Donner un rein... de son vivant. Une grande campagne vient de commencer.
"En 1997, la première enquête réalisée sur le don d'organes montrait que les Français étaient prêts à donner, de leur vivant, un rein à un proche : 90,4 pour cent à leur enfant, 84,7 pour cent au conjoint, 84,4 pour cent à un frère ou une soeur et 81,5 pour cent à leur père ou mère. Pourtant, en 2006, sur les 2 731 transplantations rénales réalisées, 247 seulement l'ont été grâce à un don du vivant : 9 pour cent ! Quelque chose ne colle pas, surtout quand on sait que ce pourcentage est de 25 pour cent au Royaume-Uni ou de 20 pour cent en Allemagne. C'est aussi l'avis du Pr. Christophe Legendre, qui s'associe au lancement de la campagne de sensibilisation de la Fondation Greffe de vie.
'Il y a encore trop de réticences médicales et administratives, dit-il. On n'explique pas cette possibilité au patient. Et même les médecins ne sont pas assez au courant.' C'est dommage, car un rein issu d'un don du vivant apporte beaucoup plus de chances au patient qu'un rein prélevé sur un donneur décédé : il est de bien meilleure qualité et ne conserve pas les séquelles de cette période qui va du décès à l'implantation.' Même regret pour Yvanie Caillé, directrice générale de la Fondation Greffe de vie : 'La France est beaucoup trop en retard, dit-elle. En Norvège, par exemple, c'est le médecin qui explique aux proches du malade que cette solution existe, qu'ils peuvent donner un de leurs reins. Ici, c'est le patient qui doit évoquer cette éventualité avec les siens. Situation délicate, il n'ose pas toujours.'
La médecine a pourtant fait d'énormes progrès depuis ce 25 décembre 1952, lorsque, à l'hôpital Necker, on a tenté pour la première fois une telle transplantation : une mère avait alors fait don d'un de ses reins à son jeune fils de 17 ans. Aujourd'hui, les traitements immunosuppresseurs ont grandement réduit les problèmes de compatibilité. 'Il suffit d'avoir des groupes sanguins compatibles', précise le Pr Legendre. C'est ainsi qu'un homme peut donner un rein à son épouse, ou inversement, et pas seulement à l'un de ses parents, proche par le sang. Autant de messages à faire passer pour venir en aide aux malades en attente d'un greffon, qu'il soit issu d'un donneur vivant ou décédé. Le don exemplaire de Richard Berry à sa soeur Marie, en 2005, a été largement médiatisé... mais rien n'a changé, et beaucoup trop de malades sont encore sous dialyse. En vie, certes, mais au prix de quelles contraintes ! Surtout lorsque l'on sait que plus le temps de dialyse est court, meilleurs sont les résultats après la transplantation.
Et côté donneur ? 'C'est vrai que le risque zéro n'existe pas, ajoute le Pr Legendre en souriant. Le donneur doit savoir qu'il court effectivement un risque : le même qu'en traversant une rue à Paris.'
A l'occasion de cette campagne, Eric Bouvet et Alexandrine Civard-Racinais ont réalisé un magnifique livre coédité par la Fondation Greffe de vie et les Editions Jean di Sciullo, 'Don du vivant, l'amour en partage'. 29,90 euros, à commander sur www.greffedevie.fr."
Source :
http://www.lefigaro.fr
Article de Richard Le Ny
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