Deux équipes de scientifiques japonais et américains, travaillant séparément, ont réussi au même moment à transformer des cellules de peau humaine en cellules souches. Selon deux études publiées mardi 20 novembre, les chercheurs ouvrent ainsi un accès potentiellement illimité au remplacement de tissus ou d'organes endommagés. Leur nouvelle méthode, une fois améliorée, pourrait permettre de créer des cellules souches ayant le code génétique du patient, éliminant ainsi les risques de rejet.
"Cette découverte 'va complètement changer le champ' des recherches, estime James Thomson, l'auteur de l'étude américaine publiée par l'édition en ligne du magazine Science. Ce travail 'est monumental par son importance dans le champ de la recherche sur les cellules souches embryonnaires et par son impact potentiel sur notre capacité à accélérer les applications de cette technologie', a commenté Deepak Srivastava, directeur de l'Institut Gladstone sur les maladies cardiovasculaires."
UNE PRATIQUE RISQUÉE
"L'équipe japonaise, conduite par Shinya Yamanaka, de l'université de Kyoto, est parvenue à créer une lignée de cellules souches à partir de 5 000 cellules. Son étude paraîtra le 30 novembre dans le magazine Cell. L'équipe américaine de James Thomson, de l'université du Wisconsin à Madison, pionnière dans l'obtention de cellules souches embryonnaires en 1998, réussit à reprogrammer une cellules sur 10 000, mais sans le recours à un gène connu pour être cancérigène.
Les deux équipes ont réussi à transformer les cellules de peau en cellules souches en insérant quatre gènes différents dans les cellules au moyen d'un rétrovirus. Mais cette pratique présente des risques. En effet, les cellules conservent une copie du virus utilisé pour y insérer des gènes. La prochaine étape-clé, selon le journal Science, sera de trouver un moyen d'activer les gènes qui permettent aux cellules de peau de régresser en cellules souches sans utiliser de rétrovirus."
"SURMONTER LES PROBLÈMES D'INNOCUITÉ"
"Par ailleurs, l'accès aux cellules souches embryonnaires, même à des fins de recherche, est limité en raison de considérations éthiques sur l'utilisation et le clonage d'embryons humains. De plus, les organes transplantés obtenus à partir de cellules souches embryonnaires peuvent être rejetés par le patient. En permettant aux scientifiques d'avoir un accès plus facile aux cellules souches, elle devrait aussi permettre de faire avancer rapidement la recherche pour le traitement du cancer, des maladies d'Alzheimer et de Parkinson, du diabète, de l'arthrite, des lésions de la moelle épinière, des attaques, des brûlures et des maladies cardiaques.
'Il est presque inconcevable, au rythme où évolue la science, que nous ne trouvions pas un moyen d'y arriver', a déclaré au magazine Science Douglas Melton, spécialiste de la recherche sur les cellules souches à l'université Harvard.'Si nous arrivons à surmonter les problèmes d'innocuité, nous pourrons utiliser les cellules iPS [cellules souches pluripotentes] humaines dans les thérapies de transplantation cellulaire', espère M. Yamanaka, qui juge cependant 'prématuré de conclure que les cellules iPS puissent remplacer les cellules souches embryonnaires'. Enfin, le professeur Yamanaka rappelle que 'nous sommes encore loin de la découverte de traitements ou de thérapies à partir des cellules souches'."
Les réactions des abonnés du Monde.fr à la lecture de cet article :
Sonia
20.11.07 | 21h59
"Cette découverte est passionnante et ouvre la voie à de réelles utilités thérapeutiques, dans l'obtention potentielle de cellules souches à partir d'un tissu, mais aussi tout simplement dans l'idée de pouvoir reprogrammer l'expression génétique d'une cellule, de manière à modifier sa fonction. Il est temps que la France ait envie de même, au lieu d'énoncer les avancées scientifiques qui ont lieu dans d'autres pays, de financer la recherche et de mettre la priorité sur la santé et la science."
LEMONDE.FR
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