MADRID - "Le tourisme des greffes d'organes, qui pousse des malades de pays riches à payer des fortunes pour se faire transplanter rein ou foie dans un pays pauvre, est l'objet d'une mobilisation internationale grandissante, avec l'OMS et l'Union européenne en tête.
Ce phénomène pour lesquels des pays comme la Chine ou le Pakistan sont régulièrement montrés du doigt, a été l'un des thèmes cruciaux de la conférence internationale sur les dons d'organes et transplantations, organisée par le gouvernement espagnol à Madrid jusqu'à jeudi.
'Eviter les trafics illicites d'organes et en finir avec le tourisme de transplantation est un objectif central, partagé par tous les pays', a souligné la ministre espagnole de la Santé, Trinidad Jimenez.
'L'Union européenne a un modèle harmonisé où on n'admet pas qu'un don puisse avoir un prix et l'OMS fait un gros effort pour diffuser ce modèle', a ajouté Mme Jimenez.
'Cela a commencé en 2005 avec une action très décidée de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Société internationale de transplantation pour faire établir des lois dans les pays où il n'y en avait pas', explique Rafael Matesanz, directeur de l'Organisation nationale de transplantations espagnole.
Un 'front commun' international a réussi à 'bouger les lignes', confirme le Dr Luc Noël, coordinateur à l'OMS sur le sujet. Des lois répressives contre les trafics d'organes ont été adoptées dans les cinq pays considérés comme les pires en la matière: Chine, Philippines, Pakistan, Egypte et Colombie.
En Chine, il 'continue d'y avoir un tourisme de transplantations' mais une loi pour réprimer ce phénomène a été votée en 2007 et un premier procès d'une bande de trafiquants d'organes va s'ouvrir, souligne M. Noël.
Le Dr Huang Jiefu, vice-ministre de la Santé chinois, s'est déplacé à Madrid en personne pour tenter de convaincre des efforts sincères de Pékin en la matière.
'Depuis le début des années 2000, la transplantation d'organes est devenue une industrie florissante' dans un pays où 'plus de 90 pour cent des organes greffés proviennent toujours de prisonniers exécutés', a-t-il reconnu.
'Dans un environnement dérégulé, un commerce d'organes humains a vu le jour en Chine pour former un réseau incroyablement lucratif allant à l'encontre des principes d'équité', a-t-il déploré.
Le journal El Pais a récemment rapporté le cas d'un Espagnol, Oscar Garay, ayant déboursé au total 135.000 euros pour se faire greffer un foie, d'une provenance non spécifiée, à l'hôpital de Tianjin au sud de Pékin, fin 2008.
Depuis la loi chinoise de 2007, 'nous avons toujours certains hôpitaux qui travaillent avec des agences illégales et qui vendent des organes à des étrangers pour de l'argent', reconnaît le vice-ministre chinois.
Mais sept hôpitaux se sont vus retirer leur licence pour pratiquer des greffes, a souligné Dr Huang Jiefu, et l'établissement à venir d'un organisme national des transplantations sous l'égide de la Croix rouge chinoise débouchera sur un système plus 'sûr, juste et transparent'.
Le président de la Société internationale de transplantation, Jeremy Chapman, estime que 'la Chine travaille très dur pour stopper le commerce de la transplantation'.
Pour M. Chapman, un tel travail doit aller de pair avec des efforts dans les pays d'origine de ces 'touristes' de la greffe (parmi lesquels beaucoup de pays riches du Golfe) afin de développer des systèmes nationaux de dons d'organes.
'Il y des exemples heureux, comme celui de l'Arabie saoudite où, avant, les patients avaient l'habitude de se rendre à l'étranger pour une greffe et où ce n'est pratiquement plus le cas aujourd'hui', souligne M. Chapman."
(AFP / 25 mars 2010 10h23)
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