"Classiquement, on se tourne vers les donneurs d'organes en état de mort cérébrale. Mais les donneurs potentiels après arrêt cardiaque sont deux fois plus nombreux."
"Chaque année, de 200 à 250 personnes en état de mort cérébrale sont donneurs d'organes en Belgique. De l'autre côté, quatre à cinq fois plus nombreux sont celles et ceux qui attendent, désespérément, un foie, des reins ou des poumons. Alors que les greffes d'organes deviennent de plus en plus performantes, avec une espérance de vie sans cesse allongée et améliorée, le manque de 'matière première' se fait dramatiquement croissant, entraînant une hausse de la mortalité sur les listes d'attente. Que faire dès lors face à cette pénurie, sinon déjà convaincre le plus grand nombre de se porter donneur ?"
Trop peu utilisés
"Il existe cependant une autre solution qui permettrait de remédier partiellement au problème comme l'ont expliqué les participants au premier symposium national sur la greffe d'organes des donneurs à coeur non battant, qui s'est tenu vendredi à Bruxelles. Dans ce long intitulé, la réponse est donnée: alors que l'on a classiquement recours aux patients en état de mort cérébrale, les décès après arrêt cardiaque représentent en fait un groupe environ deux fois supérieur aux donneurs potentiels à coeur battant, ont souligné les intervenants au colloque, intimement convaincus que les donneurs à coeur non battant (après cinq minutes d'arrêt) constituent aujourd'hui un groupe trop peu utilisé.
'Or, moyennant le respect de certains protocoles médicaux, chirurgicaux et éthiques, il est tout à fait possible de prélever des organes sur un patient après arrêt cardiaque, explique le Dr Jacques Pirenne, chef du service de transplantation abdominale, de l'UZ Gasthuisberg Louvain, cela se faisait dans les années 60, puis nous avons abandonné cette pratique pour y revenir en 2003. Depuis lors, nous avons réalisé en Belgique 16 transplantations de foie avec des résultats légèrement inférieurs à ceux effectués à partir de patients en état de mort cérébrale et 40 transplantations de reins avec des résultats équivalents. Nous allons bientôt démarrer les poumons qui devraient donner de très bons résultats car ces organes demeurent oxygénés par la trachée.'
Organes plus sensibles
Certains organes résistent en effet mieux que d'autres au fait d'avoir été exposés à une période d'arrêt de la circulation sanguine et de la respiration: ainsi les reins et les poumons semblent bien tolérer cet état alors que le foie paraît plus sensible et ne pas résister au-delà d'une demi-heure. Cela dit, des progrès notoires ont été réalisés ces dernières années au niveau de la conservation des organes une fois prélevés.
'Il va sans dire que des principes directeurs éthiques stricts doivent être appliqués à l'égard des donneurs à coeur non battant, tout comme dans le cas du don d'organes en général, insiste encore le Dr Pirenne. Ce n'est que lorsque toutes les solutions médicales et chirurgicales sont épuisées et que l'arrêt cardiaque est irréversible et a été diagnostiqué de manière incontestable par une équipe de médecins indépendants de l'équipe de transplantation qu'un patient peut être considéré comme donneur à coeur non battant potentiel'."
Source :
Article de Laurence Dardenne
© La Libre Belgique 2006
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