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Suicide assisté, euthanasie : état des lieux en Europe

"Le suicide assisté continue de susciter des débats dans de nombreux pays. Récemment, la Société Royale de Médecine britannique a tenu une conférence où furent exposés des points de vue opposés. Un vote organisé à la fin de la conférence a montré qu'une grande majorité de personnes étaient contre le suicide assisté. Le 25 juin 2010 en Allemagne, la Cour fédérale de justice a statué que dans certaines circonstances, le suicide assisté était légal (Cf. Synthèse de presse du 28/06/10). Cette décision faisait suite au cas d'une femme qui avait interrompu l'alimentation de sa mère dans le coma, cette dernière ayant manifesté sa volonté de ne pas être maintenue en vie si elle devait tomber dans le coma. L'avocat de cette femme lui avait conseillé de mettre fin à l'alimentation. La Cour fédérale allemande a tranché la question en considérant que, si un patient a informé ses proches qu'il ne souhaite pas qu'on prolonge son traitement (comme une sonde d'alimentation), l'arrêt du traitement est alors autorisé. Mais le suicide assisté dit "actif" reste illégal.

Dans les pays où l'euthanasie est légale, certains craignent des abus. En Suisse, le groupe Dignitas est de plus en plus surveillé. Le gouvernement suisse examine des projets de loi pour encadrer davantage la pratique de l'euthanasie et pour dissuader des étrangers de venir mettre fin à leur vie en Suisse. Fondé par Ludwig Minelli, Dignitas a fait mourir plus de 1000 personnes durant les douze dernières années. Les membres doivent payer des honoraires importants pour appartenir au groupe ainsi que des sommes conséquentes pour leur suicide assisté. Selon les lois suisses actuelles, ce procédé est légal tant que Ludwig Minelli et Dignitas ne bénéficient pas eux-mêmes de cet argent. Mais la BBC rapporte que selon certaines allégations, L. Minelli est devenu millionnaire depuis qu'il a fondé ce groupe. Si Dignitas est actuellement minutieusement observé, c'est aussi à cause de la découverte d'un grand nombre d'urnes d'incinération au fond du lac de Zurich. Selon le London Times du 28 avril dernier, Soraya Werli, une ancienne employée de Dignitas, a affirmé qu'au moins 300 urnes avaient été jetées dans le lac.

La Hollande, qui a légalisé l'euthanasie depuis longtemps, s'interroge aussi. Les cas d'euthanasie augmentent progressivement dans le pays : on compte une hausse de 13 pour cent en 2009. Selon Phyllis Bowman de l'association britannique 'Droit à la vie', cette augmentation est due à un traitement inadéquat de la douleur par les médecins hollandais. Le nombre d'euthanasies croîtra encore si le Parlement cède à la pression exercée par certains groupes pour autoriser le suicide assisté pour les personnes âgées. Marie-Jose Grotenhuis, porte-parole de la campagne 'Libre arbitre' explique qu'il s'agit de permettre à des personnes autres que des docteurs d'administrer une dose létale aux personnes de plus de 70 ans qui considèrent 'leurs vies complètes' et veulent mourir.

En Belgique, un récent rapport sur le 'rôle des infirmières dans les morts assistées' a montré qu'un cinquième des infirmières interviewées ont déjà été impliquées dans l'euthanasie d'un patient. Près de la moitié de celles-ci ont reconnu que les patients n'avaient pas demandé ou consenti à l'euthanasie. Pour le docteur Peter Saunders, directeur de Care Not Killing alliance, 'une fois qu'on a légalisé une forme d'euthanasie, il y a inévitablement des gens qui repoussent toujours plus les limites'.

Le Parlement écossais débat actuellement sur une proposition de loi pour autoriser l'euthanasie. Une enquête montre que 86 pour cent de personnes seraient opposées à ce projet de loi. L'Eglise d'Ecosse, l'Eglise méthodiste et l'Armée du Salut ont publié une déclaration commune affirmant que ce projet de loi brise l'interdit de tuer une vie humaine. Selon le Dr Rosemary Barrett du Conseil écossais de bioéthique humaine, 'les services de soins palliatifs en Ecosse sont capables de traiter adéquatement la douleur et il n'est pas nécessaire de présenter aux gens l'euthanasie comme un moyen d'échapper à une douleur sévère'.

Parlant comme 'humaniste radical' et athée, Brendan O'Neill, éditeur du site Internet Spiked, affirme que la façon dont le suicide assisté paraît être une cause progressiste est un mystère. C'est lié sans aucun doute à 'l'incapacité actuelle de la société d'estimer et de célébrer la vie humaine'."

Zenit (John Flynn) 11/07/10
http://www.genethique.org/revues/revues/2010/juillet/13_07_10.html#2

