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"Notre mission est plus grande que nous !"

DON D'ORGANES. Sylvie Testelin a suppléé lundi le professeur Bernard Devauchelle, retenu. L'invitée de l'Adot est revenue sur son exploit, la première greffe partielle d'un visage. Récit.


"Notre mission est plus grande que nous !"

"Au commencement il y eut Icare, 'avec des ailes collées par de la cire, il voulut voler au-devant du soleil', a rappelé en introduction Michel Gourinchas, lundi, à La Salamandre. Au cours de cette soirée consacrée au don d'organes, il y eut ensuite un exposé passionnant de Sylvie Testelin, la plus proche collaboratrice du professeur Bernard Devauchelle, spécialiste de 'la greffe éthique'. Il y eut enfin un rêve d'Icare partagé par tout l'auditoire, et particulièrement par la Charentaise Marie-Claude Paulet, présidente de l'Adot France, celui de donner plus...

'Ce ne sera pas du Devauchelle dans le texte', s'excuse la brillante professeur de chirurgie maxillo-faciale, Sylvie Testelin. L'homme avec qui elle a offert un nouveau visage à Isabelle Dinoire, en septembre 2005, est convoqué au ministère de la Recherche. 'Il finalise ce qui sera bientôt L'Institut Faire face, un projet européen dédié à la défiguration, une sorte de facilitateur de réseau, qui mêlera les différentes spécialités médicales et dont un volet s'attachera à la communication et l'information offerte au grand public', expliquera sa consoeur du CHU d'Amiens.

'Un duo de fous'

'Tout ce que je sais, je le lui dois', s'illumine la fière suppléante. Début de l'aventure. L'équipe est composée d'un trio de sages, les professeurs Dubernard, Devauchelle et Lengelé. Un trio dans lequel s'imbrique un 'duo de fous', 'le professeur Devauchelle et moi-même'. La passionnée s'apprête à raconter comment l'homme a redonné vie à l'homme en lui offrant un nouveau visage.

À l'exposé scientifique, aussi impressionnant que captivant, s'ajoute une large réflexion sur les questions humaines, éthiques et philosophiques. 'On ne peut pas vivre sans visage', avait confié Isabelle Dinoire à l'équipe médicale. Qu'en pensez-vous ? Peut-on vivre sans visage ? 'Non', confirme le médecin. Mais il y a plus compliqué, qu'entend-on par 'visage' ? 'Ce n'est pas un masque, insiste le chirurgien. Une figure est une impression, une face est une expression. Or, il n'était pas question de greffer une figure, un masque ; il fallait que ce soit une expression...'

'Nous n'étions pas forts'

'Alors qu'est-ce qu'on se dit dans ces moments-là ?, interpelle la collaboratrice de Bernard Devauchelle. On se dit : on est forts. Mais on n'était pas forts. On n'avait aucune idée de ce que l'on faisait...'

Mais la patiente Isabelle Dinoire ne pouvait pas vivre sans visage. L'équipe médicale s'était 'battue contre l'administration' et avait obtenu l'aval de l'agence de biomédecine. Mais encore fallait-il savoir si elle, Isabelle Dinoire, était vraiment prête. 'Elle devait absolument rester la seule à décider. Avant de descendre au bloc, on lui redemandera de signer son consentement', insiste celle qui veillait alors au respect du corps du donneur, à Lille.

Trente-neuf heures plus tard, tout est fini du côté du bloc opératoire. C'est le début d'une nouvelle vie. Et d'une nouvelle envie de sauver des vies pour Sylvie Testelin : 'On peut se poser énormément de questions sur le sujet, mais aujourd'hui Isabelle va bien et nous, à Amiens, on attend un donneur depuis le 1er avril et on n'en peut plus, alors imaginez le patient...'

Redonner la vie. Ce mélange de générosité humaine et de détermination scientifique s'est déjà produit neuf fois dans le monde, rien que grâce aux transplantations faciales. Receveur de deux mains et avant-bras, Denis Chatelier (lire par ailleurs) fêtera ses dix ans de 'renaissance' en janvier 2010. Au premier rang, deux courageux parents ont expliqué comment le don des organes de leur fils de 18 ans, décédé dans un accident de moto l'été dernier, avait déjà permis de 'sauver sept vies'.

Remplir le formulaire pour recevoir sa carte de donneur prend moins d'une minute. Quelques traits d'encre sur un bout de papier pour pouvoir conter mille autres belles aventures."

Deux numéros pour contacter l'ADOT 16 : 09 77 86 15 53 et 05 45 92 75 12. Possibilité de demander sa carte en ligne : www.france-adot.org

Source :
http://www.sudouest.com

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