"La transplantation d’organes, thérapeutique aux frontières du commerce de l’humain. La transplantation d’organes. Un commerce entre les êtres humains",de Philippe Steiner. Éditions Gallimard, "NRF", 2010. 342 pages, 24,90euros.
"Démarrée dès 1950 pour les maladies des reins, la transplantation d’organes est une des grandes avancées thérapeutiques du XXe siècle. Aux reins se sont ajoutées les transplantations de cœur, de poumons, de foie, d’intestin et de pancréas. L’organe transplanté passe du corps d’un 'donneur' (décédé ou vivant) à celui d’un 'receveur' malade. Un critère technico-médical défini en 1968 a permis d’éclaircir la situation juridique du 'donneur' : il doit être en état de mort encéphalique. Ce critère, adopté progressivement sur le plan international, ne suffit pas à lever les réticences des familles endeuillées au prélèvement d’organes. La loi postule généralement un consentement présumé du défunt mais les professionnels sollicitent toujours l’avis de la famille. Le nombre d’organes actuellement prélevés est dramatiquement insuffisant par rapport aux besoins des malades (12 000 demandes et 4 238 greffes en France en 2005). On pratique aussi, pour le rein, le foie ou le poumon, des prélèvements d’organes sur personnes vivantes consentantes qui sont le plus souvent des parents proches, pour qu’il n’y ait pas rejet de l’organe transplanté. Dans ce cas du don volontaire d’organe, la transplantation est un acte d’amour ou un sacrifice. Le 'commerce' des organes transplantés a pris une grande extension au début des années 1980 avec la découverte de la cyclosporine, un médicament immunosuppresseur qui diminue considérablement les risques de rejet des organes transplantés. Dans de nombreux pays, une coordination économique (France Transplants, par exemple) a été mise en place par les pouvoirs publics qui prennent largement en charge le coût très élevé des transplantations et organisent la gestion des greffons disponibles. Aucun mécanisme marchand n’a été mis en place dans aucun pays même si les organisations non gouvernementales ont dû parfois batailler pour obtenir ce résultat. Partout, des lois existent pour réprimer un éventuel trafic d’organes mais il est connu que ce trafic existe clandestinement entre pays riches et pays où la misère accable la majorité de la population (Pakistan, Égypte, Turquie, etc.). Ce livre, bien documenté, présente le maquis des lois ayant accompagné les récents développements de la transplantation."
Paul Mazliak, historien des sciences
http://www.humanite.fr
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