"Inestimable quant à sa contribution à l’avancée de la médecine à Maurice, le Human Tissue (Removal, Preservation, and Transplant) Bill sera présenté en première lecture, aujourd’hui, à l’Assemblée nationale. Ainsi renaît l’espoir pour des malades dont la vie dépend d’une greffe du cœur ou du rein, comme par exemple, ceux souffrant d’insuffisance cardiaque chronique".
"Pour la profession médicale, il s’agit d’un pas de géant. Nombreux, en effet, sont les médecins faisant état de malades forcés à chercher un cœur ou une cornée à l’étranger faute de législation appropriée ici. 'Certains patients souffrant d’insuffisance cardiaque ne peuvent trouver leur salut dans la chirurgie classique. Vu que nous avons aujourd’hui la technicité, cette loi une fois votée, nous permettra de le faire chez nous', soutient ce chirurgien cardiaque. Il prévoit que plus d’une vingtaine de malades pourront bénéficier de la transplantation.
Si un cœur prélevé chez un donneur doit être transplanté chez le receveur dans un délai de quatre heures, ce chirurgien précise qu’il est possible de 'le faire dans au moins deux heures maintenant', à condition, bien entendu, que donneur et receveur soient du même groupe sanguin.
Il précise aussi que pour le don d’organes en cardiologie, ce sont le plus souvent des sujets de moins de 40 ans non-fumeurs. Ils ne doivent pas non plus être diabétiques ou présenter d’autres complications médicales. Une autre possibilité qui s’ouvre avec cette nouvelle législation est le prélèvement des valves cardiaques. 'Au lieu des valves mécaniques, nous allons pouvoir passer à une autre étape importante qui est le prélèvement des valves', fait remarquer le chirurgien cardiaque.
Contrairement aux cœurs, les valves se conservent pendant plus de six mois. Cependant, les autorités médicales doivent s’assurer que les valves soient conservées dans des conditions très strictes de stérilité.
Outre les patients cardiaques, ceux souffrant de problèmes rénaux trouveront leur compte avec cette loi. C’est ainsi que le président des Associations des cliniques privées, Patrick Chui Wang Cheong, se réjouit surtout pour ceux qui subissent des dialyses. 'Il est vrai que nous pratiquons déjà la transplantation rénale mais elle se faisait surtout entre frères et sœurs qui se portent volontaires. Mais les écueils existent. Or, cette loi offrira de multiples possibilités.'
Comme pour les reins, la transplantation de la cornée se pratiquait déjà à Maurice. Jusqu’ici, ceux souffrant d’un keratocône (déformation de la cornée) recevaient des organes de l’étranger, notamment du Sri Lanka, et ce, avec le concours du Lions Club. La nouvelle législation permettra le prélèvement sur une personne décédée à Maurice. Le projet de la banque des yeux s’inscrit dans ce contexte. Une cornée peut être préservée sur une période d’un mois maximum.
Autorisations indispensables
Les dispositions de la loi permettent aussi à une personne de faire un don d’organe –qu’il soit capable de se régénérer ou non – tant que deux médecins peuvent certifier que ce don ne risque pas de nuire à la santé du donneur.
Une personne peut également, avant de mourir, faire connaître son intention de donner ses organes. Pour ceux qui n’ont pas exprimé cette intention au préalable, un membre de la famille – femme, enfant ou un de ses héritiers – peut le faire. Dans le cas du décès d’un mineur, ce sont les parents qui devront donner l’aval pour le prélèvement des organes, que ce soit pour sauver une vie ou pour la recherche.
Le Human Tissue (Removal, Preservation, and Transplant) Bill met aussi l’accent sur les moyens de prévenir le trafic d’organes. Plusieurs garde-fous existent : certaines autorisations seront indispensables et plusieurs procédures devront être respectées avant que l’Organ and Tissue Transplant Board donne son aval. Ce comité sera constitué du Chief Medical Officer, qui sera le président, du représentant du bureau de l’Attorney General, de trois médecins spécialistes, de trois autres personnes recommandées par le ministre, entre autres.
De plus, le médecin ayant attesté le décès du donneur ne sera pas autorisé à effectuer le prélèvement. Une disposition de cette loi prévoit aussi que le ministre s’assure que l’essentiel de la loi soit vulgarisé auprès du public. Toute personne trouvée coupable d’infraction à cette loi risque une peine d’emprisonnement de quinze ans au maximum et une amende de Rs 500 000."
Source :
Article de Jane L. O’NEILL
www.servihoo.com
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