"Dans l'article '14 défis scientifiques pour l'Europe' [1], nous évoquons le défi que Rafael Matesanz, père du système espagnol de don d'organe souvent cité en exemple pour son efficacité, voudrait voir relevé en Europe d'ici 2030 : que l'on puisse greffer des organes artificiels ou fabriqués à partir des cellules souches.
A en croire l'information arrivée de Madrid début mai, il n'est pas sûr qu'il faille attendre autant pour que cette perspective devienne réalité. En effet, le docteur Francisco Fernández-Avilés de l'hôpital Gregorio Marañón de Madrid a fait savoir qu'après avoir récupéré le coeur non transplantable d'un donneur, son équipe avait réussi a en dissoudre les principaux tissus pour ne garder que la matrice faite de tissus conjonctifs. Prochaine étape : reconstruire un nouveau coeur sur cette armature à partir de cellules souches cardiaques.
Ce travail est réalisé en collaboration avec l'équipe de la chercheuse Doris Taylor de l'université du Minnesota aux Etats-Unis qui avait en 2008 reconstruit avec succès un coeur de souris qui avait battu. Reconstruire un organe humain n'est pas une nouveauté : en 2008, à Barcelone, une greffe de la trachée avait été pratiquée au cours de laquelle des cellules souches de moelle osseuse de la receveuse avaient recolonisé et régénéré la trachée du donneur [2]. Un coeur est autrement plus compliqué qu'une trachée et rien ne dit que le coeur fabriqué ne batte mais selon F. Fernández-Avilés, ce serait déjà un vrai succès que d'en reconstituer les différentes parties, cavités, valves, etc. 'Les coeurs bio-artificiels développés à partir de cellules souches ne sont pas une chimère' a-t-il déclaré lors de l'annonce. Pour lui, d'ici 3 à 5 ans, le but pourrait être atteint et les premières greffes envisageables dans 10 à 15 ans. Un tel succès résoudrait bien sûr les problèmes de disponibilités d'organes à greffer et ferait disparaitre le risque permanant de rejet, ce qui supposerait à l'avenir la création de banques de matrices d'organes qui pourraient même provenir d'animaux. Ce genre de travail permet aussi de progresser dans la prometteuse médecine régénérative."
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