2 commentaires:

jacqueline salenson a dit…

arrêtez de prendre le problème à l'envers!
les euthanasies existent partout, clandestines pour la plupart, donc efectuées dans des conditions non controlées
lorsqu'une loi les encadre, les euthanasies clandestines, faites dans des conditions éventuellement douteuses diminuent très nettement, mais il est évident que de tous temps, les hommes ont détourné les lois à leur profit et que nul ne pourra jamais tout contrôler, combien trichent pour leur déclaration d'impôts? et pour des tas d'autres choses de la vie?
lorsqu'une loi permet la demande d'euthanasie, que cela se sait, il est évident que les demandes vont augmenter: auparavant, pourquoi demander ce qu'on sait interdit? pourquoi demander la mort comme délivrance lorsqu'on vous interdit même d'en parler?
mais les morts ne sont pas plus nombreux dans les pays qui ont autorisé une aide à mourir dans certains cas!
si les euthanasies déclarées augementent, dans le même temps les clandestines diminuent, ainsi que les suicides violents des personnes en fin de vie ou dans des situations de survie que la personne juge intolérable, il ne faut pas l'oublier!
quant au débat sur l'honnêteté ou non de l'association "dignitas", seule les contrôles du fisc suisse sont à même de trancher, jusque là, rien! dignitas est une assoc à but non lucratif, ensuite, je ne connais pas le détail de ses revenus et de ses dépenses, je ne peux pas en juger
je souhaite que la possibilité d'être aidé dans la délivrance par la mort des souffrance de l'agonie reste possible en suisse pour les étrangers, s'ils sont si nombreux à vouloir y aller, c'est qu'ailleurs on veut les obliger à de longues agonies douloureuses...
changeons la loi dans toute l'europe! autorisons dans un cadre précis une aide à la mort et la suisse se contentera d'aider les suisses, sans problèmes aucun! aujourd'hui, heureusement qu'il y a cette possibilité en suisse, même si seuls ceux qui ont assez d'argent peuvent en profiter, cela évite des pendaisons, des suicides par armes à feu, par défenestration, tous les suicides sur le rail, etc...et pour certains (nombreux en proportion), cela permet de leur éviter le suicide, en les rassurant et en les soignant...celui qui sait qu'il pourra décider du jour où il arrêtera de souffrir, supporte souvent mieux sa souffrance, c'est un fait acquis
la possibilité de choisir sa mort ne fait pas que tout le monde veut mourir! ce serait grotesque de penser cela...l'être humain aime vivre, en général!

Ethos a dit…

OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie !

Au sujet de la différence entre l'euthanasie et l'aide au suicide, il faut distinguer entre les arguments juridiques, éthiques et religieux. On ne peut pas simplement affirmer sans nuance qu'il n'existe pas de différence entre les deux : dans un cas c'est le patient lui-même qui s'enlève la vie (aide au suicide) alors que dans l'autre c'est le médecin qui
la retire. Il faut d'abord préciser sur quel terrain (juridique, éthique ou religieux) on tire notre argumentation. Si l'on se situe sur le terrain de l'éthique, on peut raisonnablement soutenir qu'il n'existe pas de différence. Cependant, si l'on se situe sur le terrain juridique, il existe toute une différence entre l'euthanasie (qualifié de meurtre au premier degré dont la peine minimale est l'emprisonnement à perpétuité) et l'aide au suicide (qui ne constitue pas un meurtre, ni un homicide et dont la peine maximale est de 14 ans d'emprisonnement). Dans le cas de l'aide au suicide, la cause de la mort est le suicide du patient et l'aide au suicide constitue d'une certaine manière une forme de complicité. Mais comme la tentative de suicide a été décriminalisée au Canada en 1972 (et en 1810 en France), cette complicité ne fait aucun sens, car il ne peut exister qu'une complicité que s'il existe une infraction principale. Or le suicide (ou tentative de suicide) n'est plus une infraction depuis 1972. Donc il ne peut logiquement y avoir de complicité au suicide. Cette infraction de l'aide au suicide est donc un non-sens.

En revanche, l'euthanasie volontaire est présentement considérée comme un meurtre au premier degré. Le médecin tue son patient (à sa demande) par compassion afin de soulager ses douleurs et souffrances. Il y a ici une transgression à l'un des principes éthiques et juridiques des plus fondamentaux à savoir l'interdiction de tuer ou de porter atteinte à la vie d'autrui. Nos sociétés démocratiques reposent sur le principe que nul ne peut retirer la vie à autrui. Le contrat social « a pour fin la conservation des contractants » et la protection de la vie a toujours fondé le tissu social. On a d'ailleurs aboli la peine de mort en 1976 (et en 1981 en France) ! Si l'euthanasie volontaire (à la demande du patient souffrant) peut, dans certaines circonstances, se justifier éthiquement, on ne peut, par raccourcit de l'esprit, conclure que l'euthanasie doit être légalisée ou décriminalisée. La légalisation ou la décriminalisation d'un acte exige la prise en compte des conséquences sociales que cette légalisation ou cette décriminalisation peut engendrer. Les indéniables risques d'abus (surtout pour les personnes faibles et vulnérables qui ne sont pas en mesure d'exprimer leur volonté) et les risques d'érosion de l'ethos social par la reconnaissance de cette pratique sont des facteurs qui doivent être pris en compte. Les risques de pente glissante de l'euthanasie volontaire (à la demande du patient apte) à l'euthanasie non volontaire (sans le consentement du patient inapte) ou involontaire (sans égard ou à l'encontre du consentement du patient apte) sont bien réels comme le confirme la Commission de réforme du droit au Canada qui affirme :

« Il existe, tout d'abord, un danger réel que la procédure mise au point pour permettre de tuer ceux qui se sentent un fardeau pour eux-mêmes, ne soit détournée progressivement de son but premier, et ne serve aussi éventuellement à éliminer ceux qui sont un fardeau pour les autres ou pour la société. C'est là l'argument dit du doigt dans l'engrenage qui, pour être connu, n'en est pas moins réel. Il existe aussi le danger que, dans bien des cas, le consentement à l'euthanasie ne soit pas vraiment un acte parfaitement libre et volontaire »

Eric Folot