Conférence sur la greffe du visage à Eu
"Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo faciale du CHU d’Amiens est le premier au monde à avoir réalisé une greffe du visage. Un sujet qu’il exposera le 9 mars (...) à Eu. Quelques heures avant sa venue il a accepté de répondre à nos questions.
L’Informateur : Professeur, quel est le but premier de ces conférences ?
Professeur Devauchelle : Je veux faire prendre conscience de la dimension esthétique et de la nécessité du don d’organes. Personne n’est épargné par cette question. Aussi bien autour de soi car un membre de notre famille peut avoir un jour besoin d’une greffe mais personne ne sait non plus si un jour il n’aura pas besoin d’une transplantation. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Comment accepter un don d’organes si soi-même on n’est pas prêt à se poser la question.
L’Informateur : En plus d’informer, on devine que ces conférences sont données pour faire prendre conscience des besoins en matière de dons d’organes ?
Professeur Devauchelle : Absolument. Aujourd’hui on est en manque. Mais chacun doit savoir que la communauté internationale cherche à trouver des solutions pour le recours aux dons. Aujourd’hui, il y a 4 500 par an, on aurait besoin de 12 000
L’Informateur : Mais le sujet n’est-il pas encore tabou en France ?
Professeur Devauchelle : La culture, elle, se façonne au fil des messages. La greffe du visage était tabou il y a 5 à 6 ans. Elle ne l’est plus aujourd’hui depuis la première transplantation. On a apporté la preuve que c’est faisable et acceptable. Il n’est pas possible de vivre défiguré mais il y a à progresser aussi dans les esprits. Notamment au niveau de la culture et du culte. Au japon, il y a une énorme réticence de toucher aux corps morts. En France, on a beaucoup progressé.
L’Informateur : Cela veut également dire que l’information passe bien ici ?
Professeur Devauchelle : Les médias ont bien fait leur travail. Cela ne veut pas non plus dire que nous sommes prêts dans nos esprits une fois confrontés à la réalité. Il ne faut pas vivre dans la crainte permanente de la mort ou du besoin d’une greffe, mais cela n’arrive pas qu’aux autres non plus.
L’Informateur : D’où l’intérêt de ces conférences ?
Professeur Devauchelle : Je sais bien que lors de ces conférences, certaines personnes viennent pour me voir et on peut se sentir instrumentalisé. Et c’est pour cela que nous tenons un discours pédagogique. Mais si nous acceptons de faire passer ce message c’est parce le dernier transplanté du visage a attendu 7 mois. Ce n’est pas acceptable. Et heureusement que nous ne sommes pas dans le domaine du cœur, du foie ou du rein.
L’Informateur : Quel est le plus beau retour que vous avez eu lors de ces conférences ?
Professeur Devauchelle : C’est une question difficile ... Certainement lorsqu’une personne qui vient me voir après un exposé me dit 'Ah, j’ai compris'. Vous savez il y a énormément de fantasmes et de méconnaissances du sujet. Sans visage, on ne vit pas. L’autre sentiment important à la fin de ces conférences c’est que jamais quelqu’un n’est ressorti conforté dans sa position de refus de la greffe. On n’est pas là pour commenter mais pour faire prendre conscience."
Propos recueillis par Vincent Bény
http://www.linformateur.com
Conférence sur la greffe du visage par le professeur Bernard Devauchelle le mardi 9 mars à la salle Audiard à Eu à 20 h 30.
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