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La première greffée du visage devant les caméras

"[...] la jeune femme qui s'est fait greffer le visage est apparue hier en conférence de presse aux côtés des Professeurs Dubernard et Devauchelle qui l'avait opérée.

[Elle] (...) est revenue sur son accident et sur les raisons qui l'ont conduite à accepter une telle intervention. Les médecins ont donné une explication technique de la greffe (quinze heures au bloc opératoire) et sont revenus sur l'état de la réaction immunologique.

Deux mois après sa greffe du 'triangle nez-lèvres-menton', la patiente suit toujours un traitement immunosuppresseur lourd. Au 18ème jour après la greffe, une alerte de rejet a eu lieu mais a été traitée. Le Pr Dubernard précise : 'la peau est la cible d'un rejet sévère. Aussi, pour accroître la tolérance du greffon, nous avons ajouté au traitement anti-rejet des greffes de cellules souches de moelle osseuse prélevées chez la donneuse'.

Aujourd'hui, [la jeune femme greffée] (...) est toujours hospitalisée. Elle suit une kinésithérapie pour retrouver la mobilité du visage, la sensibilité revenant petit à petit.

Le Pr Dubernard a annoncé qu'il allait demander au ministère de la Santé l'autorisation de pratiquer 5 nouvelles greffes de visage. Cette demande, a précisé le Pr Devauchelle, est destinée 'à conforter la technique' et s'inscrit dans le cadre d'un projet de 'recherche clinique'."

"Libération revient sur la mise en scène de cette conférence de presse qui accueillait une quinzaine de télévisions étrangères et une centaine de journalistes. Bernard Zekri, directeur de la rédaction d'i-télé qui retransmettait en direct la conférence de presse comme LCI, reconnaît 'une exploitation un peu business, une compétition médiatique entre toubibs'."

© genéthique.org

"Chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse des articles de bioéthique parus dans la presse et dont les sources sont indiquées dans l'encadré noir. Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction."

Source : La Croix (Florence Quille) - Libération (J-P.T, M.E, J.L, R.G, C.Ma et I.R) - Le Figaro (Catherine Petitnicolas) - L'express.fr (Eric Lecluyse) - nouvelobs.com

==> Dossier sur la greffe du visage, mis en ligne sur Doctissimo.

La greffée du visage se présente au public

"Devant une impressionnante armada de caméras et de micros du monde entier, celle qui fut longtemps la mystérieuse 'femme au visage greffé' a décidé avec courage et dignité de faire sa première sortie publique. Un peu plus de deux mois après la très lourde intervention (quinze heures au bloc opératoire) qu'elle a subie, une greffe partielle de visage. Une première mondiale réalisée par deux équipes françaises, le 27 novembre 2005 et qui avait reçu l'aval de diverses instances dont l'Agence de la biomédecine.

'Ma première impression je l'ai eue après l'opération, en me regardant dans la glace. J'étais heureuse', raconte [la jeune femme] (...), visiblement émue, entourée dans l'amphi du CHU Nord d'Amiens par ses chirurgiens et l'une des psychiatres qui lui assure un soutien régulier. Mais cette jolie jeune femme blonde de 38 ans, atrocement défigurée par son chien en mai 2005 au niveau du nez des lèvres et du menton a retrouvé un visage humain. Alors qu'elle était restée près de six mois avec un masque pour ne pas affronter les regards inquisiteurs et les réflexions des gens et qu'elle ne pouvait plus ni parler ni manger normalement.

'Certes mon nouveau visage n'a plus rien à voir avec celui d'avant. Mais depuis le jour de l'opération, j'ai un visage, comme tout le monde...' dit-elle sobrement, la voix encore monocorde et légèrement déformée, désireuse avant tout de remercier la famille de la donneuse de greffe, 'qui malgré son malheur, a accepté de redonner une deuxième vie à des personnes en détresse.'

