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"Une famille chinoise" : un nouvel enfant pour en sauver un autre

"On n'avait jamais dépeint les retombées du divorce sous cet angle-là. Séparée de son mari et mère d'une petite fille, une femme a refait sa vie, son ex aussi. Quand la gamine tombe gravement malade, atteinte de leucémie, sa mère ne pense plus qu'à la sauver. Il faut pour cela faire un nouvel enfant, seul donneur compatible pour une greffe osseuse. Une perspective thérapeutique envisageable seulement si la mère et le père sont les mêmes que ceux de l'enfant malade. Une famille chinoise dépeint le trouble engendré par cette histoire de vie ou de mort dans les deux couples. Chacun de leur côté, le nouveau compagnon de la mère et la nouvelle compagne du père souhaitaient ardemment concrétiser leur union par un enfant."

"Wang Xiaoshuai entendait axer son drame sur le désarroi des parents face à la fatalité médicale, leur impuissance d'abord, puis leur obligation morale et affective de surmonter les dissensions conjugales. Il s'applique avec beaucoup de pudeur et de sensibilité à raconter une histoire de gens ordinaires, susceptible d'arriver dans n'importe quel pays. Mais il est cerné par le contexte national."
ANGOISSE CACHÉE

"D'abord deux estimations : il y a de plus en plus de cas de leucémie en Chine, et de plus en plus de divorces depuis les années 1990. Une directive politique, ensuite. Depuis la fin des années 1970, le gouvernement chinois a imposé la règle de l'enfant unique, pour enrayer la surpopulation et par nécessité économique. Depuis 2002, un couple peut faire un second enfant, à condition de payer une amende de 5 000 yuans (environ 537 euros). Cette loi autorise une personne à avoir un nouvel enfant si elle se remarie.

Dans le cas du couple du film, le nouveau conjoint de cette femme aux abois s'interdit d'être père génétique s'il accepte que le 'bébé-médicament' (on les appelle ainsi) soit déclaré comme le sien.

Ce n'est que l'un des dilemmes de ce méli-mélo psychologique (Ours d'argent au Festival de Berlin pour son scénario), facteur de jalousies et de mensonges. Auteur de Shanghaï Dreams (Prix du jury à Cannes en 2005), Wang Xiaoshuai opte pour l'angoisse cachée plutôt que pour le déferlement de larmes. Il illustre le transfert de l'acte procréateur par un transfert d'espace (la mère qui s'apprêtait à changer d'appartement avec son nouveau compagnon loue un studio pour 'recevoir' l'ancien), et n'élude aucune des conséquences de la situation.

La maladie de l'enfant sert de révélateur au mal-être de ce couple de divorcés qui se sont enfoncés dans l'incompréhension et la non-communication. Facteur de crise, elle pousse la virulente hôtesse de l'air avec laquelle le père s'est remis en ménage à réviser sa perception des rapports sociaux. L'intrigue recèle une bonne dose de revirements, de changements de stratégies (les tentatives d'insémination artificielle ayant échoué, le père de la moribonde est sommé de pratiquer le rapport sexuel dont sa compagne ne veut pas entendre parler). Chacun des personnages entourant la mère fait un chemin vers une acceptation, autant le beau-père gâteau qui a adopté la gamine que la belle-mère ombrageuse bouleversée par une visite à l'hôpital.

Faudra-t-il que cette conception régénératrice s'exerce en secret, en cachette des deux partenaires trompés ? 'C'est digne d'une série télé !', lâche le père face à l'exigence sexuelle de son ex-épouse. C'est un beau film digne, tout simplement."

Film chinois de Wang Xiaoshuai avec Liu Weiwei, Zhang Jiayi, Yu Nan, Cheng Taisheng. (1 h 55.)
LE MONDE

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