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Transplantation cardiaque : quand les journalistes présentent la chose au grand public

Cherchez l'erreur, ou l'approximation dans l'article suivant, intitulé : "Dans une heure, je pose le coeur" ...

Quelques exemples :

1/ Ce n'est pas le cardiologue qui prélève le coeur, mais le chirurgien cardiaque. Léger détail, mais qui à mon humble avis a tout de même son importance ...

2/ Autre détail qui "cloche" : si on veut être précis, il ne faut pas se contenter de dire que le clampage de l'aorte sert à "séparer le ou les organes du corps". Il sert à arrêter le coeur du donneur d'organes, définitivement, avant de prélever les organes. Pour tous les chirurgiens, c'est le moment du décès du donneur sur le plan physiologique. Le constat légal de décès a, lui, été signé au moment du diagnostic de mort encéphalique. Comme quoi, travailler avec des chirurgiens sert pour connaître les réalités de la chose ... Présenter ces réalités au grand public, c'est une autre histoire ...

"Dans une heure, je pose le cœur… " "Le prélèvement d'organes est un moment rare et fragile, soumis à tant de paramètres. Quand il survient s'engage une course contre le temps incertaine. Et se met en place une machinerie aux savants rouages. Un mélange exaltant de fébrilité et de nécessaire assurance.

En fin d'année dernière, le coup de fil promis par le service spécialisé du Centre hospitalier de Bayonne Côte basque : 'Nous avons un prélèvement. Si vous voulez y assister, c'est maintenant.'
Analyses. Quelques minutes plus tard ce matin-là, à l'hôpital. L'infirmière coordonnatrice Mirentxu Hombrouck dispose des tubes de sang soigneusement étiquetés, dans des enveloppes kraft. 'Attendez un peu, je vous expliquerai après. C'est toujours un peu stressant, il faut être minutieux.' Les échantillons prélevés sur la personne décédée quelques heures plus tôt vont partir pour des analyses virologiques et sérologiques, dans un laboratoire bordelais. José, le chauffeur du transport interhospitalier pousse la porte. Mort encéphalique. L'équipe médicale n'a constaté l'état de mort encéphalique du patient que depuis une heure environ. 'Il a subi un angioscanner, plus d'autres tests complémentaires', explique Jeanine Etcheverry, l'autre infirmière. Ce n'est qu'après ces vérifications réglementaires que des médecins peuvent signer le procès-verbal de constatation du décès. Florence Dupreuilh, le médecin coordonnateur, ne peut parapher. 'Il faut que ce soit d'autres médecins, totalement étrangers au service.' En somme, la loi sépare juge et partie. Le prélèvement d'organes, en France, est ultra-encadré. Quelle destination ? Le patient devrait donner son foie et ses reins. 'A priori', précise Jeanine Etcheverry. Les examens le confirmeront. Mais vers où partiront ces organes ? 'Pour le moment, on ne le sait pas. Il y a des chirurgiens quelque part en France qui ne le savent pas encore, mais qui implanteront cet après-midi.'

L'infirmière s'installe devant son ordinateur. 'J'interroge le registre national des refus. Les gens peuvent faire savoir qu'ils ne veulent pas donner leurs organes à leur mort. Nous sommes obligés de vérifier.' Puis l'infirmière entre 'toutes les données' dans Cristal. Par ce logiciel, elle informe l'Agence de biomédecine de la disponibilité des organes. Puis elle prend son téléphone : 'Je vous appelle parce que nous avons une mort encéphalique.' À Rennes, le régulateur de la biomédecine va consulter Cristal. C'est là-bas que l'on 'routera' les organes. Selon une liste d'attente, avec des ordres d'urgence.

En 'réa'. Au même moment, dans le service réanimation, l'infirmière Marie-France Aguerre injecte au défunt une solution antiseptique. Un début d'infection à endiguer. 'Il y a des receveurs au bout. Nous continuons à travailler comme si le patient donneur allait guérir.' Le profane est saisi par les mouvements de poitrine du corps : il est artificiellement ventilé. L'entretien avec les familles. Il a lieu après constat de la mort cérébrale. Très vite. 'Peu se sont décidés de leur vivant, beaucoup n'en ont jamais parlé aux proches', souligne Florence Dupreuilh. Elle se tient face à eux et leur douleur pour aborder la délicate question. Terrible urgence que celle-ci. 'Beaucoup savent pourquoi on les rencontre avant que l'on prononce le premier mot. C'est toujours un bouleversement.' Un sur deux accepte.

Anticipation. Avant même la réponse, le bloc opératoire est prévenu. Il se tient prêt. À Bayonne, pourtant centre de prélèvement depuis 1999, il n'est pas dédié. Déjà, l'aéroport s'attend à un vol sanitaire. Il transportera les organes. Prioritaire sur le trafic conventionnel. Vers le bloc. Les analyses sont revenues, favorables. Bonne nouvelle : 'On va prélever le foie, les reins, mais aussi le cœur', annonce Jeanine Etcheverry. Plus la cornée, opération routinière. Ailleurs, en France, trois chirurgiens savent désormais quelle grosse journée les attend. Ils sont dans l'avion quand les infirmières transfèrent le corps vers le bloc opératoire. Il est aux environs de 14 heures, les urologues arrivent. Ils prélèveront les reins. Mais avant, c'est à eux que revient d'inciser pour 'bien dégager' les organes. D'abord le cœur. Le cardiologue et son adjoint ont la priorité. 'Une fois le cœur extrait, j'ai 4 heures pour l'implanter', expliquera le praticien. Grâce à l'appareillage, encore irrigué par les artères du patient, il bat dans la cage thoracique ouverte. Le silence se fait dans le bloc : le chirurgien va 'clamper'. Soit séparer l'organe du corps. Tout peut encore basculer.

Jeanine Etcheverry a déjà le téléphone à l'oreille, en liaison avec un autre bloc, celui de l'équipe qui implantera le cœur dans quelques heures. Elle attend un mot du chirurgien, pour le répercuter et définitivement lancer les préparatifs, là-bas. Le cardiologue clampe et le mot tant attendu vient : 'Faisabilité.' Il tient le cœur entre ses mains, va le disposer dans une glacière. La course contre le temps peut continuer. Pendant que la même opération verra le foie, puis les reins prélevés.

Escorte. Il est alors 18 h 12. Le cardiologue et son binôme filent vers l'ambulance. Une escorte policière les attend, qui va ouvrir la route dans le trafic du BAB, jusqu'au tarmac de l'aéroport, à Biarritz. En chemin dès 18 h 25. Dans l'avion à 18 h 40. Un peu plus tôt, dans le véhicule sanitaire, le cardiologue regardait sa montre. 'Dans une heure, je pose le cœur.' Et un malade commencera une autre vie. Complexe, certes. Mais possible."

"1 En réanimation, l'infirmière apporte des soins au corps jusqu'à son transfert pour prélèvements
2 Les tubes de sang partent pour analyse
3 Préparatifs au bloc : les praticiens arrivent
4 Les urologues ont incisé le corps et dégagé les organes. Ils reviendront 'en scène' pour prélever les reins, mais avant, les cardiologues ont la priorité. Pendant qu'ils opèrent, les infirmières préparent la glace
5 Dans quelques minutes maintenant, le cardiologue tiendra le cœur dans ses mains
6 C'est fait ! Le cardiologue et l'interne qui l'assistait quittent l'hôpital : direction l'aéroport
7 L'avion sanitaire attend au loin. Sur le tarmac, salut à l'escorte policière qui a ouvert la route."

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