particulières qui peuvent exister dans la cellule familiale. Même après plusieurs entretiens. Parfois, on comprend les choses plus tard, une fois que la greffe a eu lieu. Je me souviens que des membres d’une famille en ont voulu à la femme d’un homme d’avoir donné une partie de son foie, tandis que des contre-indications avaient empêché les frères du greffé de faire ce don. Cette complexité nous a poussés à réclamer un avis extérieur avant d’effectuer l’opération. Le comité d’experts joue ce rôle.

Source :
Entretien réalisé par Maud Dugrand
L'Humanité

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