Sous les flashs crépitants des photographes, [la jeune femme] (...) boit un verre d'eau. Elle qui ne pouvait plus ouvrir la bouche de guère plus de 3 mm après son accident. Certes les cicatrices sont encore visibles sur les tempes. Certes la partie inférieure de son visage semble encore figée avec une lèvre inférieure qui n'a pas retrouvé toute sa tonicité. Mais la jeune femme, qui reconnaît n'avoir jamais ressenti de douleurs physiques, peut s'exprimer et sourire.

Traitement à vie

Et dit apprécier de pouvoir à nouveau transmettre ses émotions au travers de ce nouveau visage qu'elle commence à s'approprier. 'Depuis peu, je sens à nouveau mes lèvres et mon nez. Et je n'ai qu'une seule envie rentrer chez moi tout de suite pour retrouver mes deux filles, ma mère et mes amis', ajoute-t-elle tout en reconnaissant la nécessité de poursuivre sa rééducation à l'hôpital 'pour réactiver tous ses muscles' et de s'astreindre à la prise à vie d'un traitement immunosuppresseur.

Le Pr Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo-faciale d'Amiens, coordinateur de l'équipe de cinquante personnes qui a réalisé cette délicate transplantation et le Pr Jean-Michel Dubernard, coordinateur de l'équipe de Lyon qui s'est occupée de la mise en route et du suivi du traitement immunosuppresseur sont longuement revenus sur les accusations de manquement à l'éthique suscitées par cette intervention, de surcroît très médiatisée. 'Certains pensent que nous sommes allés vite en besogne', a répondu le Pr Devauchelle. 'Mais nous avons l'expérience des autogreffes (NDLR réalisées avec des greffons prélevés sur le patient) et celles-ci n'auraient pas donné les résultats espérés', a-t-il ajouté en projetant la photo d'un visage difforme et sans nez : ce qu'aurait été cette patiente, après sept ou huit opérations successives si on avait dû en passer par ces autogreffes.

'En fait très vite s'est imposée l'évidence que la transplantation de face était la seule solution possible', reconnaît le Pr Devauchelle, 'il nous a fallu ensuite vaincre de nombreux obstacles, administratifs, éthiques, psychologiques.' Avant même de procéder à la double intervention, sur la donneuse décédée et sur la receveuse. Pour préserver l'aspect de la donneuse et respecter sa dignité, des prothésistes ont restauré son visage à l'identique après avoir réalisé des moulages préalables.

'Retrouver ses fonctions'

Huit chirurgiens se sont relayés autour de la donneuse, puis de la préparation du greffon puis enfin de la reconstruction. Chez la receveuse, il a fallu disséquer minutieusement les différents plans constitués par les muscles et les nerfs faciaux et repérer les petits vaisseaux. Or une cicatrisation anarchique des tissus de la face s'était produite durant les six mois écoulés entre l'accident et la greffe. 'Il a fallu disséquer plus en amont pour trouver des artères suffisamment grosses permettant un raccordement. Cela a été le moment le plus tendu des presque vingt-quatre heures de l'opération', a reconnu le Pr Devauchelle, ajoutant que ce type de difficultés pose le problème des greffes d'urgence.

'Mais ce n'est pas tout de redonner vie à un visage mutilé, encore faut-il pouvoir lui faire retrouver toutes ses fonctions et ce sera l'étape la plus longue.' Cela passe bien sûr par une rééducation intensive, de la déglutition, de la mastication, de la phonation, en sachant que les labiales sont les plus difficiles à prononcer. Au niveau de la sensibilité, l'IRM fonctionnelle montre déjà des résultats positifs, avec des signaux cérébraux qui témoignent d'une réappropriation d'une partie du visage. Autre difficulté, à l'heure actuelle maîtrisée par l'équipe du Pr Dubernard, celle des risques de rejet de la greffe.

Forts de ce succès, les deux chirurgiens ont demandé au ministère de la Santé l'autorisation de pratiquer cinq nouvelles greffes de ce type."

Source :
Catherine Petitnicolas
Le Figaro.fr Sciences et Médecine

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