"[...] une [...] loi devrait bientôt entrer en vigueur, l’an prochain ou plus vraisemblablement en 2007, vu les problèmes que pose son ordonnance d’application: c’est la nouvelle loi sur la transplantation d’organes. Un grand œuvre législatif, entamé sous Ruth Dreifuss, achevé sous Pascal Couchepin, qui a fait l’objet de sourdes luttes entre établissements hospitaliers universitaires et surtout d’une haine implacable entre l’Administration fédérale et l’organisme Swisstransplant, qui gère depuis vingt ans la distribution des organes en Suisse.
'Cette loi est une… – quel terme employer – c’est une mascarade, voilà, une mascarade!' s’emporte le professeur Philippe Morel, directeur du département de chirurgie des HUG, à Genève, et vice-président de Swisstransplant. Pour poser le décor, il faut connaître certains chiffres. Avec une moyenne d’environ 12 donneurs d’organe par million d’habitants, la Suisse occupe la queue du classement européen, juste devant le Luxembourg. Tous font mieux: l’Allemagne, 14; la France, 20; les pays nordiques, plus de 20; et surtout l’Espagne, 38. En Italie, la moyenne était catastrophique au début des années 90: 5 donneurs par million d’habitants. En dix ans, s’inspirant du modèle espagnol, ils sont passés à 18 donneurs et le chiffre ne cesse d’augmenter.
Enjeu concret Selon Philippe Morel, la nouvelle loi ne fera qu’aggraver les choses en introduisant, notamment, des restrictions médicales difficiles à justifier. En tout cas, elle n’a pas cherché à améliorer la situation en empruntant au modèle espagnol deux éléments essentiels : l’information faite à la population, et surtout l’obligation faite aux médecins des soins intensifs d’identifier les donneurs potentiels en état de mort cérébrale et de demander à la famille si elle accepterait un don d’organe, plutôt que de laisser partir le patient sans réagir.
'Bien sûr, cela nécessite une formation du personnel concerné, une indemnisation des hôpitaux qui voient leur planning bouleversé par une mobilisation du bloc opératoire sur de longues heures, et enfin cela signifie que l’on fait primer l’identification sur les convictions personnelles des médecins'. L’enjeu est très concret : au Tessin, grâce aux efforts de l’hôpital de Lugano, pourtant non universitaire, on arrive à 38 donneurs par million d’habitants, à Genève, 30, à Zurich, 7 et, dans certains cantons pourtant dotés d’hôpitaux avec soins intensifs, on tombe presque à zéro…
'Nous avons de très solides partisans dans les services de soins intensifs, mais nous y avons aussi de très puissants adversaires', constate Philippe Morel, qui ne se résout pas à accepter sans autre la loi. Il veut croire que si un mouvement se dessine en sa faveur, un nouveau chapitre pourrait tout changer et compléter la loi avant son entrée en vigueur. Philippe Morel est convaincu qu’un large soutien populaire appuie la médecine de transplantation. Encore faut-il réussir à le mobiliser. En 2004, 42 personnes sont mortes en Suisse faute d’organes disponibles".
Source :
L'Hebdo Suisse (www.hebdo.ch)
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