Marie-Jo Thiel (CEERE, Strasbourg) et Emmanuelle Reynaud (IAE Aix-en-Provence), premières lauréates des Trophées de l’enseignement et de la recherche en éthique, organisés par la Fondation Ostad Elahi sous le parrainage du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Professeure des Universités à l’Université Marc Bloch de Strasbourg, Marie-Jo Thiel est Docteur en médecine, Docteur en théologie catholique / Ethique, Diplômée de Politiques européennes de santé.
Elle dirige le Master Recherche 'Ethique : Vie, normes et sociétés', cohabilité par les trois universités de Strasbourg, et le Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique (CEERE), lieu support du master Ethique fédérant des chercheurs de 10 laboratoires différents des trois universités de Strasbourg.
Ses thèmes de recherche sont l’éthique systémique dans ses fondements et son fonctionnement, la Bioéthique, l’éthique médicale, et les fondements de l’éthique théologique.
Elle dirige le groupe de recherche interdisciplinaire franco-allemand 'Bioéthique et religion' en théologie catholique, le programme interdisciplinaire 'Bioéthique et société' de la MISHA (Maison des Sciences de l’homme en Alsace, UMS 2552) et est la créatrice et l’organisatrice des Journées internationales d’Ethique de Strasbourg, en collaboration avec des universités étrangères.
Elle a publié de nombreux ouvrages et articles, et a assuré notamment la direction de 'Où va la médecine ? Sens des représentations et pratiques médicales', Presses Universitaires de Strasbourg, 2003, 325 pages, qui a reçu le Prix d’éthique médicale Maurice Rapin, et de 'Les rites autour du mourir', Presses universitaires de Strasbourg, 2008.
Le 11 juin 2008, elle s'est vu remettre le premier Trophée de l'enseignement et de la recherche en éthique.
Emmanuelle Reynaud est professeure des universités à l'IAE d'Aix-Marseille. Elle conduit l'ensemble de ses recherches sur le développement durable. Ses enseignements portent pour leur part sur 'Stratégie et développement durable' et elle dirige d'ailleurs ce même département. Auteur de nombreuses publications, elle a récemment publié en co-écriture chez Dunod Le Management Durable au cœur de l'entreprise (2006) ; Stratégies d’entreprise et écologie, Economica, (2004) et dans la Revue Française de Gestion, 'La Responsabilité Sociale de l’Entreprise à l’épreuve de l’Europe' (à paraître)."
"Lors de la remise du prix, Marie-Jo Thiel a prononcé un discours qui a ému l'auditoire.
'(...) Car si tout le monde parle aujourd’hui d’éthique, sa juste place n’est pas toujours reconnue comme telle. Certains craignent que son expertise juge leurs actes ; d’autres pensent qu’elle est insignifiante et sans spécificité, à l’instar de la prose de M. Jourdain. Mais la juste évaluation éthique va-t-elle de soi ? Est-elle si facile ? Sans doute, chacun(e) essaye-t-il d’agir bien, de faire de son mieux. Et heureusement qu’il fait ainsi de l’éthique au quotidien.
Mais reconnaissons aussi que certaines questions, spécialement celles concernant la vie humaine, la bioéthique, l’économie, l’environnement... sont complexes et déconcertantes. Elles sont fondamentalement ambiguës et leur prise au sérieux implique une méthodologie rigoureuse.
Enseigner l’éthique ne signifie pas nécessairement avoir une solution à tout ni posséder la vérité. Enseigner l’éthique c’est former des passeurs d’humanité. Un passeur ne sait pas tout, mais il stimule ce désir de faire au mieux et de faire advenir des sujets libres, responsables, autonomes, vivants, malgré les coups de boutoir de la réalité. Il n’est pas naïf, il ne sait que trop bien la complexité situationnelle. Il n’est ni prétentieux ni austère. Son enseignement vise cette humanisation des personnes dont un des instruments est l’humour : celui-ci apporte légèreté et gracieuseté jusque dans le tragique, contribuant ainsi à le traverser malgré tout.
L’enseignement de l’éthique en définitive ? Un chemin de passage pour passeurs d’humanité. Un chemin de vie pour susciter la vie."
The first ethics award attributed to the CEERE
"June 11, 2008, the European Centre for the study and the teaching of ethics from the 3 universities of Strasbourg – the CEERE – received at CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) in Paris the first award for teaching in ethics in France. It is a great pleasure for us that the jury has recognised our interdisciplinary and international Masters program and has granted this award.
While many people are speaking about ethics, its importance is not always appreciated. Some fears that ethics could judge their practice, others think it is insignificant, without a scientific specificity. But is a correct assessment so evident, so easy? Undoubtedly everyone tries to act well, to do his best. And so he/she is involved in ethics.
But we must also recognise that more and more questions, especially concerning human life, bioethics, economics and environment, are complex and even disconcerting. These questions are fundamentally ambiguous and we need methodology to clarify the issues.
Teaching ethics does not necessarily mean having a solution to everything. And ethicists do not hold the truth like a possession. Ethics teachers are bearers and carriers of humanity. They do not know everything, but they stimulate in others the desire to do the best and help people in their self-constituting process to be free and responsible despite what they but up against in reality. They are not naive; they deal with the complexity of situations. They are not pretentious, nor austere. They aim at humanisation and one of the means for doing this is their humour: it brings lightness and grace into the tragic and this helps us to go through it.
Teaching ethics? A way of life to awaken life."
Auteur/Author: Marie-Jo Thiel
Source :
http://www.ethique-alsace.com
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