Plus de 12000 Français attendent une greffe pour continuer de vivre. Or, à peine plus de 4000 transplantations seront faites grâce au don d’organes. Des soignants mobilisent toute leur énergie pour promouvoir ce geste qui sauve.
Un sujet à aborder dans un moment critique :
"Pour les familles, la question du don se pose dans le service de réanimation où l’on vient de leur apprendre le décès de leur parent ou de leur enfant. Car le don d’organes, sauf don de son vivant à un proche, concerne les morts encéphaliques qui surviennent en milieu hospitalier. Dans ces circonstances, le maintien de l’activité cardiaque et l’oxygénation pendant quelques heures est encore possible. C’est à ce moment critique que les coordinatrices des prélèvements d’organes doivent aborder le sujet."
Oui ou non par procuration
"'Les familles sont en état de choc car il s’agit d’une mort brutale (accidents vasculaires cérébraux, traumatismes crâniens), difficile à réaliser, d’autant que le coeur continue de battre grâce à la réanimation et que le patient paraît bien vivant', explique Annie Lajoinie, coordinatrice des prélèvements au CHU de Grenoble. Toute personne qui n’a pas manifesté son opposition au don, en s’inscrivant par exemple sur la liste nationale des refus (systématiquement consultée), est présumée consentante. Toutefois, même si la personne avait une carte de donneur, la famille doit confirmer cette indication. 'Nous rencontrons la famille dans une salle pour discuter, confirmer l’état du patient, et trouver ensemble quelle aurait été la position du défunt quand celle-ci n’est pas connue. Souvent, lorsque la personne ne s’est pas positionnée de son vivant, la famille dit non.'"
L’opposition au prélèvement représente 32 pour cent des réponses.
Le don d'organe mal connu
"'La famille a besoin d’être accompagnée, souligne Joséphine Cossart, coordinatrice des prélèvements à l’hôpital Cochin (Paris). Il faut instaurer un climat de confiance, prendre le temps d’expliquer.' Les coordinatrices rappellent à la famille que le prélèvement est un acte médical effectué dans le bloc opératoire, que le corps est traité avec respect et qu’il leur sera restitué après la toilette mortuaire. 'Je reformule les choses avec des mots simples, j’essaie d’anticiper les inquiétudes de la famille, notamment par rapport à la religion.' La famille peut choisir de ne pas donner certains organes : le don est un acte de générosité et de solidarité. Le coeur et la cornée rencontrent le plus de réticences (Annie Lajoinie se souvient d’un papa ne pouvant se résoudre à donner le coeur de son fils de 13 ans). Enfin, on ne prélève que ce qui va être greffé. 'Les familles peuvent nous joindre pour savoir ce qui a été prélevé (il y a toujours un risque d’arrêt cardiaque et de dégradation des organes) et pour prendre des nouvelles des receveurs', commente Annie Lajoinie. Le don reste anonyme (et gratuit), mais l’état de santé des receveurs peut être communiqué. 'Elles nous appellent souvent à la date anniversaire.'"
Une course contre la montre
"Les coordinatrices des prélèvements d’organes sont prévenues dès le premier électro-encéphalogramme aréactif (EEC). Il faut faire vite. Une fois prélevés, les organes ont une durée de vie limitée : 3 ou 4 heures pour le coeur, 6 à 8 heures pour le poumon, 10 à 12 heures pour le foie. C’est un marathon qui se traduit, pour la coordinatrice des prélèvements, par une centaine de coups de téléphone et 15 à 20 heures de mobilisation, du premier EEC à la greffe. Les données sont transmises par fax à l’Agence de biomédecine, qui gère la liste nationale des malades en attente de greffe et qui attribue les organes. Le chirurgien décide si la greffe est possible ou non pour son patient et le contacte. Le receveur se rend aussitôt à l’hôpital ..."
Du donneur au receveur
"L’alerte est donnée au personnel d’astreinte, et la coordinatrice des prélèvements organise le planning. 'L’Agence de biomédecine contacte les coordinatrices des hôpitaux qui viendront prélever les organes et je détermine l’heure de passage au bloc de chaque équipe.' Si c’est au CHU de Grenoble d’aller chercher un organe attribué à l’un de ses patients en attente de greffon, Annie Lajoinie accompagne le chirurgien en ambulance ou en avion (c’est souvent le même chirurgien qui prélève et transplante), avec tout le matériel pour le prélèvement et le transport des organes... Le timing est serré. '1er feu vert : le chirurgien estime que l’organe est bon : à Grenoble, le receveur descend au bloc. 2e feu vert : le chirurgien a prélevé l’organe : le receveur est anesthésié. 3e feu vert : nous partons de l’hôpital du donneur : au bloc, l’équipe commence à faire l’incision et à préparer chirurgicalement le receveur.' Quand Annie et le chirurgien arrivent, tout est prêt pour transplanter l’organe. Pour le receveur, cette transplantation se présente souvent après une longue attente. Il aura fallu faire le deuil de son propre organe et se sentir prêt. 'Pour que la greffe marche, c’est essentiel, explique Christelle Fleurence, coordinatrice de transplantations au CHU de Grenoble, qui assure le suivi des greffes. Nous avons un psychologue qui fait partie du cheminement, en pré-greffe et postgreffe.' Les receveurs peuvent laisser des messages aux familles des donneurs. 'Une jeune fille atteinte de mucoviscidose, qui a été greffée récemment, vient de faire passer une lettre pour dire merci : grâce à la greffe, je revis.'"
Source :
http://www.laparoleauxhospitaliers.macsf.fr/temoignage/don-et-greffe-d-organes--de-la-vie-en-plus.html
1 commentaire:
merci pour vos très claires explications
Enregistrer un commentaire