"Le transport d'urgences médicales requiert une maîtrise de la chaîne logistique parfaite. La moindre erreur de l'un des maillons peut avoir des conséquences vitales pour des malades.
Pour une chaîne logistique médicale, l'objectif est de guérir ou de sauver : 'Nous cherchons à gagner du temps... ou à le rattraper', hésite Marc Lavergne, directeur commercial et qualité de 360° Services, qui transporte 9.000 organes et greffons chaque mois.'Le degré d'urgence varie de trente minutes à une heure trente',dit-il. 'Le traitement de l'urgence nécessite la mise en place d'une organisation dédiée en moins de trente minutes, que ce soit pour 30.000 collectes de sang annuelles, ou pour la distribution aux 40.000 patients',confirme, côté donneurs d'ordre, Jean-Bernard Corby, responsable logistique de l'Etablissement français du sang (ESF) Lorraine et Champagne-Ardenne. 'Pour les greffes, nous sommes alertés à l'avance. Nous ne sommes pas à quinze minutes près mais à l'heure près', assure Alain Atinault,chef du pôle opérationnel de l'Agence de la biomédecine. Les exigences de conservation en vigueur imposent une greffe de coeur au maximum quatre heures après son prélèvement contre huit heures pour les poumons, douze heures pour le foie et quarante-huit heures pour les reins. Chaque nature d'intervention a donc son degré d'urgence.
Les produits sanguins jonglent ainsi entre deux types de flux. Alors que les collectes sont assurées par les équipes internes de l'ESF, leurs distributions requièrent, selon les cas, l'aide de prestataires extérieurs sélectionnés par appels d'offres. A cela s'ajoute parfois des trafics 'exceptionnels' entre les 10 centres nationaux de l'organisme. 'Nous sommes parfois excédentaires et pour éviter de dépasser la date de péremption, nous les expédions vers des sites où la densité de population est plus forte', précise Jean-Bernard Corby.
Une organisation très pointue
Pour les prélèvements et greffes d'organes, dont s'occupe l'Agence de la biomédecine, l'équation se complique puisque 'dans 80 pour cent des cas, les prélèvements se déroulent entre vingt-trois heures et trois heures du matin',explique Alain Atinault. De manière générale, c'est le centre hospitalier qui organise le transport des équipes et de l'organe, en privilégiant le train, le taxi ou en faisant même parfois rouvrir un aéroport en pleine nuit.
Un accident avec un patient entre la vie et la mort et c'est l'une des 100 agences du Samu qui entre en scène. Pour gagner du temps,'les matériels rendent tout type de déplacement possible, quel que soit le mode de transport choisi', indique Michel Baer, responsable médical du Samu des Hauts-de-Seine.
L'urgence médicale répond à une organisation très pointue. Chez 360° Services, des 'régulateurs' gèrent les appels d'une centaine de donneurs d'ordre et mobilisent des capacités adaptées à la course : moto, voiture, véhicule utilitaire, etc. 'Nous bénéficions de facilitation de circulation : gyrophares, sirènes 3 tons, escorte policière ou de gendarmerie',détaille Marc Lavergne.
Lorsque le transporteur ne possède pas les bons moyens en interne, il sous-traite. Ainsi 'les transports de collagène ou de carboglaçe sont soumis à des obligations de conservation sous température dirigée. Pour ce type de produit, nous faisons appel à des confrères spécialisés', précise Patrice Kaps, pharmacien et responsable grands comptes Europe de Wincanton présent sur le marché de la chirurgie esthétique, ophtalmique et neurologique à hauteur de 1.000 implants mensuels.
Pour des délais d'acheminement les plus rapides, la voie aérienne peut prendre le relais, 'nos agents de régulation dispatchent nos 18 hélicoptères vers 17 sites en France lors d'urgences comme les accidents de la route ou les incidents cardio-vasculaires à domicile', indique Louis Agnel, responsable des opérations d'Hélicap. Malgré tout, l'hélicoptère est limité aux établissements pourvus de pistes d'atterrissage. En pratique, il s'adapte aisément à des distances de 30 à 40 kilomètres, mais pas au-delà. Aujourd'hui, les donneurs d'ordre utilisent les compagnies aériennes traditionnelles, qui offrent davantage de disponibilités depuis la crise financière : 'Il est plus facile de trouver de la place à bord des avions car les voyages d'affaires ont considérablement chuté',constate Alain Atinault. Le dernier mode de transport fréquemment utilisé reste le train. Seul hic : l'absence de liaisons la nuit et l'impossibilité d'affréter un train ou d'ouvrir une gare au pied levé."
DIANE-ISABELLE LAUTREDOU, Les Echos
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