Réunion : "Être insuffisant rénal, c’est avoir une vie à part"

"En 20 ans, le nombre d’insuffisants rénaux a triplé à la Réunion. À l’occasion de la semaine du rein, différentes manifestations sont organisées dans l’île pour sensibiliser les malades qui s’ignorent. De la dialyse à la greffe, Hugues Hoareau, 54 ans, nous racontre son parcours d’insuffisant rénal."

"C’est à l’âge de 33 ans que j’ai appris ma maladie, grâce à la médecine du travail. Mais je ne me suis pas plus inquiété que ça. À l’époque, je réalisais quotidiennement 10 km de course. C’est ma femme, infirmière, qui m’a fait prendre conscience du risque que j’encourais. Je suis donc allé voir un néphrologue. Il a confirmé que j’étais atteint d’insuffisance rénale à cause de la maladie de Berger qui a déterioré mon greffon. Mon hypertension n’a rien arrangé. Je me suis tout d’abord rendu en métropole pour voir un spécialiste. Il m’a traité pendant deux ans à la cortisone. J’ai tout fait pour retarder la dialyse car je me souvenais combien mon père en avait souffert. Être insuffisant rénal, c’est avoir une vie à part. On doit avoir une hygiène de vie très stricte. Chaque jour, on doit peser nos aliments et éviter tout ce qui peut apporter de l’urée. On finit par refuser les invitations des uns et des autres. Ce qui nous oblige à nous refermer sur nous et la famille en pâtit. Finalement, j’ai dû me résoudre à la dialyse à l’âge de 43 ans. Mon sang était véritablement intoxiqué. Si la créatinine maximale pour un hommme se situe entre 80 et 110, la mienne atteignait plus de 2000. À raison de trois séances par semaine, la dialyse dure quatre heures. Mais je ne parlais pas de mon insuffisance rénale à la maison pour me protéger, mais aussi pour protéger ma famille."

"J’AI PERDU MON TRAVAIL À CAUSE DE LA DIALYSE"

"Je voulais profiter de la vie, mener le plus possible une vie normale. Le problème, c’est que la maladie se rappelle à nous tout le temps. On doit par exemple toujours faire attention à garder un poids constant et donc à limiter les quantités d’eau absorbées. Avec la chaleur de la Réunion, c’est très compliqué. Et puis, j’ai perdu mon travail à cause de mes absences répétées pour la dialyse. La dialyse a duré deux ans avant que je ne reçoive un coup de fil pour être transplanté. Le premier appel n’a pas abouti. J’étais troisième sur la liste d’attente. La deuxième fois, c’est mon fils qui m’a prévenu. Il m’a dit : 'Papa, qu’est-ce que tu veux pour Noël ?' avant de me dire que j’étais le numéro un sur la liste d’attente. Ils m’ont contacté le 17 décembre 1999 pour la greffe et le 31 décembre, à minuit, je suis rentré chez moi. J’ai très vite repris une vie normale même si je suis toujours en invalidité. J’ai fait trois fois le grand raid depuis l’opération. J’étais le 49e transplanté de la Réunion. Et aujourd’hui, je me bats, en tant que président de la section locale de la fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (FNAIR) pour le don d’organe et pour faire prendre conscience aux gens de cette maladie. Car il y a encore beaucoup de gens qui ignorent en souffir."

Propos recueillis par M.P.

"Les manifestations pour la semaine du rein Marche pour le don d’organes" :

"Une marche pour le don d’organes sera organisée en partenariat avec le Lion’s Club Saint-Denis Réunion ce dimanche 4 à partir de 8heures au parc de la Trinité à Saint-Denis. Journées de dépistage : des journées de dépistage anonyme et gratuit à la bandelette urinaire se feront dans le hall d’entrée de la clinique Sainte-Clotilde le mardi 6 octobre de 8 à 17heures, dans le service de néphrologie du GHSR de Saint-Pierre le vendredi 9 octobre de 9 à 16heures et dans les laboratoires participant à l’opération"
(voir site Internet : www.semainedurein.fr/htm/le_depistage.htm)

Source :
http://www.clicanoo.com