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Transplantations d'organes : vers la "marchandisation"?

"La première transplantation d'organes solides chez l'humain a eu lieu aux États-Unis en 1954 : c'était une transplantation rénale entre jumeaux homozygotes. Depuis, on a aussi appris à greffer des foies, des pancréas, des coeurs. Plus récemment, des mains et même... des visages. Sans oublier des veines, des cornées et de la moelle osseuse.
Aujourd'hui, cette procédure chirurgicale, jugée exceptionnelle il n'y a pas si longtemps, fait désormais partie de la routine dans le monde médical. On fait, au bas mot, une centaine de milliers de greffes chaque année dans le monde.
Questions
Qu'est-ce que la montée en force des greffes d'organes a changé dans nos sociétés ? Dans nos représentations de la mort (puisque la très grande majorité des greffons proviennent de donneurs décédés) ? Dans nos conceptions de la solidarité (puisque certains greffons, comme le rein, proviennent parfois de donneurs vivants) ?
Après la phase expérimentale du début, la greffe d'organes est devenue un véritable service médical. Qu'est-ce que ce changement d'échelle a provoqué comme modifications dans les façons de chercher les organes, de solliciter les donneurs éventuels, de récolter les greffons (puisqu'il faut les prélever le plus vite possible après le décès du donneur) ?
Et comme il y a toujours, et même de plus en plus, pénurie d'organes, ne risque-t-on pas de voir s'instaurer une 'marchandisation' de la transplantation? Si les organes donnés ont une valeur humaine, pourquoi ne pourraient-ils pas être vendus et acquérir ainsi une valeur marchande ? Mais si cette idée répugne à l'esprit, comment rechercher plus activement des organes, tout en évitant ou interdisant leur vente et leur achat ?
Espoir, désespoir
Ces questions, le sociologue Philippe Steiner, de la Sorbonne, les pose avec beaucoup d'acuité et de profondeur dans son livre La transplantation d'organes : Un commerce nouveau entre les êtres humains, paru aux éditions Gallimard.
Certaines personnes, note-t-il, avancent qu'avec une approche mercantile du domaine, on pourrait trouver plus de greffons, diminuer les coûts de santé et sauver davantage de vies. Ces personnes préconisent donc de mettre en place un marché des organes destinés à la transplantation.
Philippe Steiner s'oppose à cette dérive. On ne peut pas faire n'importe quoi, n'importe comment, sous prétexte qu'on va aider certains malades à guérir ou à vivre plus longtemps, dit-il en substance.
Par exemple, on ne saurait accepter un commerce (un trafic?) d'organes entre donneurs pauvres et receveurs riches. On ne peut accepter que s'organise ce qu'il appelle 'une traite de transplantation', comme on a déjà eu la traite des Noirs.
Avec beaucoup d'à propos, il rappelle aussi qu'on ne peut céder aux mirages de la 'thérapeutique du désespoir', cette approche qui justifie n'importe quelle sorte de procédure médicale ou chirurgicale, même la plus incertaine ou étrange, sous prétexte qu'on n'a rien d'autre à offrir à des patients désespérés.
Cette remarque, soit dit en passant, n'est pas seulement valable pour les greffes : elle l'est tout autant pour des maladies graves contre lesquelles on n'a pas de traitement curatif."
http://virginielejeu.com/nouvelles/carnets/2011/02/04/132247.shtml?auteur=2091

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