"La maladie puis la mort de Chantal Sébire ont relancé une fois de plus en France le débat sur l’euthanasie et l’assistance au suicide. Pourtant, à lire la presse, a-t-on vraiment fait droit à un débat contradictoire ? Durant trois semaines, quasi quotidiennement, les médias se sont laissés aller à appeler une évolution politique visant grosso modo à légaliser le droit de 'choisir' sa mort. L’ADMD (association dont le 'but est de promouvoir le droit légal et social de choisir librement la façon de terminer sa vie') qui soutient ouvertement Mme Sébire, n’y est pas étrangère. Pendant ce temps, quasiment aucune des contributions de la presse n’a interrogé des médecins travaillant dans les soins palliatifs, n’a informé sur leurs ressources qui auraient probablement pu soulager la patiente.
Il est vrai que ces soins palliatifs ne sont malheureusement pas toujours mis en œuvre comme il faudrait. Il meurt trop de malades aujourd’hui sans soulagement de leur douleur et sans véritable accompagnement. Nous avons les moyens médicaux mais nous n’avons pas les moyens financiers et logistiques pour mettre en œuvre cette médecine qui apaise la douleur et 'soutient'. Tandis que l’ADMD dispose d’un budget d'un million d'euros et de nombreux moyens pour lancer une véritable campagne de communication, nos hôpitaux manquent cruellement de personnels et les soins palliatifs de procédés même élémentaires pour se faire connaître.
Faut-il alors répondre à la détresse, précisément à un cas singulier que le lobbying charge émotionnellement, en légalisant l’euthanasie et le suicide assisté (revendiqué par Mme Sébire) ? Est-ce vraiment la 'bonne' solution pour une 'bonne' mort ? Est-ce la tâche du médecin ? N’est-on pas en train d’abandonner les plus vulnérables à leur sort de mort ? Un tel message quant à la fin des personnes ne rejaillirait-il pas sur la société tout entière, l’engageant progressivement dans une culture de non-sens d’autant plus profonde qu’elle est obnubilée par la performance ? Le droit au suicide assisté ne sera-t-il pas demain un blanc-seing pour adolescents en mal de vivre ? 'La fin est l’endroit d’où nous partons' disait T.S. Elliot. Le sort des plus vulnérables détermine les ressources de sens de la société."
Auteur : Marie-Jo Thiel, Centre Européen d'Enseignement et de Recherche en Ethique (CEERE, Strasbourg)
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