Au Royaume-Uni, il faut s'inscrire sur un registre de donneurs d'organes si on consent au don de ses organes à sa mort. Et il faut préciser quels organes et/ou tissus (cornées, peau, tissus composites de la face) on consent à donner. En France, le consentement présumé est inscrit dans la loi. Chaque citoyen est donc présumé consentir au don de tous ses organes et tissus à sa mort. Certes il existe un registre des refus, géré par l'Agence de la biomédecine, sur lequel on peut s'inscrire en cas de refus. Dans ce cas, il n'est pas possible de préciser quel(s) organe(s) et/ou tissus on refuse de donner, d'autre part, le registre national des refus fait volontairement un amalgame entre le don d'organes (qui se passe à notre mort) et le don de son corps à la science, qui se passe une fois qu'on est bel et bien mort (le corps est déjà refroidi). Un don d'organes dit "post-mortem" a lieu après le constat de décès légal du donneur, mais avant la mort physiologique de ce donneur, qui intervient au bloc, lors du prélèvement des organes et tissus de ce donneur. Rappelons cette évidence : les organes d'un mort ne soignent personne. Conséquence de cet amalgame : très peu de personnes sont inscrites sur ce registre des Refus. L'amalgame entre don de son corps à la science et don d'organes, et la formulation cynique - en refusant le don de ses organes, il est dit qu'on s'oppose à tout progrès thérapeutique et scientifique, voilà qui confine à la non assistance à personne en danger - font que très peu de personnes souscrivent à un tel programme, ce qui est bien compréhensible. Il faudrait être un monstre d'égoïsme et de cynisme pour s'inscrire sur le registre national des refus. Mais ne nous y trompons pas : la réalité de la mort d'un potentiel donneur d'organes pose problème pour ses proches confrontés à la question du don. Le taux de refus (moyenne nationale) est de 30 pour cent. Un donneur d'organes "post-mortem", c'est une vie sur le départ ... Le don d'organes devrait donc être considéré dans une perspective de fin de vie. A défaut de quoi, le discours public martèle que le donneur est mort et archi mort et que le consentement présumé fait du don d'organes un réflexe de la forme, ou un réflexe de bon citoyen (donner ce qui ne sert plus à rien). Rien n'est hélas aussi simple. Le donneur d'organes est à présent anesthésié, dans la plupart des cas. Mais qu'en était-il il y a plusieurs décennies ? La douleur encéphalique (état de mort encéphalique) n'est pas publique. Un mort, cela n'a mal nulle part. Moi, je veux bien donner mes organes, si on m'anesthésie au préalable. Sinon, non merci, surtout pas ! Et vous, êtes-vous prêts à donner vos organes sans savoir si vous ressentirez la moindre douleur ? Mais non voyons, puisque vous êtes mort ! Vous êtes un mort avec des organes vivants. Oooops.
L'article qui suit dénonce une gestion erronée des informations concernant les personnes qui se sont portées volontaires pour s'inscrire sur le registre de donneurs d'organes et/ou de tissus au Royaume-Uni.
LONDRES (AP) — "Des erreurs ont été commises dans l'inscription de plusieurs centaines de milliers de personnes au registre britannique des donneurs d'organes depuis dix ans, et des prélèvements pourraient avoir été réalisés sur la foi de ces informations erronées, a annoncé l'agence chargée des transplantations samedi.
L'agence du Sang et des transplantations du Service national de la santé (NHS) que des erreurs techniques affectaient la base de 14 millions de donneurs d'organes depuis 1999. Certaines volontaires pour donner leurs poumons ou leur peau étaient par exemple enregistrés comme donneurs de cornée ou de coeur.
L'hebdomadaire dominical 'Sunday Telegraph' affirme qu'environ 800.000 personnes ont été victimes de ces erreurs, dont 45 mortes depuis et dont des organes ont été prélevés, sur la foi des informations fausses contenues dans la base pour la moitié d'entre elles.
Une responsable du NHS n'a ni contesté, ni confirmé le chiffre avancé par le journal mais a déclaré sous le couvert de l'anonymat qu'une enquête était en cours. Elle a souligné qu'apparemment toutes les personnes inscrites dans le registre étaient volontaires pour un don d'organes ou un autre. 'Rien ne suggère que des gens inscrits dans le registre n'ont pas voulu y être', a-t-elle dit, ajoutant qu'aucune donnée n'était perdue et que le problème avait depuis été maîtrisé. 'Il n'y a aucune possibilité que des données incorrectes soient utilisées aujourd'hui', a-t-elle assuré.
Le problème a été mis au jour l'an dernier lorsque l'agence des transplantation a écrit aux donneurs pour les remercier de leur inscription au registre, en précisant pour quel organe ils s'étaient engagés. Certains destinataires ont alors répondu qu'il y avait erreur."
http://tempsreel.nouvelobs.com
3 commentaires:
Au moins la liste anglo-saxonne existe. C'est courageux d'envoyer un courrier aux personnes inscrites pour confirmer avec elles quels organes et tissus elles souhaitent donner. En France, la liste est pur alibi, elle n'a aucune existence ! Problèmes dans la formulation (il faut être un monstre de cynisme pour refuser d'aider à soigner autrui par le don d'organes), d'amalgame (don de ses organes ou don de son corps à la science : voilà qui ne recouvre pas du tout les mêmes réalités). On ne peut même pas choisir ce qu'on donne : si on ne veut pas donner ses cornées (yeux), doit-on s'opposer au don d'organes, ou doit-on fermer les yeux sur ce "point de détail" concernant ces cornées qu'on ne veut pas donner ?
http://fr.euronews.net/2010/04/12/le-registre-du-don-d-organes-britannique-truffe-d-erreurs/
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/04/14/97001-20100414FILWWW00395-gb-des-erreurs-dans-les-dons-d-organes.php
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